MAIS QUE VAUT RÉELLEMENT DONDA 2 DE NOTRE YE PRÉFÉRÉ ?

kanye west nouvel album

On le sait, Kanye West, le mégalo le plus touchant de la planète, est en guerre contre les plateformes de streaming. Son dernier coup d’éclat ? Forcer ses fans (nous !) à débourser 200 $ pour son « Stem Player » afin d’écouter son nouvel album. On s’est donc offert ce joujou extra afin de vous faire une analyse track par track du tant convoité Donda 2.

TRUE LOVE :
L’album s’ouvre sur la voix débordante de tristesse du regretté XXXtentacion. Il entonne une phrase a Capella “True love shouldn’t be this complicated, I thought I’d die in your arms”, elle servira de refrain dans la suite de la chanson. La qualité de l’enregistrement laisse penser qu’Il s’agit d’une maquette enregistrée avant sa mort. Kanye West a su en faire un morceau intense et touchant à la manière de Saint Pablo en featuring avec Sampha, l’outro de son album de 2016 The Life of Pablo.

BROKEN ROADS :
L’atmosphère est apaisante, on entend des notes de synthé longues et aériennes, la basse et les percussions sont un poil étouffées, tout est pensé pour être doux à l’oreille. Don Toliver, le protégé de Travis Scott vient parfaire le tableau avec sa voix chaleureuse. Un morceau simple et efficace pour un trajet en voiture au cœur d’une nuit bien sombre.

GET LOST:
Les recettes les plus simples sont souvent les meilleures. C’est un morceau à cœur ouvert dans lequel la voix de Ye comme étranglée par de légers sanglots est le seul et unique instrument. Son utilisation très reconnaissable de l’autotune comble le vide et crée énormément de place et d’emphase autour des mots du rappeur.

TOO EASY :

Premier morceau de l’album qui s’éloigne un peu de la mélancolie avec de grosses basses 808 qui martèlent bien le temps comme il faut. Pourtant le couplet unique d’apparence un peu creux du morceau « Ain’t no one to love me. Ain’t even gonna love me. I need you to love me » (décliné de plusieurs manières en boucle) fait mal au cœur dans la bouche de Ye quand on connaît son légendaire I Love Kanye réel hymne à l’amour de soi, voir plutôt à la mégalomanie.

FLOWERS :
Sur la forme, l’atmosphère joyeuse et florale du morceau aurait pu fonctionner, mais le résultat est brouillon et répétitif. La performance un peu fausse de Kanye (chose qui peut parfois fonctionner si bien amené) ne marque pas tellement. Sur le fond, les paroles expliquent pourquoi c’est une chance d’être la nouvelle copine de Ye, premier pic à Kim, premier skip dans l’album.

SECURITY :
Ici Kanye se veut pesant et menaçant: “I put your security at risk”, “Never stand between a man and his kids”. Encore une fois le titre est très redondant et semble avoir été fait à la va-vite. De bonnes idées mais Assez peu de relief.

WE DID IT KID :
Bon morceau porté à bout de bras par les performances de Baby Keem et des Migos quand kanye se fait pour une fois très discret. Malheureusement le titre dénote et ressemble bien plus à un déchet de Kultur III, dernier album des Migos qu’à une création de Ye.

PABLO :
Court, efficace, bête et méchant. Le couplet de Future à la fin sort un peu du lot mais il n’y a pas grand-chose à retenir de cette chanson.

LOUIE BAG :
Le refrain hommage à Virgil Abloh de Kanye n’a pas de réelle consistance, Il est composé de deux phrases « I Stopped Buying Louis bags after virgil past » et « I’m in the Louis store with a Gucci mask ». Absolument rien à retenir du couplet de Ye qui semble être plus une topline (yaourt entonné pour trouver la mélodie avant les paroles) que quelque chose qu’il d’écrit. Jack Harlow rattrape tant bien que mal le morceau avec un couplet travaillé et bien rappé.

HAPPY :
Deuxième collaboration de l’album avec Future. Les deux rappeurs proposent un morceau agressif et entraînant comme c’était le cas pour Pablo deux titres plus haut. On trouve cette fois-ci un peu plus de fond et de sincérité, par exemple dans le refrain « And we all wanna be happy. Do I look happy, do I look happy to you? » où Ye fait l’aveu de sa tristesse actuelle. Le décalage entre l’émotion dans la prestation et la violence de la production en fait un des morceaux les plus intéressants de l’album.

SCI FI :
En guise d’introduction Kanye West a utilisé un monologue de Kim Kardashian tiré du Saturday Night Live de Jimmy Fallon du 9 Octobre 2021. Elle y explique en quelques phrases pourquoi son ex-mari est le plus exceptionnel des compagnons avant de nous laisser entrer dans une sorte de symphonie spatiale à base de longues notes de synthé et de violons bien planants. Une nostalgie assez unique se dégage de cette chanson en featuring avec Sean Leon.

SELFISH :
Ce morceau très court sonne presque comme un interlude, un petit shot de tristesse pour tous les fans de XXXtentacion dont la voix sert encore une fois de refrain.

LORD LIFT ME UP:
Kanye se contente d’assurer la production sur ce titre pour que Vory chanteur, rappeur de Houston puisse laisser libre court à ses émotions. Aucunes percussions, juste de longs violons, le titre sonne comme un appel à l’aide simple sans fioritures, pure en émotion.

CITY OF GOD :
Faire un son UK drill (style de rap qui à l’origine permettait aux membres de gangs britanniques de décrire la violence des assassinats qu’ils ont commis) et proposer à Alicia Keys d’y chanter le refrain, c’est un pari osé. Pourtant le résultat fonctionne assez bien et Fivio Foreign délivre une des performances les plus marquantes du projet. Le morceau ne sert pas tellement la cohérence de l’album par contre…

FIRST TIME IN A LONG TIME :
Ça fait plaisir de voir Soulja Boy sur la tracklist d’un gros album comme celui-là, mais le morceau ressemble à une maquette posée là sans aucune raison. L’ambiance lumineuse et grandiloquente que les deux artistes ont essayé de créer n’est vraiment pas complète et le résultat tourne très vite en rond.

EAZY :
Pour finir, le single de l’album en featuring The Game et un clip dans lequel Kanye West kidnappe Pete Davidson, le nouveau petit ami de Kim Kardashian. C’est un beau morceau à l’ambiance solennelle sauf si vous êtes du Pete en question évidemment. Peut-être le morceau le mieux produit de l’album.

Deux albums à la suite ça paraissait un peu trop beau. Malgré la rareté que l’artiste à voulu créer autour du projet, Donda 2 sens vraiment le réchauffé. Peu de matière à l’intérieur, des chansons de qualités très inégales, et vraiment le minimum syndical en termes d’écriture de la part de Ye. Tout est redondant, le projet est porté par les featurings, et ressemble au final assez peu à Kanye West. Difficile d’y voir autre chose qu’un gros coup de com pour le Stem Player. Ici à Technikart on se contentera de retourner écouter Yeezus et The college Dropout en souvenir du bon vieux temps.
 

Par Pierre-Alexandre Pestie