Avec son roman Bella Ciao Istanbul, Pierre Fréha, « reporter de l’intime », nous balade dans les rues stambouliotes, entre chant révolutionnaire et appel à la prière.
Cette année vous publiez votre onzième roman, il se déroule à Istanbul, une ville que vous connaissez bien …
Pierre Fréha : Oui, je vis entre la France et Istanbul depuis maintenant dix ans. Avant d’y vivre, j’allais à Istanbul en touriste, mais je me suis rendu compte que cela ne me permettait pas de comprendre réellement la société et son histoire.Cela m’a intrigué et puis j’ai eu un espèce de coup de foudre pour cette ville, alors j’ai décidé de m’y installer. Je n’écris que de la fiction, je suis un reporter de l’intime, je m’intéresse aux petites gens, à leur quotidien.
Quelles sont les choses qui vous ont frappé en tant que Français habitant en Turquie ?
C’est une mégalopole/métropole mondiale très intéressante, il y a une grande diversité de quartiers. J’ai remarqué l’omniprésence du nationalisme turc et du religieux, le conservatisme est aussi très présent. Il ne faut pas oublier que la Turquie est un état policier et beaucoup de Français d’ Istanbul ont peur de parler de ce système pour ne pas se positionner à l’encontre du pouvoir. Je ne voulais pas en faire partie, c’est aussi pour cela que j’ai décidé d’écrire des romans de fiction se déroulant dans ce pays.
En effet, ce n’est pas la première fois que vous écrivez sur ce pays …
En tant que nouvel arrivant encore influencé par son imaginaire, j’ai écris La Fin du sucre, publié en 2019 aux éditions Orizons. C’est le choc des cultures entre un Français, Marco, qui vient d’arriver à Istanbul et Aziz, un stambouliote. Aujourd’hui je reviens avec Bella Ciao Istanbul en abordant d’autres thématiques propres à la Turquie avec un regard plus aiguisé. Je suis une grande gueule , je n’ai pas peur de parler de ce qui dérange.
Comment et pourquoi avez-vous écrit votre dernier roman ?
J’ai commencé à écrire Bella Ciao Istanbul en mai 2021, vers la fin du ramadan. Un jour, je suis tombé sur un article relatant les faits suivants: des activistes avaient piraté le système d’une mosquée dans une ville voisine pour y diffuser la chanson révolutionnaire « Bella Ciao » à la place de l’appel à la prière. Ça a été ma base. Mes dix années à Istanbul m’ont permis de développer autour de cet événement clé.
Bella Ciao Istanbul, Most Éditions, 276 pages, 18,90 €
Entretien Anna Autin
Photo : Gabrielle Langevin