Dita Von Teese « je suis quelqu'un de très pratique »

La pin-up américaine s’apprête à rejoindre la troupe du «Fashion Freak Show», le spectacle monté par le couturier Jean Paul Gautier aux Folies Bergère (du 22 au 27 janvier). A cette occasion, n’avons pas résisté à vous livrer notre échange avec l’effeuilleuse la plus célèbre du monde, qui s’est déroulé au printemps 2018, lors de son dernier passage à Paris… 

Quand on s’apprête à rencontrer l’ancienne épouse de Marilyn Manson et la star mondiale du burlesque, on est dans ses petits souliers. On révisait nos questions les mains moites, mais Miss Von Teese mis tout le monde à l’aise. Malgré son fond de teint impeccable, Dita nous a parlé sans fard. Une copine, ou quasi…
Hello Dita, vous avez réalisé un album avec l’un de nos chouchous Sébastien Tellier. Comment cela s’est-il passé ?
Dita Von Teese : Je l’ai découvert ici à Paris, en 2005 ou 2006. A l’époque je sortais alors avec un acteur français, Jérémie Elkaïm. Il m’a fait découvrir « La Ritournelle » et les premiers albums de Sébastien. J’ai adoré. J’écoutais souvent sa musique et, quand j’ai fait mon show au Crazy Horse, je l’ai invité. On s’est croisés brièvement après le show et j’en étais restée là – jusqu’à ce que son label me contacte pour me dire qu’il m’avait écrit un album. Quelle idée saugrenue ! J’ai commencé par dire à Sébastien que je n’étais pas une chanteuse. N’étant pas du genre frileux, il m’a dit que ce n’était pas grave du tout et m’a envoyé des démos de chansons, certaines où il chantait. D’autres, il me les présentait le jour de l’enregistrement, soit à son studio parisien, soit à Los Angeles.

Il paraît que vous n’aimez pas que les stylistes et leurs coiffeurs touchent à vos cheveux. Vous avez peur de ne pas être reconnue sans cette coupe unique, très Hollywood années 40 ?
Ce n’est pas seulement ça. Un jour, je suis venue participer à un défilé de mode, ici à Paris. Ils avaient dépensé tout cet argent pour me faire venir mais ils m’ont coiffée et maquillée exactement comme tous les autres modèles. Personne ne pouvait me reconnaître. Quel gâchis ! Même le lendemain, dans les magazines, on ne savait plus trop laquelle j’étais, c’était un peu bizarre psychologiquement… Mais pour répondre à votre question : je me coiffe moi-même et je ne connais qu’une poignée de coupes « Dita ». Donc si vous voulez que je me coiffe différemment, venez avec une coiffeuse !
C’est noté. Vous avez déjà chanté en français. Vous avez pris des cours pour le spectacle ? 
Je parle un tout petit peu le français (en français). Si j’avais pu faire tout l’album en français, je l’aurais fait. Un soir, je disais à un chauffeur de taxi qu’en français, j’ai le niveau d’un enfant de 5 ans. Il m’a répondu que son enfant de 5 ans parle bien mieux que moi !
Les chauffeurs de taxi ne respectent plus personne. Vous avez déjà donné des concerts ?
Disons que même s’il m’est déjà arrivé de chanter en live, je me vois mal donner un concert pyrotechnique comme ceux de Britney Spears à Las Vegas !
Britney danse énormément, certes – mais chante en playback. Elle ne dupe personne, si ?
Même les plus grands chanteurs ne chantent pas tout au long d’un concert, vous savez, peu importe la voix qu’ils ont… La question n’est pas là. Une chose à laquelle j’ai pensé, avec mon côté un peu « control-freak », c’est que je pourrais créer des scènes, des looks, faire un show hybride de tout ce que je fais dans le burlesque, un mélange…
Tout faire par soi-même, comme vous, c’est la première règle du savoir-vivre ?
Ça vient d’une volonté que j’ai eue à mes débuts de faire quelque chose de particulier, qui n’était pas du tout populaire à l’époque… Et ça vient aussi d’une volonté d’écrire ma propre histoire. La seule manière d’y parvenir est de m’inventer moi-même, de décider pour ci ou ça. Sinon, à quoi bon ?

ENTRETIEN LOUIS-HENRI DE LA ROCHEFOUCAULD & LAURENCE RÉMILA