Madère : petit paradis sur mer

À seulement trois heures d’avion de Paris, l’île portugaise jouit d’un climat idéal tout au long de l’année. Une escapade fleurie, tonique et ensoleillée !

Tel un joyau brut, l’archipel de Madère, radeau montagneux de 100 kilomètres carré flottant solitaire dans l’immensité de l’Atlantique, a longtemps été le secret le plus jalousement gardé du Portugal. ll y a plus d’un siècle déjà, les grands de ce monde, artistes, princes ou fortunés, y venaient en bateau pour fuir la rigueur hivernale et les maladies. Sissi soigna sa mélancolie dans cette île de l’éternel printemps. Churchill séjourna au sublime Reid’s Hotel. Jacques Chardonne s’y attarda longuement et consacra à « l’île aux fleurs » un roman…Cette douceur de vivre, Madère la doit en grande partie à sa proximité avec les côtes marocaines, situées à quelques centaines de kilomètres, et aux vents chauds en provenance du Sahara. Une situation qui lui vaut un climat subtropical avec des températures dont la douceur ne s’atténue pas avec l’hiver. Elles oscillent entre 14° et 26 °C toute l’année, et permettent le fleurissement d’une nature sublime qui a donné son nom à l’île – madeira signifiant bois en portugais – sur laquelle s’épanouissent de fascinantes cultures en terrasses. Des techniques qui ne sont pas sans rappeler la lointaine Asie, qui, longtemps, fût au bout du voyage des navires faisant escale ici.

Paysages sauvages, accidentés, pics altiers, chemins abrupts, falaises déchiquetées tombant sur des eaux cristallines, piscines naturelles, criques romantiques, massifs verdoyants couverts de forêts de lauriers endémiques, féériques jardins suspendus… Madère a énormément à offrir en terme de nature … Mais n’est pas en reste côté culture ! Pour s’en convaincre, rien de tel qu’une visite de Funchal, sa capitale. Ce joyau cosmopolite niché entre mer et montagne s’étend gracieusement en amphithéâtre autour de sa baie. Avec ses ruelles empierrées, ses habitations madériennes typiques, ses portes dessinées, ses balcons en ferronnerie ancienne, ses marchés pittoresques, ses belles églises, son musée d’art sacré, riche en peinture flamande, son port de plaisance animé et ses grands hôtels surplombant la mer, la ville a su garder son cachet d’antan. Dès votre arrivée, plongez dans l’effervescence du Mercado dos Lavradores, où les senteurs enivrantes des fruits tropicaux, dont l’emblématique banane ananas, se mêlent au ballet coloré des poissons fraîchement pêchés et des fleurs à l’odeur enivrante. C’est ici que bat le cœur de la gastronomie locale, offrant aux visiteurs une immersion authentique dans la culture culinaire de l’île. On y déjeune à la Peixaria do Mercado, de poissons du jour venant du marché, pagre accompagné de choux, toast de thon rouge ou sabre flanqué de patatas bravas.

Pour une vue panoramique à couper le souffle, on emprunte le téléphérique qui mène jusqu’au sommet de Monte. Une fois là-haut, les jardins du Monte Palace invitent à une promenade enchanteresse. La résidence du consul britannique au XVIIIe siècle devenue un hôtel prestigieux à la fin du XIXe siècle, fréquenté par l’aristocratie locale et les visiteurs fortunés, s’est transformée en jardin tropical dans les années 1980. Considérés comme l’un des plus beaux espaces verts du monde, les 70.000 m2 du lieu recèlent des plantes et des fleurs indigènes ou exotiques venues du monde entier. Epousant la nature, l’art occupe ici une place prépondérante. Autour des étangs où bullent les carpes koï et s’ébattent les flamands roses, des azulejos du XVIe siècle, des sculptures contemporaines, ainsi qu’une incroyable collection de pierres minérales. La balade dans ces jardins truffés de baroques surprises est un pur délice…

Pour une descente inoubliable vers le centre de Funchal, on opte pour les « carreiros do monte », d’authentiques traîneaux d’osier montés sur des patins en bois que manipulent avec dextérité d’intrépides gaillards en canotier. Glissant à vive allure à travers les ruelles escarpées, l’expérience promet sensations fortes et souvenirs impérissables. De retour en ville, on se laisse séduire par la magie de la rue Santa Maria, véritable galerie d’art en plein air, dont les portes ont servi de terrain d’expression aux artistes locaux. On pousse jusqu’à la forteresse Sao Tiago, au sein de laquelle s’est installé le raffiné restaurant Do Forte. Foie gras maison au vin de Madère, poulpe croquant et son aligot d’algues, magret de canard aux agrumes… la cuisine n’y déçoit pas ! Pour découvrir l’incroyable richesse du fameux vin fortifié de Madère, ambassadeur international de l’archipel, comparable au porto, son rival continental, on fait la visite d’une des grandes maisons, Blandy ou HM Borges. On y apprend, tout en dégustant ce breuvage aux notes d’amande, de dattes, d’épices et de cacao, l’histoire tumultueuse de l’élixir élaboré sur ces terres volcaniques, intrinsèquement liée à la découverte du Nouveau Monde et l’essor du capitalisme…

