MARLEY, LE MOVIE : SOUL REBEL

Fils de Bob Marley, Ziggy, 55 ans, est un des producteurs, avec sa mère Rita, d’un gros biopic musical consacré à son père. Une œuvre d’amour pour envoyer au monde les vibrations positives de Bob.

En 2008, on a annoncé un documentaire sur Bob Marley que vous deviez produire, avec un certain Martin Scorsese à la réalisation.
Ziggy Marley : Absolument, mais tu sais, certains projets se montent, d’autres pas, c’est comme ça. Martin est parti sur un autre doc (probablement Shine a Light, avec les Rolling Stones, ndlr). Mais nous avons produit en 2012 celui de Kevin Macdonald (après que Jonathan Demme a commencé le travail, ndlr), un très bon documentaire.

Pourquoi ce long-métrage de fiction, Bob Marley : One Love ?
Nous voulons porter un message au monde, un message d’amour, dans un monde qui en a besoin plus que jamais. C’est vraiment pour cela que nous avons fait ce film, pas pour l’argent, man. Le film montre la vie de Bob, sur une courte période, et nous voulions vraiment passer le message de Bob à la nouvelle génération. Son esprit est au cœur du film, aucun doute là-dessus sinon, on ne l’aurait pas fait. Il y aura peut-être des critiques, mais nous, sa famille, nous savons que ce film lui est fidèle. Nous sommes vraiment très heureux et fiers. Nous envoyons les vibrations positives de Bob (titre d’une chanson de Marley, ndlr) au monde.

Comme pour le formidable doc de 2012, vous êtes producteur de ce long ?
Tu sais, quand il était à l’hôpital, mon père m’a dit de ne jamais l’abandonner. Mon père a pris soin de de moi quand j’étais petit, je m’occupe de lui, ce sont des relations père-fils. Avec ce film, je veux partager la légende de mon père, transcender son souvenir, faire que son message soit toujours en vie et d’actualité. Bob ne doit pas représenter le passé, mais le présent et peut-être aussi le futur. Mon père est en moi et je veux le sublimer. On voulait faire un gros film, une grosse production, à l’image de Bob et c’est ce que l’on a eu avec la Paramount. Et on sort le film en même temps, partout dans le monde entier, le 14 février, le jour de la Saint-Valentin.

Avez-vous été consulté pour le choix de l’acteur qui incarne Bob Marley, Kingsley Ben-Adir ?
Yeah man, j’étais en responsabilité.

Vous l’avez choisi car il n’essayait pas d’imiter votre père, c’est ça ?
Exactement. Et il a apporté une émotion incroyablement puissante, il avait une connexion avec mon père, il a retrouvé l’émotion que Bob provoquait. Ça va vraiment au-delà de l’imitation de la façon de parler ou de bouger. Il fallait retrouver son esprit et il l’a fait.

Et pour le réalisateur Reinaldo Marcus Green, qui a réalisé La Méthode Williams, ou le scénariste Terence Winter, qui a bossé sur Les Soprano, Le Loup de Wall Street ou Boardwalk Empire ?
On les a choisis en famille, avec ma mère et mes frères et sœurs, oui. On voulait voir comment ils étaient en tant qu’êtres humains, donc on a choisi Reinaldo et Terence. Nous avons été impliqués à tous les niveaux de ce film. On voulait faire le film le plus authentique, avec une vraie description de la Jamaïque.

Vous avez suivi le tournage ?
J’étais sur le plateau, et j’ai suivi cela de très près. On a tourné bien sûr en Jamaïque, à Trenchtown (quartier sud de Kingston, berceau du reggae, réputé également pour être un des endroits les plus dangereux de la ville, ndlr), et en Angleterre. J’étais là tout le temps et je peux t’assurer qu’il faisait bien froid à Londres, yeah man ! On a filmé dans les rues de Trenchtown où Bob avait l’habitude de marcher, où j’ai grandi. Je ne te raconte pas la réaction des habitants ! Le film a déjà fait du bien à l’économie locale, l’économie du ghetto, et j’espère qu’il fera du bien partout dans le monde.

« L’ESPRIT DE BOB EST AU CŒUR DU FILM. »

 

Ne vouliez-vous pas apparaître dans le film ?
J’ai fait une apparition mais elle n’a pas survécu au montage (rires).

