« AU BOUT DE L’AMBITION ? LE CIMETIÈRE »

Patrick Devedjian

Connu pour préférer les bons mots aux faux amis, le « lonesome cowboy » de la politique (et ancien ministre sous Chirac et Sarkozy) a trouvé le bonheur dans son ranch des Hauts-de-Seine (il y préside le conseil départemental). Notre grand reporter est allé retrouver Patrick Devedjian à Nanterre. Pour s’en faire un vrai ami ?

« Ce matin je suis là, l’aube est géométrique. Je m’offre à La Défense et tout est magnifique » (« Coeur Défense », paroles Blandine Rinkel et Pierre Jouan). Il est dix heures sur le parvis et j’entends des cloches. Ce ne sont pas celles du Westfield Les 4 Temps, cathédrale de la consommation plus visitée que Notre- Dame de Paris (45 millions à 13) mais celles de Notre-Dame de Pentecôte, qui jouxte le CNIT et surplombe les voies rapides, suspendue au-dessus du vide. Ici on ne sait jamais où est le sol, et je ne parle pas de musique. Il y a toujours une dalle, même sous la terre il y a du béton. Nous sommes ailleurs, Higher dirait Yves Adrien, à La Défense, un des derniers espaces vraiment dépaysants sur cette planète.

Emprunter le Japan Bridge qui relie les tours Kupka et Pacific, et c’est Nanterre. Nous atteignons l’ancienne Zone B, là où, dès les années 50, Italiens, Portugais puis Algériens et Marocains venus reconstruire la France s’entassaient dans des bidonvilles et des garnis. Les premières cités y ont poussé, les loulous en Flandria aussi, ceux qu’on voit dans Les Coeurs Verts, ce film bouleversant d’Edouard Luntz, un des plus beaux sur la jeunesse. Il ne reste rien des paysages dévastés de L’amour existe, de Pialat, ou des pavillons en meulière du Chat, de Granier-Deferre. Entre le cimetière de Neuilly et une passerelle inachevée de Paul Chemetov, un gros cachalot blanc s’étend le long de la voie royale, l’axe majeur qui s’élance vers l’Ouest depuis le Louvre. Dessiné par Portzamparc dans le plus pur style Mitterrandien, c’est le Paris La Défense Arena, l’Airbus Beluga des aires de spectacle et la plus grande salle d’Europe. Adossé à l’enceinte de 40.000 places, au 57 rue des Longues Raies, le Conseil Départemental des Hauts-de-Seine, et son Président qui nous reçoit. Avec son sourire calinou notre hôte pourrait ressembler à Thomas Langmann, mais il faudrait Kinski, Delon, Denner ou Ronet pour l’incarner. Patrick Devedjian est complexe, mystérieux, ce n’est pas, comme cette andouille de Xavier Bertrand, un rôle pour François-Xavier Demaison. Son parcours croise l’activisme anticommuniste, Raymond Aron, Est et Ouest, les commandos de l’Armée Secrète Arménienne de Libération de l’Arménie. Seule une connaissance purement livresque de ces choses-là peut trouver cet itinéraire sinueux. Le bureau au 7ème étage aurait été parfait dans Mille milliards de dollars, ou I…comme Icare d’Henri Verneuil. Est-ce la situation qui le fait sourire ? Nanterre, ce n’est pas anodin. C’est ici, à la fac, que 68 a commencé, avec la rumeur d’une descente d’Occident. 12 ans après, quand j’ai fréquenté le même genre de congrégation, les excursions à Paris-X se terminaient encore à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy ou au bloc opératoire. La vie, ensuite, c’est l’ascension de la Roche de Solutré après celle des Drus. « Fascistes qui avez échappé à Dien Bien Phû, vous n’échapperez pas à Nanterre ».
On n’échappe pas à Nanterre.

On pensait le département dépassé avec la réforme des collectivités territoriales mais vous, ici dans les Hauts- de-Seine, vous avez la puissance d’un Etat, et même une puissance financière très supérieure à celle de certains pays…
Patrick Devedjian :
On se l’est donnée. On n’est pas nés avec ça.

