MARLEY & MOI

bob marley technikart

Anne-Sophie Jahn, journaliste au Point exhume dans son dernier livre, Bob Marley et la fille du dictateur, une incroyable histoire d’amour cachée depuis 40 ans. Interview.

Comment est née l’idée de cette enquête ?
Anne-Sophie Jahn :
Voici quatre ans, en regardant Marley de Kevin MacDonald, un excellent documentaire, j’ai découvert Pascaline Bongo qui évoquait le premier concert de Bob Marley en Afrique, chez elle, au Gabon en 1980. Elle parlait amoureusement du chanteur et je me suis demandé s’ils avaient eu une histoire. La rencontre du prophète rasta et de la fille du dictateur Gabonais, Omar Bongo, racontait tellement : le reggae, la décolonisation, le panafricanisme, la Francafrique…

Comment s’est vérifiée cette intuition ?
J’ai lu tous les livres que j’ai pu trouver sur Marley, puis j’ai avancé par cercles concentriques. L’ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas et feu le journaliste Pierre Péan sur le Gabon. Al Andreson, le guitariste des Wailers et Bruce W. Talamon leur photographe à Los Angeles, qui m’ont confirmé la relation. En Jamaïque, ensuite, chez Chris Blackwell le fondateur d’Island Record, qui a signé Marley et m’a donné les bons contacts à Kingston. Mais je voulais surtout rencontrer Pascaline Bongo qui ne donne aucune interview. Et je lui ai envoyé un mail tous les dix jours pendant un an et demi.

Bob Marley était marié, voire polygame…
La religion Rastafari est extrêmement sexiste, polygame, elle interdit aux femmes de traiter ou lisser leurs cheveux et de se maquiller… Et personne ne savait que Bob Marley était marié, il présentait Rita comme sa choriste ou sa sœur. D’un autre côté, il était complexe, paradoxal, chantait « No Woman, No Cry », célébrait les femmes et les aimait indépendantes.

Qu’est devenue Pascaline Bongo ?
Elle avait 25 ans quand Bob Marley est mort quelques mois après leur rencontre. Depuis elle a fait l’ENA, a été la ministre des Affaires étrangères de son père. Et pourtant, il est toujours là en elle, elle cite ses paroles et demeure cette femme amoureuse.

Bob Marley et la fille du dictateur,
Anne-Sophie Jahn (Grasset, 218 pages, 20 €)