SÉBASTIEN D’ORNANO (YOMONI) : « L’ÉPARGNE ? UN TRUC DE JEUNES ! »

SÉBASTIEN D’ORNANO (YOMONI) Technikart

Yomoni ? La plateforme d’épargne long-terme (« moins coûteuse et plus efficace » dit son fondateur), créée en 2015, vient de se faire remarquer avec sa campagne de pub starring Polnareff (« S’il avait mieux épargné, il n’aurait pas à faire la pub de nos solutions d’épargne »). Explications. 

Vous avez fondé Yomoni en 2015. Elle a immédiatement rencontré un grand succès. En consiste votre plateforme dans les grandes lignes ?
L’objectif de Yomoni est de proposer des solutions d’épargne en ligne qui soient les plus efficaces et les plus simples possible, en enlevant la complexité, l’opacité et les frais. L’objectif était de ramener en France un modèle qui existe déjà dans le monde anglo-saxon et qui est de pouvoir vous conseiller aussi bien en physique que dans une version en ligne sur ce que vous devriez faire avec votre épargne notamment sur le côté fiscal puisqu’en France, c’est un sujet complexe. Nous conseillons également sur le produit en lui-même et les niveaux de risques. C’est ce qu’on fait depuis maintenant 8 ans sur la plateforme : rechercher de la performance pour votre épargne de la manière la plus simple et transparente possible. 

Quelle a été l’inspiration derrière la création de Yomoni ? 
Il y a deux choses. Cela fait maintenant 20 ans que je travaille dans l’épargne, domaine que j’ai beaucoup vu évoluer avec toujours une frustration de me dire que pour l’épargnant, il est compliqué de choisir ou de faire confiance à un tiers pour investir son argent. D’abord, c’est de l’argent que vous avez gagné avec la sueur de votre front, donc c’est quelque chose d’important. Ensuite, c’est ce qui va vous permettre de réaliser des projets futurs ou simplement de vous protéger et anticiper l’avenir. Ces deux vecteurs-là sont des choses fondamentales et vous êtes rarement bien accompagnés. Cela a été la première chose qui m’a motivé en me demandant comment aider l’épargnant Français à avoir un meilleur conseil et une épargne qui lui rapporte vraiment. Jusqu’à ce jour, l’épargne financière rapportait peu aux Français. Le deuxième point a été de m’appuyer sur le modèle anglo-saxon où plusieurs offres ont émergé. Aux États-Unis, au début des années 2010, puis en 2012 en Angleterre, ils proposaient grâce à des sites internet, des produits de gestion indicielle, c’est-a-dire qui suivent les indices boursiers, une offre extrêmement simple et transparente, performante au plus grand nombre, sans limite basse d’investissement et qui commençaient à fonctionner très bien et rencontraient une vive adhésion. Ma conviction a été de me dire que j’ai une solution qui était intéressante, qu’il existe un problème chez les épargnants Français qui n’ont pas accès à ce type de solution, donc à moi de la proposer et de la monter.

Vous avez une belle expérience chez Deloitte, où vous êtes resté pendant 5 ans puis 12 ans chez Financière de l’Echiquier. Comment trouves-ton le courage de se lancer à son compte après cette sorte de « sécurité » ? 
Le fait qu’on ait qu’une vie et que je n’ai pas envie de m’ennuyer. J’ai fait 5 belles années dans le conseil qui est une belle école d’apprentissage et puis j’ai continué pendant 12 ans aux côtés d’entrepreneurs, qui avaient monté la Financière de l’Échiquier et qui l’ont développé, j’ai pris le virus. Je me suis demandé quel sens je voulais donner à la suite de ma carrière professionnelle. Soit je continuais comme ça, de manière très confortable et je risquais de passer des journées un peu longues au fur et à mesure, soit je créais ma propre aventure, en lui donnant le sens que je voulais lui donner. Cela rejoint ce que je disais précédemment, comment on peut travailler dans la finance en ayant l’impression d’avoir une utilité sociale importante. Là, j’ai l’impression qu’en réussissant à bâtir cette offre-là, je me réveille le matin et je me dis que je sers à quelque chose et que ce qu’on est en train de bâtir a vraiment du sens. 

Pourquoi ce nom Yomoni ?
Pour deux raisons. Il y a un côté japonisant que j’aime bien avec ce petit côté tropisme. Ensuite, Yomoni c’est Your Money avec un petit jeu de mot. On voulait se différencier des établissements traditionnels dans lesquels vous trouverez toujours un peu les mêmes acronymes. 