Mais comment coexistez-vous avec les autres institutions, avec vos voisins de Paris par exemple ?
Paris, c’est la seule ville de France qui n’ait pas fait une intercommunalité. C’est marrant pour une collectivité qui n’a cessé de se vouloir à la pointe de la métropolisation. En réalité, la métropolisation, c’était le projet de bouffer ses voisins. Rien d’autre, de la part de Paris. Delanoë a fait Paris Métropole, instance de concertation, de débat, de baratin. J’ai été président de Paris Métropole, il n’en est jamais rien sorti. Et Paris ne s’est jamais concerté sur le moindre aménagement avec aucun de ses voisins. Pour les portes de Paris, Madame Hidalgo décide toute seule de ce qu’elle va faire. Une porte ça ouvre sur un côté, et ça vient de l’autre quand même. On est deux sur une porte.

Et le Grand Paris alors ?
Ça n’existe pas, le Grand Paris, c’est une farce, c’est une opération de communication.

C’est pas une opération à destination du BTP ?
Vous parlez des gares de la Société du Grand Paris, là ? Elle est chargée de faire le périphérique du métro, le métro du futur, c’est très bien. C’est un projet titanesque, mais ça n’a rien à voir avec le Grand Paris. Ça porte le même nom, mais c’est la seule chose.

Qu’est-ce que vous allez faire à La Défense ?
Vous voyez bien ce que j’ai fait déjà quand-même, vous voyez la différence…

« J’AI DES AMIS, SOLIDES, MAIS ON NE CHASSE PAS EN MEUTE. »


C’est un quartier poétique, pas toujours bien compris, j’ai l’impression que vous voulez faire un lâcher de bobos sur La Défense, de l’alevinage de hipsters, au-delà du désir compréhensible d’humaniser le secteur.
C’est pas bien ?

Patrick devedjian
À TABLE_
Quand l’ancienne plume politique (des députés Xavier Dugoin et Michel Pelchat) et l’ancien ministre (de Chirac et Sarkozy) se rencontrent, de quoi peuvent-ils bien se parler ?

Si, si, sûrement. C’est moi, j’aime bien les quartiers crépusculaires, un peu tristes, le XVème, le XVIème…
C’est pour ça. On est dans une compétition internationale, aujourd’hui vous avez le Brexit, et avec le Brexit, la question de savoir où va être le cœur économique de l’Europe. Le cœur financier était à Londres, on a ramassé le gros lot avec l’installation de l’Autorité Bancaire Européenne à La Défense. Ce n’est pas qu’ils soient nombreux, ils sont 230. Mais symboliquement, c’est le régulateur financier de toute la zone euro. Et donc évidemment, pour les opérateurs, il y a un besoin d’être à proximité, de discuter avec lui parce que la réglementation change tout le temps, il faut qu’ils puissent parler, c’est un aimant qui les attire. L’Etat n’a fait aucun investissement pour La Défense, c’est pour ça qu’on est là, parce qu’on s’est engagé à investir 400 millions sur dix ans, sur les infrastructures, sans espoir de retour, mais en transformant La Défense en un lieu de vie. 85% des personnes qui y travaillent sont satisfaites de ce qu’on a réalisé et de l’ambiance qui y règne. On a fait sept hectares d’espaces verts sur la dalle, c’était totalement minéral. On peut aimer ça…

Je vous provoquais parce que je vois surgir au métro Esplanade des espèces de bar à mojitos, mais c’est normal, j’imagine, qu’il y ait des trucs comme ça.
Ça vit, c’est la vie. Il n’y avait personne avant, il y avait des clochards.

Vous êtes un intellectuel, vous avez fondé la revue Contrepoint, vous vous intéressez aux idées politiques, est-ce que la politique vous intéresse encore ? On a du mal à croire qu’il n’y a que le destin des Hauts-de-Seine qui vous branche. J’ai l’impression que vous avez complètement fait abstraction de la politique nationale, qu’il y a eu un déclic…
Oui, c’est tout à fait vrai.

Qu’est-ce qui vous a décidé à lâcher l’affaire ?
J’ai été ministre, alors j’ai compris.

