TAYLOR KITSCH, HÉROS DE CHOC : « SI J’AI PEUR D’UN RÔLE, C’EST BON SIGNE ! »

Taylor Kitsch

Habitué aux rôles ultra-physiques (John Carter, Lone Survivor…) ou ultra-cérébraux (True Detective saison 2…), le Canadien Taylor Kitsch, découvert grâce à la série Friday Night Lights, incarne l’ex-militaire Ben Edwards aux côtés de Chris Pratt dans la nouvelle superproduction Prime Video, The Terminal List. Une plongée haletante chez les Navy SEALS. 

Tu es habitué à des rôles militaires comme le lieutenant Mike Murphy dans Lone Survivor, ou l’officier Paul Woodrugh dans True Detective. Ben Edwards dans The Terminal List, c’était une évidence pour toi ?
Taylor Kitsch : C’est drôle, parce que le gars qui m’a entraîné pour Lone Survivor est un Navy SEAL et un bon ami. Ce film a été important pour moi, il m’a beaucoup appris sur la fraternité. Cet ami m’a aussi entraîné pour The Terminal List. C’était génial de se retrouver. Ces mecs sont les meilleurs des meilleurs. 

As-tu suivi une préparation physique spécifique pour ce rôle ? 
Tu dois t’entraîner comme un SEAL, c’est-à-dire porter des vestes avec des poids, grimper des collines en courant… Tu dois aussi changer de régime alimentaire. Tu dois t’entraîner comme si tu te préparait à partir au combat. 

Te reconnais-tu dans les rôles que tu joues ?
J’ai joué de sacrés personnages avec qui je n’ai pas grand chose en commun, comme David Koresh (le leader de la secte The Davidians dans la mini-série Waco, ndlr), mais je les comprends. C’est mon travail. En plus, à travers ces rôles, je me dis que je suis capable – parfois ! – de discipline et d’autorité.

Ton travail exige une certaine discipline.
Une discipline folle ! C’est ce qui fait le succès, c’est pour cela qu’on réussit ou pas. 

Tu envisageais une carrière de joueur de hockey professionnel stoppée par une grave blessure. Préparer un film, c’est comme un entraînement intensif ?
Oui, c’est un peu pareil. Évidemment, ce n’est pas que de l’entraînement physique, mais une discipline de fer qui va avec le job. 

Tu joues régulièrement des personnages proches des superhéros. Pas trop dur de revenir à la vraie vie après de tels rôles ?
Parfois si ! Quand c’est un rôle très intense psychologiquement, ça demande du temps d’en sortir. Je l’ai vécu pour The Bang Bang Club (2010) par exemple. J’ai un autre rôle pour la fin de l’année, début d’année prochaine, qui a été très difficile à quitter.

Tu conserves une partie de la personnalité de ton personnage après un film ?
Je pense qu’à mes débuts, il y a une dizaine d’années, absolument. Maintenant, je suis très conscient de cette dissociation du travail d’avec la vie privée, donc ça ne m’arrive plus comme à l’époque.

Ta carrière a décollé en 2008 avec Friday Night Lights, une série sur le football américain. As-tu remarqué des changements dans la représentation de la masculinité depuis ?
C’est très subjectif… Ce que vous allez trouver masculin sera très différent de la vision de quelqu’un d’autre. Mon idée de la masculinité n’a pas beaucoup évolué depuis mes débuts, même si elle comprend plein d’aspects. Je crois que ce qui compte davantage, c’est la confiance que l’on a en soi.

Tu as travaillé trois fois avec le réalisateur Peter Berg, sur Friday Night Lights, Battleship et Lone Survivor. La fidélité tient une place importante dans ta carrière ?
Ah ah, on va refaire un truc ensemble, d’ailleurs ! Pete et moi sommes comme des frères, donc la confiance est incroyable. On s’est rencontrés sur Friday Night Lights. Il m’a casté, on a pris des chemins différents, mais on n’a pas cessé de se retrouver.

Tu as travaillé pour le cinéma et les séries. Te prépares-tu différemment pour l’un et pour l’autre ?
Tu te prépares toujours de la même façon. Tu explores simplement plus ton personnage dans une série de huit épisodes comme The Terminal List. Tu as plus de temps. Pour un film, tu en as forcément moins. Je préfère les mini-séries de six à huit épisodes. Tu as le temps pour développer et incarner ton personnage. J’adore ça.

En 2014, tu as pris un virage à 360 degrés avec le film The Normal Heart, drame sur l’épidémie de SIDA dans la communauté gay des années 1980. Avais-tu besoin d’un grand changement dans ta carrière ?
Je suis super fier de ce film. Je suis toujours à la recherche de quelque chose qui sorte du lot. The Normal Heart était une histoire et une opportunité incroyables. Et c’est si difficile de trouver ces rôles… Je le referai sans hésiter !

The Normal Heart a été adapté d’une pièce de théâtre de Larry Kramer. Envisages-tu de monter sur les planches un jour ?
Je le ferai au cours de ces prochaines années, c’est sûr. J’irai à Broadway. On me l’a déjà proposé, mais ça n’était pas le bon projet, pas la bonne opportunité. 

Comment choisis-tu tes projets ?
Je prends en compte plusieurs facteurs. Les gens qui sont sur le projet, l’histoire et mon personnage comptent, bien évidemment, mais je me demande surtout si le film ou la série apporte un challenge, quelque chose de nouveau… Si j’ai peur d’un rôle, c’est bon signe ! J’accepte les projets qui sont plus gros que moi, qui sont des expériences plus grandes que ma simple personne comme The Normal Heart, Painkiller, Lone Survivor ou, aujourd’hui, The Terminal List, qui ont été des expériences incroyables.

Quels sont tes films références ?
Dead Man Walking a été une claque, Mean Streets, Sundance Kid, Slap Shot avec Paul Newman (quel acteur incroyable !)… Ce genre de films.

Y a-t-il d’autres acteurs dont le jeu t’a inspiré ?
Sean Penn, évidemment, mais aussi Daniel Day Lewis.

Quel est le meilleur conseil que tu aies reçu dans ta carrière ?
Je préparais le rôle de David Koresh dans Waco. C’était six mois de préparation. C’était une histoire répréhensible à plusieurs points de vue et, au début, j’ai mis beaucoup de temps à savoir par quel bout prendre ce rôle difficile. Je jugeais beaucoup le personnage et un ami à moi, un super acteur, m’a dit d’arrêter de faire ça. Sa remarque a été décisive : « Arrête de juger les personnages que tu dois incarner. » 

Tu as réalisé ton premier court-métrage, Pieces. Comment est né ce projet ?
C’est un simple court-métrage, je ne le diffuserai pas. C’était un test pour essayer et voir ce que ça allait donner. J’ai adoré faire ça ! C’est certain qu’il y en aura d’autres. 


Entretien réalisé au Festival de Télévision de Monte-Carlo par Margot Ruyter
Photo Gabrielle Langevin