1 – CONNEMARA – NICOLAS MATHIEU
Et si on avait trouvé, avec l’auteur « goncourtisé » de Leurs Enfants après eux, l’équivalent des grands romanciers sociétaux US d’aujourd’hui ? Difficile de ne pas y songer à la lecture de cette histoire simple, sur deux jeunes quadras un peu perdus, dans l’Est de la France. La « midlife crisis » vue par une femme qui a connu l’ascension sociale et un ancien beau gosse du lycée, fan de hockey devenu vendeur de nourriture pour chiens. Mathieu a le chic pour montrer le pouvoir, à travers les éléments de langage de l’entreprise, et les petites humiliations du quotidien. Une seconde chance est-elle offerte à chacun ? Au fond, que signifie « réussir sa vie » ? Vastes questions. Connemara, c’est juste, brut et beau, jamais appuyé. Alors, faites péter Michel Sardou !
(Actes sud)
2 – LE ROYAUME DÉSUNI – JONATHAN COE
Nos amis britanniques ont le chic pour s’emparer de leur histoire. Après David Mitchell et son Utopia Avenue, l’auteur de Bienvenue au club signe une grande saga Cadbury, dont Queen Mum pourrait être fière.
(Gallimard)
3 – CHER CONNARD – VIRGINIE DESPENTES
Evénement de la rentrée, l’auteure de Baise-moi a surpris avec un très efficace roman épistolaire à l’ère de MeToo, finalement moins radical sur le fond qu’on ne l’imaginait. Et si c’était ça, la subversion ?
(Grasset)
4 – VERS LE PARADIS – HANYA YANAGIHARA
Le concept de cette fresque fleuve ? Trois hypothétiques virages de l’Histoire américaine, avec des personnages homonymes agencés différemment et des modèles de société qui n’ont rien à voir. Une prouesse bluffante.
(Grasset)
5 – UNE SOMME HUMAINE – MAKENZY ORCEL
Finaliste malheureux du Goncourt, le poète haïtien a su imposer sa langue virtuose et sans concession dans ce grand roman féministe, doublé d’un ambitieux portrait de la France d’aujourd’hui. Soufflant.
(Rivages)
6 – L’INCONDUITE – EMMA BECKER
Non, la réussite de La Maison n’avait rien d’un hasard. La panache avec lequel l’autrice réussit à parler maternité, amour et sexualité peut bien sûr dérouter. Mais c’est justement ce côté sans fard qui donne toute sa force au texte.
(Albin Michel)
7 – BILLY SUMMERS – STEPHEN KING
C’est le patron. Dans un registre inhabituel (un vrai roman noir « réaliste » sur l’Amérique avec tueur à gages), il montre une maîtrise narrative hors du commun. Et sans forcer. Le patron, on vous dit.
(Albin Michel)
8 – TENIR SA LANGUE – POLINA PANASSENKO
Rayon titres avec verbe à l’infinitif il y a eu Anéantir de Houellebecq, mais aussi le beau premier roman de cette trentenaire venue de Russie, évoquant son identité tiraillée entre deux pays.
(L’Olivier)
9 – MAMAN POUR LE DÎNER – SHALOM AUSLANDER
L’humour juif US a de beaux jours devant lui. On a ainsi ri jaune avec Les Nétanyahou de Joshua Cohen et cette fable cannibale et maternelle, signée de l’auteur de La Lamentation du prépuce…
(Belfond)
10 – DEUX SECONDES D’AIR QUI BRÛLE – DIATY DIALLO
Au-delà du (premier) roman sur les quartiers et les violences policières, il y a surtout ici une voix et une musicalité où les mots et la bande-son sont plus évocateurs que toute thèse réductrice.
(Seuil)
-1 POUBELLOSCOPE : LE MAGE DU KREMLIN GIULIANO DA EMPOLI
Si le bouquin était sorti, mettons, chez Plon ou Robert Laffont et non en Blanche, aurait-il connu le même engouement ? On parie ?
Par Baptiste Liger (avec L-H.LR.& L.D.)