Qu’est-ce que vous avez compris ?
Qu’un ministre ça ne servait pas à grand chose, qu’on est impuissant. Moi ici je fais plein de choses, je réalise. Au gouvernement vous ne réalisez rien du tout, c’est l’administration qui commande. Toute la politique de la France, que le gouvernement soit à droite ou à gauche, c’est la même. Parce que c’est l’administration qui la conçoit, et c’est elle qui la met en œuvre. Elle se borne à vendre aux politiques de passage ce qu’elle-même a imaginé.

Donc il n’y a rien dans vos passages aux ministères qui vous donne le sentiment d’avoir été utile ?
Il y a des trucs, mais ça n’a rien à voir avec ce que j’ai fait là. Je me suis battu pour que l’Etat décentralise la Défense. L’Etat y était favorable, mais toute l’administration était contre. Il a fallu une volonté de fer et trois ans pour y parvenir. Quand Macron est arrivé à l’Elysée, l’administration a tout bloqué et remis en cause l’ensemble de ce qui avait été décidé auparavant. « Il y a un nouveau Président, les décisions qui ont été prises sont nulles et non avenues. » Je suis allé le voir, je lui ai expliqué comment ça marchait, en une demi-heure il m’a dit banco. C’est l’administration française qui est la plus grande force conservatrice de notre société, pas les politiques.

Mais vous, dans votre action, vous êtes aussi confronté à l’administration…
J’ai une très bonne administration ici, qu’on a fabriqué, avec des fonctionnaires d’Etat, ce qui prouve que ce sont souvent des gens de qualité, qui ne demandent qu’à être utilisés, ils sont souvent écœurés d’ailleurs par le service de l’Etat, découragés, déçus. Ici ils font des choses. Quand je réaménage les quais, comme on l’a fait à Issy-les-Moulineaux, Meudon, Sèvres, quand je fais La Seine Musicale, quand on fait l’Arena, les gens le voient, le mesurent.

Quels sont vos objectifs dans les échéances qui viennent ?
La fusion avec les Yvelines.

Les Hauts-de-Seine vont fusionner avec les Yvelines ?
Oui. Un seul et même département. On fait ça ensemble, parce qu’on a un problème urbain en France. L’administration française pousse à la densification de ce qui est déjà très dense, c’est le territoire le plus dense de toute l’Europe. On ne peut plus vivre, c’est totalement saturé. Notre département n’échappe pas à cette fatalité, c’est pourquoi je veux associer l’urbain et le rural. Quand on en est à mettre des arbres sur les toits, est-ce qu’on peut avouer de manière plus explicite qu’on n’a fait que des bêtises ? On les met là parce qu’on ne peut pas les mettre ailleurs. Prenez le Bois de Vincennes, ou le Bois de Boulogne, qui a été capté par la Ville de Paris, c’est une jachère, une friche, ils n’en font rien. C’est une richesse majeure le bois de Boulogne, qu’est-ce qu’a fait la Ville de Paris ?

Elle donne des espaces publics à des oligarques. Le centre de Paris va devenir une espèce de musée et de magasin de luxe, les Invalides seront bientôt un Sephora…
C’est une ville pour les touristes, stérilisée, avec une muséification totale. Paris c’est des établissements culturels, des loisirs, la piétonisation, parce que le touriste a besoin de piétonisation. Et le luxe. C’est tout, rien d’autre. L’avenir de Paris c’est Florence. Quand vous y allez, vous êtes ravi que le cœur de Florence soit piétonnier. Les grandes entreprises ne peuvent pas vivre dans Paris, d’ailleurs elles viennent ici.

Quelles sont, dans les autres collectivités, les personnes avec lesquelles vous vous entendez bien aujourd’hui ?
On a fait un fonds d’investissement des sept départements d’Ile-de-France, communistes, socialistes, centristes, LR, tous ensemble. On travaille ensemble, et on travaille pas mal.

Pour 2024, vous n’avez pas l’impression que ce sont les Olympiades de la Seine-Saint-Denis, qui captent l’essentiel des investissements, vous allez quand même y participer ?
De toute façon, la Société du Grand Paris ne livrera pas à temps. Mais oui, ils ont tout capté, bien sûr, c’est le rééquilibrage à l’Est. Je m’en fiche, je laisse faire, ça m’est complètement égal. C’est le degré zéro de la réflexion, le rééquilibrage. Ici le préfet de région a refusé à Total l’agrément pour construire sa nouvelle tour.

