XAVIER-MARIE GARCETTE : « DU MOINE ET DU VOYOU »

Xavier-Marie Garcette

Coup de foudre à Rocamadour : dans son roman La Vierge noire et le voyou, l’écrivain Xavier-Marie Garcette retrace la conversion du compositeur Poulenc. À méditer. 

Votre roman est centré sur Francis Poulenc, mort en 1963. Pourquoi lui ?
Xavier-Marie Garcette: La première fois que j’ai entendu parler de Francis Poulenc c’était en 1996 lors de vacances d’été. Je visitais la ville de Rocamadour mais à cause de, ou grâce à la chaleur et du monde nous avons écourté la visite en nous réfugiant au frais d’un musée d’art sacré Francis Poulenc. On y voyait des œuvres et quelques informations sur lui, notamment le fait qu’il se soit converti à Rocamadour en 1936. Deux ans plus tard, dans le cadre de mon travail dans cette région, je rencontre un musicologue ayant besoin de subventions pour créer le concours de piano Francis Poulenc à Brive. Ce projet m’a intéressé et j’en suis devenu le mécène. Je me suis donc intéressé à ce compositeur et son œuvre m’a beaucoup touché, surtout Le Dialogue des Carmélites.

Comment vous êtes-vous plongé dans sa vie ?
Lorsque j’ai commencé à écrire sur lui, j’ai lu quelques biographies, mais ce n’était pas suffisant. Un jour, j’ai trouvé les correspondances du compositeur aux éditions Fayard, puis un recueil de textes qu’il a écrit au cours de sa vie, intitulé J’écris ce qui me chante. C’est surtout grâce à cela que j’ai réussi à saisir ce personnage et j’ai pu écrire comme il le fallait.

Que sait-on de Poulenc et de cette Vierge Noire ?
Poulenc a vécu entouré d’amis et il a formé un trio musical au piano avec Bernac qui chantait et Gouvernet, professeur de chant. Ils tournaient un peu partout en province. Un jour, ils décident de visiter Rocamadour et Poulenc tombe nez à nez avec la Vierge Noire qui fait la renommée de la ville. C’est le coup de foudre et il décide de se convertir immédiatement.

Vous citez Claude Rostand qui dit : « Il y a chez Poulenc du moine et du voyou ».
Tout à fait ! Pour se replonger dans le contexte, il faut revenir aux années 1950. Poulenc est critiqué par la presse lors d’un festival de musique à Aix en Provence où il joue son Concerto pour piano. Son œuvre est jugée trop triviale et simple car elle appartient à son registre guinguette, pour lequel il est un peu moins connu. Claude Rostand, critique musical, et également ami de Poulenc, le défend par cette phrase très juste. Ce à quoi l’intéressé répondit : « C’est vrai, hélas ». Poulenc, c’est tout et son contraire, c’est sa complexité et cette dualité qui le rendent touchant et intéressant.

La Vierge noire et le voyou
Des auteurs des livres, 2023
163 pages, 16,60 €


Entretien Anna Autin
Photo : Gabrielle Langevin