Du mannequinat aux premiers rôles, Éloïse Rey, 23 ans, a été révélée dans la série Ouija, portée par un véritable désir de cinéma et un goût assumé pour les influences seventies. Rencontre.
Tu as grandi à Avignon, où tu commences ta carrière de mannequin avant de t’installer à Paris et de découvrir le cinéma.
Éloïse Rey : J’aime de tout mon cœur la région où j’ai grandi, mais à un certain âge, j’ai eu envie de voir autre chose, de sortir de mon décor. À 18 ans, j’ai eu l’occasion de travailler à Paris grâce au mannequinat, et c’est là que j’ai rencontré mon agente. Grâce à elle, j’ai découvert l’univers des plateaux et leur effervescence.
À la suite de quoi tu t’es inscrite au studio Pygmalion ?
Oui, j’y suis restée trois ans, en tournant en parallèle. N’ayant aucun modèle dans le métier, j’ai vite compris qu’il fallait me former sérieusement. Le Studio Pygmalion m’a permis d’approfondir mon jeu, de comprendre le travail de plateau. Six mois après le début de la formation, j’ai décroché mon premier vrai rôle.
Dans la série France 3, Ouija, un été meurtrier…
Oui, ça a été une expérience incroyablement formatrice, parce que mes jours de tournage se sont étalés sur plus de quarante jours. J’ai tout appris sur ce set, une vraie confirmation. C’était intense, nous devions jouer des ados au beau milieu d’un été radieux alors qu’il faisait à peine huit degrés… Et puis, étant donné qu’il s’agit d’une série plus ou moins d’horreur, une grande majorité des scènes étaient tournées de nuit. C’était tellement exigeant, d’ailleurs, que j’ai abordé les tournages suivants avant plus de sérénité.
Dans Surface, la série de Slimane-Baptiste Berhoun, tu donnes la réplique à Laura Smet dans le rôle de Justine, une jeune femme en pleine reconstruction. Comment as-tu abordé ce personnage ?
J’adore Justine parce qu’elle est pleine de relief, elle porte une vraie profondeur par sa fragilité et son courage. Rendre hommage aux personnages un peu abîmés, c’est logique pour moi, ils me touchent et me permettent d’aller chercher des émotions sincères qui sont presque des exutoires. J’ai aussi la chance de travailler avec un coach, qui est un peu comme un psy du personnage, il m’aide à comprendre son histoire, à reconstruire son passé, à imaginer son futur à partir du scénario présent.
La reconstruction du personnage passe aussi par l’équitation. Tu as suivi une formation particulière ?
On m’a envoyée dans le Sud pour rencontrer des éleveurs de chevaux. On ne s’en rend pas compte, être en contact d’un cheval, ça fait vraiment redescendre la pression. En plus, j’ai fait de l’équitation toute mon enfance, donc c’était un vrai bonheur de se reconnecter à cet environnement. Depuis, dès que je redescends dans le Sud voir ma famille, je monte de nouveau à cheval.
On t’a vue à Angoulême pour présenter Surface, où ton style rétro a attiré l’attention sur les réseaux sociaux. Quel est ton rapport à la
mode ?
Les vêtements, c’est moyen d’expression, certes, mais aussi de pouvoir. J’aime beaucoup le côté puissant et décalé que Maison Margiela réalise à merveille ou encore le mélange subtil entre féminin, masculin et vintage chez Celine. Mais oui, c’est sûr que j’ai une vraie passion pour les matières et les textures qui touchent aux années 1970. Il faut dire que je suis nostalgique d’une époque dans laquelle je n’ai pas vécu. D’ailleurs, j’adorerais jouer dans un film qui se déroule dans les seventies avec un stylisme sur mesure.
En tant qu’actrice qui débute, c’est important d’être présente sur les réseaux sociaux ?
Les réseaux peuvent offrir de la visibilité. Je viens aussi du mannequinat, donc forcément, le nombre d’abonnés compte un peu. Mais en tant qu’actrice, je ne pense pas que ce soit indispensable, ce n’est pas ce qui te donne ta légitimité. À l’écran, on montre déjà tellement de soi, que ce soit son corps, sa voix ou ses émotions, même si c’est à travers un personnage, que j’ai besoin de préserver une forme de distance vis-à-vis de cela. Aujourd’hui, j’utilise surtout les réseaux comme un outil professionnel, mais je préserve mon intimité.
Et la suite ?
Je tourne en ce moment dans Campus Drivers, une série adaptée des romans à succès de C.S. Quill. L’équipe et le casting sont vraiment super, j’ai hâte que le public puisse la découvrir…
Par Max Malnuit & Léa Forestier
Photo Yves Bottalico
CHEMISE AGNÈS B