Pourquoi ?
Il pensait qu’il fallait que le maire de Puteaux fasse davantage de logements sur sa commune pour justifier le déplacement de 300 mètres du siège social de Total, première entreprise française. Quand le préfet de région lui a dit « il faut aller vous installer à l’Est », Pouyanné, le patron de Total a répondu : « ce n’est pas vous qui allez choisir où j’installe le siège social de ma société, vous ne voulez pas que je me mette où j’ai décidé ? C’est pas grave, je vais aller à Amsterdam, et j’expliquerai pourquoi. » Il a téléphoné au Président de la République, et tout s’est arrangé.

Les JO c’est rare que ça se termine bien, à part pour les attributaires de marchés.
Moi je ne dis rien parce que je ne suis pas très sportif, je n’ai pas la fibre, donc je laisse faire. On a récupéré quelques miettes pour le département, mais les emmerdements seront pour eux aussi, parce que tout ça ne va pas être livré à temps, les transports notamment. Le préfet est en train de prévoir un plan d’autocars…

C’est bien, c’est très écologiste…
Surtout les bus articulés…

Ça va plaire à notre Président, c’est lui qui a remis les autocars à la mode…
Là ils vont avoir un beau défilé d’autocars.

« JE NE CROIS PAS AUX MEUTES »


Je vous vois comme quelqu’un de brillant, pas facile, mais totalement en dehors des clans. Avec Chirac comme avec Sarkozy vous donniez l’impression d’être à part, d’être d’une intelligence solitaire et cassante. En 86 vous n’étiez pas dans la bande à Léo, vous n’avez jamais été rattaché à une équipe, même ici dans les Hauts-de-Seine, vous n’étiez pas un Pasqua’s Boy. Vous n’avez pas l’air d’avoir des amis, comme d’autres en politique, qui chassent en meute.
C’est autre chose ça. J’ai des amis, solides, mais on ne chasse pas en meute. Je ne crois pas aux meutes d’abord, je ne crois pas à ces trucs-là. Et puis pour faire quoi ?

Mais la politique, ne serait-ce que pour se faire élire, ça demande un côté voluptueux…
Je suis à peu près capable de faire campagne. J’aime bien faire les commerçants, c’est mon côté oriental. Je fais le marché, mon père faisait le marché, ça m’est resté donc ça m’aide. Mais je suis assez solitaire, c’est pas faux.

Vous avez un parcours intéressant, vous avez défendu les gens de l’Asala, vous avez été avocat, ce sont des trajectoires assez rares…
Je suis profondément un avocat.

Vous continuez ?
Non je n’exerce plus. Structurellement je suis un avocat, j’ai adoré ce métier.

Vous faisiez surtout du pénal ?
Non, j’ai fait beaucoup de propriété littéraire. Avocat d’éditeurs, avocat de presse, j’ai fait aussi du droit des affaires. Et j’ai fait du pénal aussi, j’ai défendu Chirac, j’ai eu 20 procès pour Chirac, je les ai tous gagnés, tous. J’ai défendu l’Asala vous avez raison, les communistes ont fait campagne contre moi. Je leur ai expliqué que les gars de l’Asala sont communistes. Ça avait l’air de les déranger plus que moi.

Est-ce que vous voyez des hommes et des femmes politiques intéressants aujourd’hui, en France et dans le monde ?
J’avais trouvé Tony Blair pas si mal, mais non il n’y a pas grand monde. Moi les gens qui m’intéressent ce sont les gens qui lisent dans le marc de café.

C’est votre côté sorcier chiraquien ça, qu’est-ce que vous voulez dire ?
La seule, la première qualité de l’homme politique, c’est le don prophétique. De Gaulle, on pense ce qu’on veut de lui, mais le 18 juin 1940, il ne dit pas seulement qu’il faut résister. Il dit que la France a été battue par la force de l’économie allemande et que l’Amérique entrera dans la guerre, que c’est inévitable, alors qu’on en est encore loin à ce moment-là. Il ajoute que l’économie américaine produira une force militaire supérieure à la force militaire allemande, que l’on battra tôt ou tard.