Michel Polnareff a incarné l’une de vos pubs récemment. Pourquoi lui ?
Le but était de savoir comment sensibiliser le public Français à ces sujets d’épargne long-terme, c’est-à-dire comment arriver à projeter un Français sur le fait qu’il faut qu’il anticipe aujourd’hui ce qu’il pourra peut-être recevoir dans, non pas un an ou trois, mais huit ou quinze ans, une tâche pas très évidente. Nous avons alors imaginé les choses avec une équipe de talents qui nous ont accompagnés. On cherchait avant cela, un personnage qui avait flambé un peu jeune sans forcément avoir ce réflexe-là et le faire retourner un peu sur son parcours, en disant effectivement que s’il avait bien épargné, il n’en serait pas là à faire des publicités. Ce qui a été fantastique, c’était la rencontre avec Michel Polnareff. C’est Adrien Armanet qui a réalisé la publicité et qui s’est très bien entendu avec lui sur le tournage. Michel a tout de suite adhéré au concept, qui lui va assez bien et sur lequel il a vraiment fait preuve d’une forte auto-dérision. C’est lui qui nous a recommandé de mettre un grand Yomoni dans son dos en jouant à l’homme sandwich. Le but était de lier auto-dérision et capacité d’illustrer un message, assez rare dans l’éco-système Français. En France, on se retrouve avec des publicités financières extrêmement ennuyeuses. Nous voulions vraiment faire un clin d’œil pour réveiller les épargnants Français et leur dire qu’ils doivent passer à l’action maintenant. 

La chose dont vous êtes le plus fier en 2023 ?
Cette année, Yomoni a atteint un jalon : nous gérons un peu plus d’un milliard d’euros. Pour nous, ce jalon était important car lorsque vous montez une entreprise, vous vous fixez des objectifs, vous vous dites le jour où je gérerai un milliard d’euros, ça prouvera que le modèle et la proposition de valeur que j’ai est consistante. Ça, c’est quelque chose dont on est assez fiers en achievement. L’une des autres choses, c’est d’avoir maintenant 75 personnes travaillant chez Yomoni alors que nous étions deux au début. C’est quelque chose dont je suis fier, lorsqu’on se réunit tous. C’est intéressant dans notre domaine d’avoir une activité où on aligne l’intérêt de l’épargnant, l’intérêt de la société et l’intérêt des Yomoners qui se retrouvent dans ce qu’on a envie de faire.

Vous venez de recevoir plusieurs prix. 
Ce sont des prix spécialisés sur des produits qu’on a créés, qu’on a développés et qu’on gère comme le meilleur plan d’épargne retraite 2023, ou la meilleure assurance vie 2023. Le nouveau prix qu’on a eu cette année, c’est le meilleur conseil d’épargne 2023. La qualité du service qu’on donne est un élément très important pour nous. Plusieurs éléments rentrent en compte comme le conseil du service, la transparence, la rapidité… C’est un prix très complémentaire, car on avait des prix sur la qualité de la gestion et du produit qu’on vendait. Là, on a un prix sur la qualité du conseil. Ainsi, l’un ne va pas sans l’autre, 2023 a permis de combiner les deux. On a également reçu la certification B-Corp au bout de 2 ans car il y a beaucoup d’exigences et de demandes. On a fini par être labellisé officiellement B-Crop en octobre dernier. La démonstration qu’on a pu fournir grâce à notre modèle montre que les produits qu’on propose sont alignés avec la demande. Ce qui m’intéressait aussi, c’était la manière dont ce label peut vous donner des pistes sur lesquelles progresser dans plusieurs domaines comme sur la manière de distribuer, d’être transparents avec les clients, d’accompagner les Yomoners… Tous les sujets sont traités. C’est l’un des labels les plus reconnus dans le monde. En France, 350 entreprises sont labellisées B-Corp dont une société financière qui est la nôtre. 

La suite ?
On a bâti en 8 ans une très belle plateforme avec des produits de très forte qualité. Nous aimerions que cela soit davantage connu et testé par le maximum de Français d’où la publicité avec Michel Polnareff. On veut que les Français, à côté de leur banque du quotidien, puissent se dire qu’ils ont besoin de deux partenaires, un pour la banque du quotidien et un pour l’épargne long-terme. Plus on sera connu, plus on arrivera à rentrer en contact avec le maximum de Français. 

www.yomoni.fr


Entretien Sarah Sellami 
Photo Axel Vanhessche