FERNANDO AUGUSTO PACHECO : « MAIS OÙ EST LA POP »

Fernando Augusto Pacheco pop

Le Monsieur Médias du chicissime Monocle est également un grand fan de pop (en plus de son podcast dédié à l’actu des magazines, The Stack, il anime un autre sur la musique, The Global Countdown). Interview presse et pop.

Tu as grandi au Brésil. Quelles étaient tes lectures adolescentes ?
Fernando Augusto Pacheco : Tout a commencé de façon très geek. Il y avait le magazine brésilien Superinteressante, qui couvrait la science et les sujets culturels, puis Herói, qui avait pour thème les super héros et les anime japonais. Mais la presse internationale me fascinait déjà : Empire magazine, Vogue Paris époque Carine Roitfeld (j’adorais le style du mag, à la fois audacieux et sexy). C’est à ce moment-là que j’ai basculé d’intérêts geek à des goûts plus tournés vers la mode.

À quel moment la musique pop est-elle devenue un sujet sérieux pour toi ?
Dans les années 1990. Mon grand-frère était un fan d’Eurodance. J’ai donc grandi en écoutant des artistes comme Corona, Snap! et autres ! Mais ma grande obsession pop, c’est Madonna, découverte au cinéma en allant voir Evita avec ma mère et ma grand-mère. Puis, quand elle a sorti Ray of Light, ça a été le coup de foudre définitif.

Comment as-tu fait le lien entre les magazines et la pop ?
Au moment où je me dirigeais vers le monde de la mode, The Face à été un magazine clé. J’achetais aussi des magazines musicaux, comme Bizz, qui se focalisait sur le rock et la musique indie. Je me demandais alors souvent : « Mais où est la pop ?! ».

Après tes études au London College of Communication, quel a été ton parcours ?
Pendant ma première année à l’université, j’ai fait un stage chez Monocle. J’ai aussi acquis de l’expérience chez Esquire UK, puis chez Fantastic Man. Je suis vraiment tombé sous le charme de ce magazine, de leur approche unique et des sujets qu’ils abordaient. J’ai contacté Gert Jonkers et Jop van Bennekom, les rédacteurs en chef. Ils m’ont répondu et j’ai déménagé à Amsterdam pour un stage. Une période exceptionnelle.

Et Monocle ?
En 2011, Monocle a lancé sa radio. Andrew [Tuck] et Tyler [Brûlé] (les rédacteurs en chef, ndlr) m’ont contacté pour que je vienne travailler sur ce nouveau projet. J’ai commencé sans grande expérience radiophonique, mais j’étais familier de la marque Monocle. J’y suis resté depuis, occupant différents postes au fil du temps : beaucoup de médias, de radio, de podcasts. J’ai commencé à chercher des invités pour The Stack, l’émission que j’anime désormais, consacrée à la promotion de médias print.

Et quels titres lis-tu chaque jour ?
Je commence dès le matin. J’adore les supports physiques, la sensation des journaux et des magazines entre mes mains. Malheureusement, pour les journaux brésiliens, je dois les lire en ligne, car c’est la seule option disponible.

Nous regardions dernièrement le numéro anniversaire de Fantastic Man, qui couvre 20 ans du mag’. Comment un magazine réussit-il à traverser les âges ?
Je ne suis pas un grand expert, mais je pense que c’est similaire à ce que nous faisons chez Monocle, où la constance nous a permis de tenir le coup. Les magazines doivent innover et évoluer, mais pas radicalement. Il est essentiel de conserver une base de fans fidèles. Par exemple, Monocle a récemment lancé un nouveau site web, mais le papier reste essentiel pour nous. Je m’inquiète lorsque les magazines oublient que certains lecteurs sont encore prêts à payer pour une édition papier. Au lieu de cela, ils vous incitent à « lire en ligne ». Okay, mais… si on préfère le papier, on fait comment ?

Des médias japonais que tu suis ?
Popeye est emblématique, et j’ai toujours rêvé de le présenter dans The Stack. J’aime aussi beaucoup Casa Brutus et Transit, un magazine de voyage. Ils explorent une destination différente dans chaque numéro.

Et pour les podcasts ?
J’adore Puck. Ils traitent des médias, de la mode, de la politique… Et chez Monocle, j’anime une émission intitulée The Global Countdown, où chaque semaine je passe en revue les cinq meilleures chansons d’un pays différent. Les Français sont peut-être branchés hip-hop, la Mongolie est peut-être à fond sur le R&B, et en Ouzbékistan, on trouve beaucoup de musique électronique. C’est amusant. Le monde est tellement global, mais les goûts musicaux en disent long sur un pays. Il y a toujours un imprévu.

As-tu une autre routine de lecture en vacances ?
J’ai pour habitude de commander le journal local. Malheureusement, beaucoup d’hôtels ne proposent plus ce service. Mais je continue à demander, juste pour faire passer le message.


Par Violaine Epitalon & Laurence Rémila