Un mari trompé, un tueur à gages, un privé raté, des cadavres et 250 000 dollars en vadrouille… Rencontre avec Shane Atkinson, réalisateur de LaRoy, film noir absolument jouissif.
Pourquoi avoir réalisé un polar pour votre premier film ?
J’adore les films noirs, les romans noirs, les « pulps », les bouquins de Dashiell Hammett, Raymond Chandler, ou James M. Cain… J’aime tous les films policiers en noir et blanc avec Humphrey Bogart. Je pense que LaRoy est ma version des vieux pulps, un polar pour le moins improbable.
Comment vous est venue l’idée de votre film ?
Quand je bosse sur un projet, j’ai un carnet où je note toutes mes idées. Les bonnes, les mauvaises… Parfois, je mixe deux idées et ça fonctionne. J’ai eu cette idée de Ray que l’on prend par mégarde pour un tueur à gages et j’ai combiné cette intrigue avec celle de ce mec qui se prend pour un détective. J’ai commencé à écrire des dialogues et j’entendais les voix des personnages dans ma tête. J’ai dû écrire ce script en trois mois. Le financement a été plus long, environ trois ans, et j’ai bossé avec deux producteurs français.
Combien avez-vous eu de jours de tournage ?
J’ai tourné LaRoy en 22 jours, pour un budget de 2 millions, c’est qui est peu car j’avais beaucoup de personnages et pas mal de lieux de tournage différents au Nouveau-Mexique. Je devais faire très peu de prises, deux max, parfois trois…
Vous avez un casting somptueux.
Je savais que nous allions avoir très peu d’argent. Donc j’ai essayé d’écrire de très bons personnages pour que d’excellents acteurs aient envie de les interpréter. Le film oscille entre comédie et polar, je devais donc trouver des acteurs capables de trouver le bon dosage entre thriller et comédie. John Magaro a été le premier acteur que j’ai casté. Il a joué dans plusieurs films dont First Cow, de Kelly Reichardt. Steve Zahn, vu dans Dallas Buyers Club ou La Planète des singes, avait très envie de collaborer avec John.
Et Dylan Baker, découvert dans Happiness, qui interprète un Terminator passablement décavé.
Il avait joué dans une pièce à New York avec John, donc il lui a parlé de notre projet. C’est un redoutable voleur de scènes. il a fait des tas de films, de séries, de pièces… Je voulais un tueur qui ressemble le plus possible à Monsieur Tout le Monde, un mec sympa et jovial qui pouvait se fondre dans le décor. Et disparaitre… C’était un plaisir de le diriger, comme les autres acteurs d’ailleurs. Il y a plein de petits rôles que j’ai offert à des acteurs locaux, mais aussi de New York ou de L.A. Même quand ils n’avaient qu’une seule scène, je voulais d’excellents acteurs. J’ai eu beaucoup chance car ils devaient être bons dès la première prise…
LaRoy fait beaucoup penser à Sang pour sang, le premier film des frères Coen.
C’est la première que l’on me mentionne ce film, d’habitude, c’est plutôt Fargo. Sang pour sang a été une énorme inspiration pour moi. Pour des raisons économiques, les frères Coen ont travaillé avec peu de personnages, peu de lieux. Mais émotionnellement, leur film est très complexe. C’est un des meilleurs premiers films jamais réalisés, donc j’accepte volontiers le compliment.
Le film est-il déjà sorti aux États-Unis ?
LaRoy sort aujourd’hui dans un nombre limité de salles, c’est pour cela que je suis une peu nerveux. C’est une petite sortie et le film sort en même temps en VOD. Malheureusement, c’est de plus en plus courant chez nous et de nombreux films partent directement en streaming. Je vous avoue que ce n’est pas la situation rêvée, c’est pour cela que je suis tellement content que le film sorte en France la semaine prochaine, dans une centaine de salles.
Vous prochain film sera un polar ?
Bien sûr. Le scénario est quasiment terminé et je le tournerai en France.
LaRoy de Shane Atkinson
Sortie en salles le 17 avril
PALMARES DU 4E FESTIVAL REIMS POLAR
Grand prix du jury : Highway 65 de Maya Dreifuss
Prix du jury ex-aequo : Only the River flows de Wei Shujun et Borgo de Stéphane Demoustier
Prix du public : The Last Stop in Yuma County de Francis Galluppi
Prix du jury police : Shock de Daniel Raketa Siegel et Denis Moschitto
Prix de la critique : Steppenwolf d’Adilkhan Yerzhanov
Prix du la compétition Sang Neuf : Blaga’s Lessons de Stephen Komandarev
Prix du jury jeunes : Sons de Gustav Möller
Par Marc Godin