GLEN POWELL : « FILMÉ À TOUT BOUT DE CHAMP ! »

GLEN POWELL technikart

Dans Running Man, énorme blockbuster de science-fiction signé Edgar Wright, le Texan Glen Powell est poursuivi par le monde entier qui veut sa peau. Avec la star montante d’Hollywood, on a parlé de son ami et mentor Tom Cruise, de masculinité et de sauce barbecue.

C’est la sensation du moment, l’acteur hot à qui Hollywood propose ses projets les plus cools. Ainsi, on l’annonce dans la prochaine production de JJ Abrams, Ghostwriter, le remake de Deux Flics à Miami, en duo avec Michael B. Jordan, une comédie avec Judd Apatow sur une star de la country, un film de pompiers avec Ron Howard, The Natural Order, un film avec Margaret Qualley… Bref, avec sa belle belle gueule et son sourire ravageur, le Texan Glen Powell, 37 ans, également à l’affiche de la série télé Chad Powers, semble parti pour durer avec un planning déjà bien rempli pour la décennie à venir.

À l’affiche d’une soixantaine de films et séries, Glen Powell tourne depuis une vingtaine d’années, et sa carrière a pris envol avec Top Gun : Maverick (2022) où il donnait la réplique à Tom Cruise, devenu son ami et mentor, et révélait au monde ébahi des abdos d’acier. On l’a vu également dans plusieurs films de Richard Linklater, dont l’excellent Hit Man, ou la superproduction Twisters. En promo pour Running Man, réalisé par le Britannique Edgar Wright (Baby Driver, Last Night in Soho) qui va faire de lui une énorme star, Powell se marre constamment. Inspiré d’un roman de Stephen King, déjà adapté en 1987 avec Arnold Schwarzenegger, le film est une énorme chasse à l’homme. Nous sommes dans un futur proche, et « Running Man » est l’émission numéro un à la télé : un jeu de survie impitoyable où des candidats, appelés les Runners, doivent échapper pendant trente jours à des tueurs professionnels, sous l’œil avide d’un public captivé. Powell incarne Ben Richards, ouvrier désespéré qui accepte de participer à ce show mortel pour sauver sa fille gravement malade. Casquette à l’envers, t-shirt noir, Glen Powell est cool, drôle et avenant.

Donc vous êtes le nouvel Arnold Schwarzenegger ?
Glen Powell : Non, il n’y a et il n’y aura qu’un seul Arnold, il est unique, mec.

C’est vrai que vous l’avez contacté avant le tournage de Running Man ?
Absolument. Son fils, Patrick Schwarzenegger, est un de mes meilleurs amis et j’avais bossé avec Arnold il y a quelques années sur Expendables 3 (2014). On s’était vraiment éclatés sur le tournage, c’est un mec génial. Arnold a joué tellement de rôles iconiques dans des films incroyables, donc il était hors de question que je marche sur ses orteils ou que je le copie. Notre film est très différent de celui d’Arnold et lui n’aurait pas pu être plus cool vis-à-vis de notre film. Il nous a donnés sa bénédiction, il nous a aidés, et m’a raconté plein d’anecdotes sur le film original. Il a vraiment un bon esprit et c’est un mec bien. C’est Arnold, mec !

Que pensez-vous de l’original de Paul Michael Glaser ?
J’adore ce film, comme tout le monde, c’est tellement fun et pop. Les années 1980, c’était vraiment l’éclate ! Mais je n’envisage pas notre film comme un remake de The Running Man. Le film d’Arnold se déroule la plupart du temps dans un studio télé, le nôtre est plus un road movie, mon personnage est projeté au cœur du monde réel, avec toutes ses menaces, où vous êtes filmé à tout bout de champ, tout le monde peut vous traquer, vous dénoncer ou vous tuer. Il y a également un groupe de chasseurs qui me traque… Je pense également que nous sommes beaucoup plus fidèles au bouquin de Stephen King (publié sous le pseudo de Richard Bachman, ndlr). Et c’est tout bénéfice pour nous car King avait vraiment saisi ce qui se passait à l’époque avec la télé ou la lutte des classes. Ce qui est étrange, c’est que le roman se déroule en 2025. Tout était prophétique, mais maintenant, nous y sommes, Stephen King avait vraiment imaginé le futur.

