Avec son casting en or massif composé de Fanny Ardant, Mathieu Kassovitz, Lætitia Dosch, Nicolas Duvauchelle, Les Rois de la piste s’apparente à une bulle de champagne. Rencontre avec Thierry Klifa pour cette comédie imparable sur la famille et ses petits tracas.
Après plusieurs mélos, vous vous essayez à la comédie ?
Je suis profondément mélancolique, mais je suis également gai et je reste toujours optimiste. Après l’épidémie de Covid, une période très sombre pour moi, j’avais envie de légèreté, de comédie, d’aller vers quelque chose d’heureux et que les gens se sentent bien avec mes personnages, comme on se reconnait dans ceux de Jean-Paul Rappeneau. Et c’était super passer du temps avec les Zimmerman, cette famille de petits voleurs, de bras cassés. C’était joyeux à écrire, à filmer, à monter.
C’est néanmoins une comédie atypique, avec des accents policiers.
Ce n’est pas une comédie avec des acteurs de comédie, il n’y a pas de gros gags, on ne rit pas des personnages mais avec eux. Évidemment, ça a été dur à financer. Mais malgré les problèmes, les défections d’acteurs sans parole, j’ai pris un plaisir immense sur ce film.
Une nouvelle fois, vous racontez une histoire de filiation, de famille, de transmission.
On ne s’en sort jamais, que l’on voit toujours sa famille ou que l’on ait plus de rapport avec elle.
Est-ce que Les Rois de la piste est un film autobiographique ?
Je suis dans tous mes personnages, notamment celui de Mathieu Kassovitz. Je ne suis pas un escroc, un bras cassé, peut-être, mais ce qui est sûr, c’est que je suis toujours plus proche des perdants que des gagnants.
Vous avez été critique de films et votre film transpire l’amour du cinéma.
Le cinéma est la grande histoire de ma vie. Je suis très cinéphile, cela fait partie de mon ADN. Je peux faire des clins d’œil à des films, à des réalisateurs, mais je ne fais pas des films pour les cinéphiles. Je suis influencé par les films mais parfois, on me fait remarquer une référence à laquelle je n’avais pas pensé… Pour Les Rois de la piste, cela m’amusait de jouer avec les références du genre, même avec la musique. J’ai beaucoup pensé à une comédie de Sidney Lumet, Family Business (1989, avec Sean Connery, Dustin Hoffman et Matthew Broderick).
Comment faites-vous pour réunir de tels castings ?
Je tourne souvent avec des stars comme Catherine Deneuve, Nathalie Baye ou Fanny Ardant. Travailler avec des Stradivarius, c’est formidable. J’espère simplement leur rendre ce qu’elles me donnent. Elles doivent aimer mon cinéma, les histoires que je raconte. Mais ce n’est pas à moi de dire cela…
Un mot sur Fanny Ardant ?
Quand j’étais journaliste à Studio, elle m’avait dit qu’il fallait absolument que je fasse du cinéma… C’est une femme que j’aime profondément. J’ai fait trois pièces de théâtre avec elle, je la connais depuis vingt-cinq ans. Rachel Zimmerman, c’est peut-être le personnage qui est le plus proche d’elle : elle ne marche pas dans les clous, elle ne se soumet pas. C’est une guerrière, elle défendra jusqu’au bout les gens qu’elle aime. Comme Rachel Zimmerman dans le film. Ses fils, elle les aime plus que tout.
Quel sera votre prochain film ?
Je ne peux pas en parler, mais le tournage est prévu pour début juin.
Les rois de la piste de Thierry Klifa
En salles depuis le 13 mars
Par Marc Godin