On a trouvé des pépites dans les petites affaires de Bob Dylan !

Au début des années 70, un fan de Dylan, A.J. Weberman, faisait les poubelles de son idole pour mieux comprendre son génie. Aujourd’hui, son label Columbia exhume le moindre de ses enregistrements non-publiés pour sa « Bootleg Series ». Trash ou trésor ?

Celui qui n’a jamais entendu parler de Blood On The Tracks, chef d’oeuvre si singulier dans la discographie de Bob Dylan, peut difficilement de comprendre l’intérêt de s’offrir l’intégral du 14ème volume des Bootleg Series où figurent les 87 prises originales qui ont donné naissance à l’album.

More Blood, More Tracks

Ecouter cinq tentatives consécutives de la même chanson et Dylan qui coupe court au milieu d’un couplet : « la batterie est en retard », est un peu rébarbatif. Mais s’arrêter là serait une erreur, More Blood, More Tracks est une plongée en eaux troubles et détruit ce mythe du génie créateur, chaque détail est ajouté après de vaines tentatives infructueuses. Dylan tente, inlassablement, se plante, et soudain un détail obtenu dans la labeur est une lumière qui jaillit au bout d’un long tunnel.

Jusqu’ici, la légende racontait des premières sessions studios débutées le 16 septembre 1974 qu’elles avaient été jugées trop monotones par David Zimmermann, le frère de Bob. À quelques jours de sa distribution, l’album était repensé à Minneapolis où cinq chansons étaient ré-enregistrées, dont « Idiot Wind », désormais plus flamboyante et épique – le texte est un pur règlement de compte avec sa femme, Sara.

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Mais comment ne pas être touché à l’écoute de son interprétation plus apaisée qui figure dans ce bootleg, où la voix de Dylan se fait plus éraillée que jamais, miraculeusement plus précise aussi, sans artifices aucun. More Blood, More Tracks dévoile la facette la plus intime du Zimm’, qui plus jamais ne se montrera aussi vulnérable.

More Blood, More Tracks (Columbia ; coffret, CD simple ou double vinyl)

BAPTISTE MANZINALLI