The Running Man
THE REVOLUTION WILL BE TELEVISED_
La version 2025 de Running Man reprend le côté satirique du roman de Stephen King, avec une attaque en règle contre la télé et ses dérives, avec Colman Domingo, impayable en présentateur hystérique.


Avez-vous entendu parler du film de SF français
Le Prix du danger, datant de 1983 ? The Running Man s’en inspirait beaucoup et il y avait même eu un procès, que le réalisateur Yves Boisset avait gagné contre la Fox.
Non, pas du tout. Attendez, je regarde ça tout de suite (il prend son téléphone, ndlr). Mince, ça a l’air vraiment marrant, j’ai trop envie de le regarder maintenant !

Vous êtes de toutes les scènes de cette superproduction. Avez-vous ressenti la pression ?
Non. Mais je savais qu’il allait falloir que je sois très discipliné dans une entreprise d’une telle amplitude. Je savais que je devrais mettre mon corps à rude épreuve, que ce serait dur mentalement aussi. Mais tu sais, tout le monde dans ce business a envie de bosser avec Edgar Wright, c’est un de nos grands réalisateurs. Il a constitué une équipe tellement talentueuse, j’avais autour de moi des artistes et des techniciens tellement bons que je n’ai pas tout porté sur mes épaules.

C’est vrai que vous connaissez Edgar Wright depuis longtemps. Il vous a découvert dans Top Gun : Maverick et vous êtes devenus amis.
C’est absolument vrai. Avant la sortie de Top Gun, Tom Cruise et le producteur Jerry Bruckheimer ont montré un pré-montage du film à Edgar. Le lendemain, il s’est mis à me suivre sur Twitter. Edgar est un des mes réalisateurs préférés depuis Shaun of the Dead. Quand j’ai vu qu’il me suivait sur Twitter, je me suis dit « putain de merde, c’est trop cool » (il hurle de rire). Je lui envoyé un message lui disant que j’allais bientôt venir à Londres, que l’on pourrait se rencontrer pour prendre un verre et il a accepté. On a picolé et on est allé voir une projection de Get Carter, avec Michael Caine, au BFI. Quelques jours plus tard, on s’est retrouvés au soixantième anniversaire de Tom Cruise. Depuis, on est devenu potes, on a plein de copains en commun. Mais tu sais, c’est pas parce que tu es pote avec un réalisateur que tu vas obligatoirement avoir le job !

Running Man est un énorme film d’action. Est-ce que vous le voyez également comme un film politique, avec un commentaire sur l’Amérique contemporaine ou la télé réalité ?
Bien sûr ! On voit bien dans le roman que King n’était pas vraiment d’accord avec ce qui se passait aux États-Unis, notamment sur la question du pouvoir. Il faisait un commentaire social sur la classe ouvrière, l’oppression. Je veux que les spectateurs s’éclatent devant notre film et l’interprètent à leur guise, mais ils vont découvrir pas mal de similitudes entre ce que King imaginait en 1982 et notre présent.

Vous avez tourné à Glasgow et en Bulgarie ?
Oui, et aussi à Londres. Une des choses que j’ai vraiment apprécié avec Edgar, c’est qu’il s’engage totalement. Il n’y avait pas de fond vert, il a tout fait construire, les décors étaient en dur. Il ne s’appuie pas sur les effets spéciaux pour les cascades ou pour les décors. Tout se déroule devant la caméra, il n’y a pas de doublures numériques, c’est fait à l’ancienne et pas digitalement par un informaticien sur son ordinateur. Et je suis certain que ça ne produit pas le même effet sur le spectateur. J’ai adoré cela !

C’est vrai que Tom Cruise vous a déclaré « quand tu te fais frapper à l’écran, tu te fais VRAIMENT frapper »?
Absolument ! Personne n’est investi dans le cinéma d’action comme Tom et quand il s’agit d’impliquer le spectateur, c’est lui le meilleur. Il va faire tout ce qu’il faut pour distraire le public dans le monde entier, vraiment tout ce qu’il faut, il est complètement dédié à son art. Il m’a conseillé de m’endurcir, d’apprendre à encaisser les coups. Car tu sais, lors d’une bagarre, même chorégraphiée, tu te prends parfois de bonnes droites. Il est évident que si tu tournes une grosse baston, tu vas te prendre des coups. Il faut le savoir. Tu prends des coups et ça fait mal quand tu tombes !