Le film se déroule entre 1976 and 1978, entre l’album Exodus, la tentative d’assassinat de Marley à Kingston, the Smile Jamaica Concert et the One Love Peace Concert. Pourquoi avez-vous choisi cette période ?
C’est une période charnière, très riche créativement. Mais il y a également quelques flashbacks et on découvre aussi l’enfance de Bob. Dans le voyage émotionnel de Bob, dans sa spiritualité, ces années sont fondamentales. Bob a été trahi par les siens, ma mère a été presque tuée (Ziggy fait référence à la tentative d’assassinat du 3 décembre 1976, avant le Smile Jamaica Concert. Six hommes ouvrent le feu alors que Bob répète avec son groupe. Une balle vient se loger dans son gras gauche, Rita est blessée à la tête, ndlr). Mes parents ont failli mourir alors qu’ils faisaient le bien. Le film montre bien les interrogations de mon père à l’époque, ses sentiments, ses réponses aussi.

Vous étiez là lors de la tentative d’assassinat de votre père ?
Non, non, j’étais à la maison. Mais on me voit dans le film, avec Damian, Rohan, Sharon, et pas mal de mômes. Tu sais, Bob avait un paquet d’enfants (il se marre). Et comme il aimait les enfants, on était très souvent avec lui.

Il a eu dix enfants ?
Quelque chose comme ça, je pense, pas loin, yeah.

Et vous, combien en avez-vous ? 
Sept, man, sept ! 

bob marley
L’ESPRIT RASTA AU CINÉMA_
Dans le biopic sur Bob Marley, Reinaldo Marcus Green, réalisateur de La Méthode Williams, dirige le comédien Kingsley Ben-Adir, vu dans Peaky Blinders, sous les dreads de Bob.


En préparant cet entretien, j’ai retrouvé des photos de vous sur scène avec Bob Marley…
Mais tu sais, moi, ce n’était pas un concert avec Bob Marley, mais avec mon père ! C’est différent. 

À dix ans, vous jouiez dans un groupe avec vos frères et sœurs ? 
Yeah man. On a même fait une première partie de Bob en Jamaïque, en 1979. Toute la famille était sur scène. C’était magique d’être avec mon père sur scène, tu sais. 

Dans plusieurs biopics de rock stars comme Bohemian Rhapsody ou Rocketman, on n’entend pas la voix du chanteur. Vous avez choisi l’option Marley !
Bien sûr. Quand vous écoutez la musique, c’est vraiment Bob. Sa voix, son âme devaient être au cœur du film ! Même dans certains dialogues, ce sont des phrases qu’a vraiment prononcées Bob. C’est un film sur Bob et de Bob ! Impossible d’imaginer une autre voix que celle de mon père dans le film, impossible ! 

Pourquoi écoutons-nous toujours les chansons de Bob Marley, quarante ans après sa mort,?
Dis-moi, j’aimerais bien connaître ton opinion, pourquoi écoutes-tu toujours Bob ?

Peut-être parce que j’écoutais déjà du Marley quand j’étais plus jeune. De plus, j’ai réécouté Exodus toute la journée avant notre entretien, et c’est toujours aussi frais et moderne. 
Voilà ! Exodus est un album dément où Bob explore de nouvelles pistes, c’est pour cela que le film se déroule en 1976. Exodus est la pierre angulaire du parcours de Bob. Tu as vu le track listing de cet album : Natural Mystic, So much things to say, Exodus, Jamming, Waiting in vain, One Love ! C’est juste dément. 

Est-ce que vous allez sortir une B.O. du film ?
Je ne suis pas encore sûr, on y réfléchit… 

Quant à vous, est-ce que vous enregistrez ? 
Yeah man, mais tu sais, j’enregistre tout le temps. Je vais sortir un album live en 2024, ça arrive. 

Vous reprenez votre tournée avec des dates en Australie et la Nouvelle-Zélande. À quand la France ? 
Crois-moi, on aimerait bien revenir en France. Peut-être cet été, man.

Bob Marley : One Love, en salles le 14 février

 

Par Marc Godin
Photos Chiabella James