DJ VADIM, PIONNIER ÉLECTRO : « JE SUIS L’OIGNON, LUI, LE FROMAGE ! »

DJ Vadim

Londres, le CBD, la musique-potage, le reggaeton… sont quelques unes des inspirations du 18ème album de Dj Vadim, Feel Up Vol.1. Interview au feeling.

Pour cet album Feel Up Vol.1, tu invites un guest par morceau. Tu en avais marre de faire de la musique seul ?
DJ Vadim : « Sharing is caring, Sharing the music feels better. » J’aime partager avec les autres car chaque personne à son histoire et apporte quelque chose à ma créativité. Ils apportent leur contribution à la soupe : si la musique est un potage, vous êtes l’ail, je suis l’oignon, et lui, c’est le fromage (rires) ! 

Pourquoi tes parents t’ont-ils appelé Vadim, au fait ? Ils étaient fans de Roger Vadim ? 
Ah non ! Mon nom signifie deux choses : Vadim est un prénom russe voulant dire « autorité », et Peare, mon nom de famille, signifie poire (« pear » en anglais), quelque chose de plus doux. Je me sens entre ces deux significations, j’aime être sérieux tout en m’amusant en tant que DJ. Ils ont peut-être choisi le bon prénom car, dans un certain sens, « on devient son nom ». 

Tu es né à Saint-Pétersbourg et tu as passé ta jeunesse à Londres…
Depuis mon enfance, je voyage beaucoup. J’ai été élevé au Royaume-Uni, mais je ne l’ai jamais senti et, comme beaucoup d’enfants immigrés, j’y ai rencontré plein d’enfants de nationalités différentes. Et même si les parents ont quitté le pays, les enfants reviennent toujours à l’héritage de leurs origines. Je me sens surtout comme un Européen, comme quelqu’un faisant partie de quelque chose de plus grand. 
 

« OUI, C’EST UN ALBUM (UN PEU) SOUS INFLUENCE. »

 

Tu t’es associé à la banque de graines espagnole Kannabia pour offrir des graines de CBD avec les précommandes de l’album. Le cannabidiol, c’est ton truc ? 
Je n’en ai pas besoin, mais j’aime que cela me détende. D’autres aiment boire un verre de whisky ou manger un bout de fromage, moi, c’est le CBD ! Mais tout ce que l’on met dans notre corps exerce une influence sur notre façon de créer et notre façon d’écouter de la musique. Alors oui, c’est un album – un peu – sous influence. 

Au cours de tes 25 ans de carrière, tu as sorti énormément de morceaux. 
Ce qui est contraignant pour moi, c’est le temps :  j’aimerais en avoir plus, avec des journées de 72 heures, des semaines et des mois plus longs pour créer encore plus. 

Tu voudrais que l’album soit un souffle d’air frais dans un monde toxique, c’est ça ?
C’est ce que représente la pochette. J’ai trouvé sur Internet un mec américain qui faisait des dessins sur la police. Cet album est une invitation à la fête, à la danse et aux différentes cultures.

Éclectique, dans quel rayon faut-il le ranger ?
L’album est un mélange de plusieurs styles, du hip-hop à la musique urbaine, au music-hall, en passant par le dub. On m’a dit un jour : « Vadim, tu fais de la musique électronique ». Mais si, toute ta vie, tu écoutes des guitaristes, tu joueras de la guitare. Un album est un mélange très personnel car la musique elle-même est une association de beaucoup de choses. C’est une façon de penser très différente des années 1990 : aujourd’hui, les gens s’attendent à ces mélanges. 

Tu vis à Budapest… La ville de ta jeunesse, Londres, ne te manque pas trop ?
J’ai vécu à Barcelone, un peu à Berlin, et maintenant à Budapest… Mais on ne peut pas comparer ces villes à Londres, la ville par excellence de toutes les musiques. La seule ville où tu peux habiter après Londres, c’est New York ou Los Angeles, peut-être Paris. 

Donc la prochaine destination, c’est les US ?
Je ne sais pas ! Si à New York tu veux écouter du jazz, du gospel, etc., tu peux, mais pas autant qu’à Londres. Et surtout, je suis fier de faire partie de l’histoire de la musique anglaise, car elle ne fait pas partie des meilleures, elle est LA meilleure.

Tu composes énormément. Aimerais-tu sortir encore davantage de disques ? 
Nous avons un temps court d’attention, j’ai enregistré beaucoup de musiques, mais je ne peux pas faire des albums avec 25 titres. Il y a quatre ans, Kanye West a sorti un album de sept titres, c’est brillant. Les gens ne donnent pas la même attention pour tous les morceaux. Mon album se compose de dux titres et il y aura deux volumes Feel Up. Je n’ai pas fini !

Tu as émergé en même temps que la French Touch, au milieu des années 1990… 
La musique est complètement différente en 2022. Aujourd’hui, tous les musiciens semblent vouloir sortir de leur catégorie initiale. La vie change et j’adore ça, tout est devenu très mixte. La musique, c’est la vie. Et la vie change… 

Feel Up Vol.1 (Soulbeats Records).


Par
Mathilde Delli
Photo Hadizs Pictures