Quelques bonnes adresses supplémentaires à ne pas manquer lors de sa visite de Funchal ? Uau Cacau, boutique artisanale mariant un délicieux chocolat aux différentes saveurs typiques de l’île, telles que fruit de la passion, cerise de Cayenne, Poncha… Fabrica Santo Antonio, biscuiterie traditionnelle, la plus ancienne de la région, qui fabrique le fameux gâteau au miel de canne à sucre de Madère. « Three House Hotel », bar à cocktails bucolique dont la carte est aussi soignée que le design. Choux, un salon de thé anglo-portugais, situé au premier étage du Guest Club de Madère, le plus vieux de l’île, où l’on prend l’afternoon tea dans les règles de l’art. Akua, resto branché où le chef Júlio Pereira et sa dynamique brigade proposent une cuisine créative et inspirée (couteaux et palourdes au curry de Jaipur, thon rouge braisé à la mayonnaise de soja…). Ou à Morgadinha, où l’on mitonne une cuisine madérienne délicate aux influences indiennes… Enfin comment évoquer Funchal sans mentionner son enfant prodige, Cristiano Ronaldo ? Visitez son musée, temple du football retraçant le parcours fulgurant de la star mondiale.

On quitte Funchal en suivant la côte basaltique, se régalant des paysages ensorcelants de pitons rocheux qu’escaladent en tout sens des cultures en terrasses serrées comme des sardines portugaises, pour atteindre Camara de Lobos. Ce charmant petit port de pêche dont les falaises regorgent de bananiers, fût l’endroit préféré de Churchill, qui l’immortalisa sur de nombreuses aquarelles. On y déjeune à Vila do Peixe, restaurant de grillades surplombant la baie. Les poissons y sont préparés dans la plus pure tradition madéroise : braisés, avec une pincée de sel de mer et un filet d’huile d’olive. Autre escale gourmande au cadre charmant : l’hôtel resto Quinta do Furão, qui, dans un paysage naturel exceptionnel, au beau milieu des vignes et au bord d’une falaise, élabore une délicieuse cuisine à savourer en profitant de la vue spectaculaire sur la côte.

Pour jouir des sidérants panoramas de Madère et du prodigieux travail des hommes qui au fil des siècles a façonné la nature, rien de tel que d’escalader ce vertigineux jardin le long des innombrables et emblématiques levadas, réseau d’irrigation qui, depuis les sommets, arrosent vignes et vergers. Ce sont plus de 2000 kilomètres de canaux qui distribuent l’eau des montagnes et des forêts à travers les exploitations agricoles en terrasses. On y chemine au milieu des bananiers, des cannes à sucre, qui couvrent la moindre parcelle, mais aussi d’innombrables fleurs, agapanthes, orchidées ou protéas… Randonner en écoutant le chant de cette eau fraîche qui longe les sentiers et dévale les montagnes est un must de la destination. Et vous permettra de pénétrer la forêt Laurisilva, vestige de l’ère tertiaire qui abrite une immense variété végétale et animale, ce qui lui vaut le statut de Patrimoine Naturel Mondial. Autre manière très en vogue de découvrir la nature si singulière de Madère : le canyoning. Une activité exaltante pratiquée dans le cours des rivières de l’île et combinant randonnée, descente en rappel et saut dans les trous d’eau.

Pour se rafraîchir après une randonnée, on file à la découverte des piscines naturelles, bassins d’eau de mer et criques sauvages de l’île de l’éternel printemps. A Funchal, on traine sur l’agréable front de mer, le fameux Lido, avant de plonger dans les piscines naturelles d’origine volcanique remplies d’eau de mer du Doca do Cavacas. A Seixal, on profite des flots verts émeraude de la belle plage de sable noir qui longe les falaises. A Fajã dos Padres, on accède à une petite plage de galets par un téléphérique descendant la falaise sur 300 m, voyage qui offre un panorama étourdissant.

Madère se visite toute l’année, et la saison hivernale est particulièrement courue. La période de décembre est fantastique grâce à de féeriques illuminations et des crèches géantes. A Funchal, les rues du centre historique sont éclairées par des milliers de guirlandes électriques, donnant la nuit l’impression que toute la ville s’embrase. Pour le 31 décembre, un colossal feu d’artifice, le plus grand et le plus spectaculaire au monde, est tiré dans une soixantaine de sites, sur terre comme sur mer. Enfin, le carnaval, en février, est également l’un des temps forts hivernaux !

Organiser son voyage : avec Visit Madeira

https://visitmadeira.com/fr/

 

Y aller : avec TAP Air Portugal

La compagnie nationale portugaise, membre de Star Alliance, dessert depuis Paris et avec escale à Lisbonne (possibilité de stopover sans surcoût du tarif) les principales villes du pays. En province, départ de Bordeaux, Lyon, Nantes, Nice et Toulouse.

AR Paris / Funchal à partir de 320 €

www.flytap.com

Par Sébastien Bardos