Révélée par la série Dix pour cent, Fanny Sidney est actrice, scénariste et réalisatrice. Alors qu’elle est juré au festival de Saint-Jean-de-Luz, on a parlé foot, Polly Pocket et hypnose.
D’où venez-vous ?
Fanny Sidney : Du 92, Fontenay-aux-Roses. J’ai eu la révélation lors du CP, à six ans. Une maîtresse nous a fait jouer Le Petit Prince dans le théâtre municipal. J’en ai un souvenir vibrant, je me souviens encore de la poussière derrière les pendrillons dans la lumière des projecteurs, de mon cœur qui bat. Rien que d’en parler, ça me fout les poils. J’adorais également le foot, j’étais capable de faire 80 jongles, mais sur le terrain, je n’étais pas très douée. Mes parents n’étaient pas du tout dans le business mais j’ai derrière moi trois générations de femmes qui voulaient être actrices. J’ai fait du théâtre associatif, dans des costumes confectionnés par les parents, et vers 12 ans, j’ai acheté des magazines de casting. Et j’envoyais des photomatons, jusqu’à faire un bac théâtre.
Après le bac, que faites-vous ?
Je rêvais d’intégrer la Fémis pour devenir réalisatrice mais j’ai été prise à la classe libre du cours Florent. J’ai commencé à tourner, notamment dans Mesrine, mais j’avais des rôles secondaires. La première fois que j’ai passé le concours de la Fémis, je l’ai raté et un prof m’a conseillé de voir plein de films. C’est ce que j’ai fait, j’ai passé une année à aller à la Cinémathèque, au ciné, au Forum des images, regardant trois-quatre films par jour. Je suis restée quatre ans à la Fémis, donc j’ai arrêté de tourner pendant ces années. Je m’y suis remise avec la série Dix pour cent, je n’allais pas laisser passer une opportunité pareille…
Mais vous vouliez être actrice, scénariste ou metteuse en scène ?
Pour moi, c’est le même métier, c’est comprendre l’altérité et la transmettre. Seul le prisme est différent.
Le rôle de Camille dans Dix pour cent, ça change tout pour vous ?
Ça change beaucoup de choses. Il y a eu quatre saisons, j’avais à chaque fois trois ou quatre mois de travail. Sur la première saison, j’avais très peur, j’avais le syndrome de l’imposteur à 3000% et en même temps, c’était vraiment l’état du personnage.
Vous êtes également scénariste.
J’ai écrit mes courts-métrages, je prépare mon premier long sur un avortement et on m’a demandé d’écrire des séries. L’écriture, c’est la valeur ultime de ma vie, et jouer, c’est également écrire. En série, j’ai aussi réalisé Jeune et Golri et Brigade mobile.
Est-ce que vous jouez dans la version ciné de Dix pour cent ?
C’est un unitaire Netflix, réalisé par Émilie Noblet, et oui, je reprends le rôle de Camille. On a commencé la semaine dernière, je suis tellement heureuse ! Quand je lisais le scénario, je me réjouissais en découvrant les scènes où on est tous ensemble dans la même pièce. J’ai fait ma première scène la semaine dernière et j’ai aussitôt retrouvé mon personnage, même si Camille a changé…
Est-il vrai que vous avez ouvert un cabinet d’hypnose ?
Absolument. Je me suis formée et j’ai ouvert mon cabinet alors que je bossais sur Dix pour cent, un cabinet que j’ai fermé depuis. Maintenant, je travaille beaucoup mes rôles avec l’hypnose, c’est un outil formidable pour la direction d’acteur, pour la gestion des émotions, pour la programmation mentale.
Un mot sur le festival de Saint-Jean-de-Luz où vous êtes juré.
Je voue une amitié indéfectible à Patrick Fabre (directeur artistique du festival, NDR), j’adore son rapport au cinéma, sa cinéphile, l’amour qu’il porte aux gens. Avec le jury, on voit des films de ouf et on n’a qu’une envie, débattre et parler des œuvres. Et j’adore cette ville…
C’est quoi cet objet mauve en plastique autour de votre cou ?
C’est un Polly Pocket de mon enfance, un fossile, je l’ai retrouvé cet été chez ma mère. Dedans, c’est comme une maison, et vers dix ans, j’y avais mis la photo de ma sœur. C’est mon lien avec ma petite sœur, c’est pour elle, elle est là avec moi. Faut que je fasse attention, je vais vriller en émotion. Je fais ça aussi pour mes rôles, je cache des choses dans les poches de mes costumes…
Infos sur le festival de Saint-Jean-de-Luz
www.fifsaintjeandeluz.com
Par Marc Godin
Photo Jeanne Piepzrownik