SUPER CANNES 7 : ROLLING TARANTINO

Affiche Rolling Tarantino

C’était l’événement de la journée, Quentin Tarantino sur la Croisette pour présenter un film-surprise. Ce film, c’est l’un de ses préférés, Rolling Thunder (Légitime violence, John Flynn, 1977), projeté en 35mm. QT est resté pendant la projection (où il a hurlé un énorme « Fuck yeah » lors d’une scène particulièrement jouissive) et a parlé plus d’une heure devant un public de fans en délire.

Violence(s)
J’aime les films violents, comme d’autres aiment les comédies musicales ou les films loufoques. C’est cinégénique et ça m’éclate. Ma limite, ce sont les animaux. Je déteste que l’on tue des animaux à l’écran, même des insectes. Il y a eu des films européens ou asiatiques dans lesquels on tuait des bêtes, mais je ne paie pas pour voir de vraies mise à mort. Le cinéma, c’est l’art du faux, comme des enfants qui jouent. Je ne veux pas voir de vraies morts, sauf dans un docu zarbi. C’est ma limite ! J’ai également vu pas mal de films gore dégueulasses, avec une violence pas vraiment nécessaire. Ce qui me gêne le plus, c’est que c’est mal fait, quand les mecs sont vraiment incompétents… 

Rolling Thunder
Paul Schrader, le scénariste, a renié le film, notamment à cause de la fin où les deux mecs débarquaient dans le bordel mexicain et massacraient non seulement les méchants mais tout le monde : les clients, les prostituées, les serveurs… Et on comprenait que ces mecs étaient juste des dégénérés racistes. Schrader a dit qu’il avait écrit une critique des films de vengeance fascistes mais que Rolling Thunder est devenu un film de vengeance fasciste. Peut-être, mais c’est le plus génial des films de vengeance fascistes !

rolling thunder


Taxi Driver
C’est un des meilleurs films jamais réalisés et je ne peux l’imaginer sans Harvey Keitel. Scorsese en a fait la meilleure version possible.

Brian De Palma
Dans les années 70, j’ai grandi avec les films de Scorsese, Coppola, Lucas, Spielberg ou De Palma, avant même de repérer leurs noms sur un générique. Dans les années 80, ils formaient une véritable communauté de réalisateurs. Tout le monde aimait Spielberg et Scorsese, mais ce n’est pas trop mon genre d’aimer le mainstream, comme je n’ai jamais couru après la fille la plus populaire du lycée. Ce que j’aimais avec De Palma, c’est qu’il y avait de grosses bagarres quand on en parlait, on pouvait en venir aux poings. Aimer De Palma, cela voulait dire se bagarrer contre des trucs comme « il a pillé Hitchcock, c’est une merde ». J’adore l’élément satirique chez lui, son approche de la mise en scène et comment il arrive à émouvoir le public.

La fin d’Inglourious Basterds et Once unpon a time… in Hollywood.
Je me posais pas mal de questions sur la fin de Basterds. Une nuit, à deux heures du matin, alors que j’écoutais de la musique, une petite voix m’a dit « Bute Hitler ! » Hein, on peut faire ça ? Et je me suis dit, bien sûr, c’est mon film. Le lendemain, j’ai relu ce que j’avais écrit et je l’ai gardé.
Pour la fin de Once upon a Time… in Hollywood, je voulais simplement sauver Sharon Tate et buter ces enfoirés.

La prisonnière du désert & John Ford
Pendant des années, je ne comprenais pas ce film et je n’aimais pas le personnage de Jeffrey Hunter, alors que j’aimais bien celui de John Wayne, ce connard raciste. Je ne comprenais pas l’enthousiasme de cinéastes comme Milius, Spielberg ou Bogdanovich. Puis j’ai voulu revoir le film et j’ai enfin compris. C’est émouvant, même si je suis moins fan que les autres. Moi, je suis du côté de l’Indien Scar, je ne pense pas que Natalie Wood serait revenue vers les Blancs et j’aurais préféré que John Wayne l’abatte. Toujours signé John Ford, je déteste la fin de Massacre de Fort Apache. Ford absout Henry Fonda après ce massacre. Dans les années 40, personne n’a questionné cette fin, ça nous raconte vraiment la mentalité de l’époque. C’était un film de blancs pour les blancs. Mais il ne faut absolument pas « cancellé » ce cinéma, jeter ces films à la poubelle, il faut les étudier.


Prochain film
Pourquoi j’écris un film sur un critique ? C’est une longue histoire… Il va falloir attendre les gars. J’ai presque envie de vous raconter des monologues, mais non ! To be continued…

LA PHRASE DU JOUR
« Sur le tournage, il y a eu des hauts, des bas. Mais surtout des bas ! »

Une des actrices de Salem de Jean-Bernard Marlin


Par Marc Godin