Le film aurait-il pu s’intituler « The Bleeding Man » (L’homme qui saigne) ?
Ouais. J’en ai bavé. Et mon personnage en bave également. Le monde entier est à ses trousses et il mange pas mal de coups.

Comment vous êtes-vous entraîné ?
Tu apprends la chorégraphie par cœur, tu répètes, tu bosses avec les cascadeurs. Mais dans ce business, il faut s’attendre à l’inattendu. Au dernier moment, la chorégraphie change, et il faut y aller. C’était un tournage vraiment intense, car c’est l’histoire d’un homme qui est poursuivi par la planète entière. Et si tu veux que les spectateurs ressentent ce danger, cette intensité, il faut vraiment te donner à fond.

Vous n’arrêtez pas de courir dans le film, presque aussi bien que Tom Cruise.
Personne, et je dis bien personne ne court et ne parviendra à courir comme Tom (rires). J’ai parlé à plusieurs coachs de course. Il y a deux choses à intégrer. Tu dois courir vite et ça doit être beau à l’image, et ces deux choses sont très différentes. Il y a une technique pour que ta course soit cool et stylé. Et il faut faire gaffe car je ne cours pas sur une piste d’athlétisme mais sur des terrains accidentés, mouillés. Il faut donc adapter ta course. Et tous mes coachs me l’ont assuré, il n’y a qu’un acteur qui sait parfaitement courir devant une caméra et c’est Tom !

The Running Man
L’ÉTOFFE DU HÉROS_
Loin des acteurs aux physiques androgynes comme Timothée Chalamet, Glen Powell aperçu dans The Dark Knight ou Expendables 3, ressuscite le héros US à l’ancienne, à la Tom Cruise ou Harrison Ford.


Combien de temps a duré le tournage ?
D’octobre à mars, on a tourné 95 jours si je me souviens bien. C’était très long.

Vous avez comme partenaire le grand Josh Brolin.
C’est un de mes acteurs préférés. Il est dans ce business depuis toujours et je suis parvenu à le convaincre de jouer dans le film. Lui donner la réplique est un privilège, ce qu’il fait est tellement énorme. En plus d’être ultra-talentueux, il ne se prend pas au sérieux, il est gentil, respectueux. Et maintenant, c’est mon ami.

« L’AUTHENTICITÉ ET LA VULNÉRABILITÉ DEVIENNENT LES NOUVEAUX GRANDS SIGNES DE LA MASCULINITÉ. »

 

Vous avez fait la couverture de GQ, où vous détournez les codes de la masculinité avec un corps monstrueux, hypertrophié.
C’est une époque intéressante où l’on peut s’interroger la masculinité, qui est de moins en moins définie. On n’a plus besoin de réfléchir de façon binaire, pour moi, la masculinité, c’est l’authenticité. La meilleure version de toi-même, et la vulnérabilité deviennent les nouveaux grands signes de la masculinité. En tout cas, on s’est vraiment marré à faire cette couverture avec mon faux corps en latex…

Sur votre Instagram, vous parlez de moutarde de Dijon et de mayonnaise. C’est quoi Smash Kitchen ?
(Il éclate de rire) Comment tu connais ça, toi ? Je suis Texan et au Texas, on aime les sauces. J’adore cuisiner, faire de gros barbecues le dimanche avec la famille et les amis. Je me suis aperçu qu’il avait des additifs dégueulasses dans les sauces barbecue, la mayonnaise ou le ketchup. Avec un ami, on a monté notre compagnie, Smash Kitchen, des sauces bios pour que les gens arrêtent d’ingérer des substances toxiques, avec des produits qui ont bon goût et à un prix équitable. Je suis très fier et très content de la réponse des consommateurs. Je vais t’en envoyer !


Par Marc Godin