Réalisateur du premier épisode et producteur de The Terminal List, le légendaire Antoine Fuqua nous raconte les coulisses du projet et nous livre son ressenti sur l’industrie du cinéma et de la télévision à l’occasion du Festival de Télévision de Monte-Carlo.
Vous avez 38 films et séries à votre actif en tant que producteur et réalisateur, particulièrement des thrillers et des films d’action. Comment vous êtes-vous retrouvé sur le projet The Terminal List ?
Antoine Fuqua : La série The Terminal List est basée sur un livre d’un ancien Navy SEAL dont un ami m’avait parlé avant sa sortie. J’étais en pleine négociation pour racheter les droits du livre et j’ai découvert que Chris Pratt était dans la course. Comme nous sommes de bons amis, Chris m’a appelé pour me dire qu’il avait eu les droits et pour me demander de faire ce projet avec lui. C’est comme cela que ça a commencé. J’adorais déjà l’histoire du livre et, avec la présence de Chris, le projet était encore plus excitant.
Vous envisagiez déjà de faire appel à Chris Pratt pour le rôle de Reese avant de savoir qu’il avait acquis les droits du livre ?
Oui ! Je l’aurais fait avec Chris dans tous les cas.
Qu’est-ce qui fait un bon thriller selon vous ?
C’est difficile à dire, mais les meilleurs thrillers, de mon point de vue, sont ceux qui ne vous disent pas tout et gardent une part de mystère. Ce que vous ne savez pas est souvent plus intéressant que ce que vous savez.
Vous avez débuté en réalisant des clips pour Stevie Wonder ou Prince. Comment vous êtes-vous dirigé vers le cinéma ?
J’ai toujours adoré la musique et le cinéma. Pour moi, ils vont main dans la main. Les clips musicaux ont été un très bon terrain d’entraînement pour expérimenter et apprendre davantage sur la technologie, les caméras, la lumière. Ça a été un incubateur génial pour apprendre à réaliser.
Vous avez réalisé Training Day qui a offert un Oscar à Denzel Washington en 2002. Depuis ça, vous avez travaillé plusieurs fois ensemble. La loyauté et la fidélité sont-elles importantes au cinéma ?
Je crois que la loyauté est importante dans la vie tout court. C’est quelque chose que je recherche quand je rencontre un acteur. Si vous trouvez quelqu’un avec qui vous partagez la même énergie, celle que je partage avec Denzel, et que cette personne veut retravailler avec vous, alors vous êtes chanceux ! C’est la même chose avec Chris. On a travaillé ensemble sur Les Sept Mercenaires.
Qu’est-ce que cela représente pour vous de présenter The Terminal List au Festival de Télévision de Monte-Carlo ?
C’est génial d’être là, dans un environnement plus international qu’aux États-Unis. Le fait que les gens soient touchés par la série me dit que j’ai pris la bonne décision en la réalisant. C’est plus qu’une histoire de Navy SEALS, c’est une histoire humaine avant tout. Ça représente beaucoup pour moi.
Le public américain est-il différent du public européen ?
Le monde change avec Internet. Les gens se ressemblent de plus en plus sur certains points. Nous devons réaliser des films à vocation internationale. Nous devons penser à de plus grandes histoires humaines, des histoires universelles. Les films sont fantastiques quand vous ressentez que l’histoire vous parle, peu importe la langue.
Quelle est la principale différence entre une série et un film ?
Je ne sais pas. Je ne pense jamais en matière de série ou de film. Pour moi, c’est la même chose. Si vous filmez à destination du grand écran, vous allez utiliser certaines techniques différentes de celles pour une série mais c’est tout. On a filmé The Terminal List comme un gigantesque film découpé en plusieurs parties. Je crois qu’aujourd’hui, la télévision, c’est du cinéma.
Comment imaginez-vous le futur de l’industrie ?
J’espère que la qualité restera la même et même encore meilleure. Je rêve que la télévision et le cinéma travaillent ensemble et je crois que, si les plateformes donnent de plus grandes opportunités aux réalisateurs, la qualité des productions n’en sera que meilleure.
Quel conseil donneriez-vous à un jeune producteur ?
Continuez d’essayer de faire votre film. N’ayez pas peur d’échouer. On apprend plus d’un échec que du succès. Soyez courageux, très très courageux ! Ne baissez jamais les bras car le jour où vous abandonnez, vous avez perdu.
Entretien Margot Ruyter
Photo Gabrielle Langevin