La scène techno marseillaise attend chaque année l’Utopia Festival (26-27 sept.). Rencontre avec son cofondateur (également aux manettes du Cabaret Aléatoire), Aurélien Deloup, et du DA parmi les plus cotés de la région PACA, Stéphane Lamalle.
Depuis sa création en 2019, l’image d’Utopia Festival est conçue par Stéphane Lamalle (DA emblématique aux multiples facettes : Robert Hood, Borealis, Techno Parade, IAM…). Votre ADN ?
Stéphane Lamalle : Cette année, la communication a été de mettre en lumière les monuments à forte symbolique à Marseille, en les habillant de notre bannière et de notre logo. On voulait une comm’ moins élitiste, plus ancrée dans la ville, parce qu’Utopia, c’est Marseille. On les a habillés à la Christo, faké à partir de l’IA et en mixant avec des techniques traditionnelles, de manière à créer quelque chose de poétique.
Aurélien Deloup : Installé à la Friche Belle de Mai, c’est une utopie techno.
Votre programmation ?
A.D. : L’idée est d’associer artistes qui ont marqué les musiques électroniques et l’émergence ou les nouvelles tendances. La moitié de la prod est également constituée par des artistes de la scène locale. Aussi, côté pontes et résidents du Berghain, il y aura Mark Broom, Nastia Paganini… Également de la techno mélodique avec 8Kays. Le festival est pensé pour être une expérience poussant à la découverte, non un tunnel rythmé au même bpm. Il y aura également une nouvelle scène, full live, avec notamment Aziz Konkrite, qui mélange instruments traditionnels, musique électronique, vidéo. Ou le duo belge et queer, Promis3 – pop et l’électro, proche d’Ascendant Vierge… Et Cora Novoa présente un live à la frontière entre art et technologie.
Les artistes à ne pas manquer ?
S.L : Clairement Woo York, deux Ukrainiens du label Afterlife. Une techno deep, mentale. Ils y seront le samedi, sur la scène principale. Après Traumer…
A.D. : Tu as bon goût ! J’ajouterai Sam Paganini en closing, toujours un showman. Également, Bad Boombox – remixeur dingue qui s’est fait connaître sur Tik Tok, et veut mettre du fun dans la tech’ – et Miss Bashful x DBBD – une showgirl performeuse avec un grand producteur !
Avant le festival, vous organisez chaque année des soirées « Prélude Utopia ». L’été 2025 ?
A.D. : Deux dates seront au Sky Rooftop à Marseille – une en juillet, une en août – : apéro, coucher de soleil et techno pour 250 personnes. Et pour la première fois, on organise des collabs Utopia en dehors de Marseille, avec une soirée au Dieze Warehouse de Montpellier, une au Magma à Alicante, et une au Rex Club, le 11 septembre en collab avec le collectif Organïk. Le 26 juillet, il y aura également la soirée Jack in The Box, pensée avec Jack de Marseille. Un rendez-vous à part et respecté. Très pointues, ce sont des soirées en deux parties : le toit-terrasse de la Friche en début de soirée, puis le Cabaret Aléatoire jusqu’à six heures du mat’.
Le Dock des Suds vient de fermer à Marseille. Comment dynamiser le secteur des musiques électroniques ?
A.D. : En amont du festival, on organise cette année une rencontre pro pour rassembler les acteurs des musiques électroniques autour du thème de la reconnaissance de nos métiers, mais aussi autour de la question de la santé et des protocoles de prévention VHSS (violences et harcèlement sexistes et sexuels, ndlr). Le Cabaret Aléatoire est assez seul à Marseille. On est par ailleurs l’unique SMAC (label officialisant une institution culturelle dédiée aux musiques actuelles, ndlr) dédiée aux musiques électroniques, et la seule qui n’a que 20 % de financement public au lieu des 50 % donnés aux autres. On veut développer cette scène comme à Lyon ou à Paris. Je pense que notre public et le nombre d’acteurs est sous-estimé par les pouvoirs publics. L’avenir est devant nous.
Par Alexis Lacourte
Photo Max Malnuit