NOAM SINSEAU, HAHAHA MAKER : « SE CÉLÉBRER ! »

Noam Sinseau

Le stand-up le plus excitant de cet hiver 2024, c’est lui. À 25 ans, ce Martiniquais casse la baraque de la Nouvelle Seine avec son spectacle un peu voguing et très explicite, Makoumè Superstar. Interview déconstruite.

Tu joues ton premier spectacle, Makoumè Superstar, à la Nouvelle Seine après y avoir fait tes débuts avec la troupe Comedy Love. « Makoumè », c’est quoi ? 
Noam Sinseau : Ça veut dire « pédé » en créole. Et « Superstar », c’est ce que je suis ! L’un est une insulte, l’autre promeut la confiance. Dans le spectacle, je parle d’acceptation et de bien-être, c’est une ode à la résilience. J’y raconte mon parcours, mais je veux aussi parler de la force que l’on peut tirer des épreuves les plus compliquées, face à un système parfois injuste. On ne doit pas s’excuser de qui l’on est.

Donc si là, je te traitais de Makoumè, que me répondrais-tu ?
Tout à fait !

Pourquoi la Nouvelle Seine ?
C’est symbolique pour moi, je préfère remplir dix fois cette salle que de faire un Zénith.

Tu as quitté la Martinique à l’âge de 18 ans pour venir à Paris. Ce qui t’a poussé à partir ?*
Officiellement, c’était pour poursuivre mes études de commerce. Officieusement, je ne voulais pas en faire, mais ce cursus me permettait d’obtenir une bourse et de partir sans frais. En Martinique, c’était très compliqué par rapport à mon homosexualité. J’avais besoin de tourner une page de ma vie.

Tu dis être un « Hahaha Maker ».
J’écrivais des threads drôles sur Twitter, et c’est une humoriste, Marine Baousson, qui m’a repéré. J’ai donc participé à son plateau d’humoristes, le « One Mad Show ». J’ai ensuite rejoint Tahnee et Mahaut Drama, des amies du stand-up, dans le collectif féministe et queer « Comédie Love ». Et j’ai commencé le stand-up de manière officielle en septembre 2021.

Le voguing occupe une place importante dans ta vie et tu l’intégres également dans ton spectacle.
Une fois à Paris, je me suis accepté comme homosexuel, mais j’avais refoulé ma part martiniquaise, tant j’avais souffert là-bas. Avec le voguing, j’ai découvert une communauté noire, LGBTQIA+, qui s’émancipe et se célèbre. J’ai ouvert les yeux, je n’ai pas honte d’être gay et martiniquais. Je cherche quelque chose de poétique dans la liaison des blagues, ce qui fait que le voguing m’aide réellement.

Et ta musique du moment pour voguer ?
Ma musique du moment, c’est évidemment « Cozy » de Beyoncé, mais le remix de DJ MikeQ, faut absolument qu’on se l’écoute, c’est génial !

@noamsinseau

 

Par Alexandre Renusson
Photo Orane Auvray