Et Chirac, quels souvenirs vous en gardez ?
J’ai eu des bons et des mauvais souvenirs avec Chirac, il était marrant, il ne croyait en rien. Balladur avait eu un mot juste, il avait dit « il ne tue que par nécessité, il ne prend pas de plaisir. »

Sarkozy avait dit « On a toujours dit qu’il était con, gentil et généreux. C’est tout le contraire ».
C’est ni l’un ni l’autre.

Et Aron qui avait déclaré « il est d’une ignorance encyclopédique » ?
Ça, c’est parce que Chirac avait une espèce de coquetterie à passer pour un inculte.

Patrick devedjian
L’INTERRO SURPRISE_
Monsieur le président (du Conseil départemental des Hauts-de-Seine) répond aux questions de monsieur le président (du label Tricatel).

Macron a tellement tout détruit dans les appareils, que plus personne ne s’y raccroche, quelle que soit l’étiquette de départ. L’avenir des Républicains, ça ne doit pas vous réveiller la nuit…
Non, ça ne me préoccupe pas.

Sarko, vous le voyez toujours ?
Non, je ne le vois plus.

Et Balkany ?
Je ne le vois plus non plus, je ne sais pas pourquoi… (rires).

C’est dommage, parce qu’il y a une image un peu romantique liée aux Hauts-de-Seine, ça a toujours fait fantasmer ce côté gangster, dans l’imaginaire collectif, en même temps qu’on s’en offusque, bien sûr. Le gaullisme immobilier, les querelles à la Dallas des Ceccaldi-Raynaud à Puteaux, les Balkany à Levallois…
Ils ont fait des dégâts…

Ah bon ?
Bah, ils ont donné une mauvaise image.

Derrière l’image, les scènes d’effusion et de liesse collective sur les réseaux sociaux quand il a été envoyé au trou, ça donnait envie de l’embrasser sur la bouche…
On ne fait pas de défense de rupture quand on a une affaire fiscale, et de corruption.

Mais c’était un bon maire, non ?
C’était un bon maire, oui. Enfin, c’est la ville la plus endettée de France, même si elle a des ressources aussi.

Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous intéresse ? Le pouvoir, l’argent, les idées, l’action ?
Si vous vous levez et que vous regardez juste derrière la fenêtre, vous allez voir l’aboutissement de l’ambition. Levez- vous, vous allez voir.

« LA SEULE, LA PREMIÈRE QUALITÉ DE L’HOMME POLITIQUE, C’EST LE DON PROPHÉTIQUE. »


C’est le cimetière de Neuilly.
Le pouvoir, c’est là. Je suis très content d’avoir ça sous mes fenêtres. Je m’amuse… J’ai fait La Seine Musicale, c’était formidable, personne n’y croyait, je m’y suis attelé, ça a été un rayonnement considérable. Là, on est en train de faire la Vallée de la culture, le Musée du Grand Siècle, avec la collection Pierre Rosenberg, qui la lègue au département des Hauts-de-Seine. Une collection fabuleuse, 850 tableaux, 3500 dessins.

C’est intéressant Billancourt, c’est comme Nanterre, ce sont des villes symboles, Billancourt c’était la régie Renault, un autre bastion communiste.
Maintenant on passe pour des bourgeois riches, mais la moitié des villes était communiste. On a repris la ceinture rouge et on l’a transformée, et ça c’est très amusant, c’est durable. Et quand on aura réussi la fusion avec les Yvelines on aura une puissance de feu… C’est du boulot, il faut être têtu pour le faire, on a déjà fusionné 60% de nos services.

Et où est-ce que vous allez les mettre ?
À Versailles, à Boulogne, et à La Défense, ici où l’on est.

Ça fait un an que vous êtes là ?
Oui, c’est autre chose que l’ancien siège, on est passé de Berlin-Est à New-York.

Pourquoi, c’était comment avant ?
À côté de la préfecture… Vous n’y êtes jamais allé ?

Vous rigolez, j’allais à Nanterre mais pas pour ça…
Moi aussi. Je suis retourné à Nanterre, mais autrement. Maintenant je discute avec le Président de l’université, je fais une chaire sur la défense, une chaire du Grand siècle, un boulot trotskard…

Gramscien…
Gramscien. À Nanterre. C’est très amusant.


Entretien Bertrand Burgalat