FRISSONS À LA RÉUNION

festival la reunion

Goupillé par Aurélia Mengin dans le cœur sauvage de l’île de la Réunion, le festival Même pas peur propose une sélection audacieuse et décalée d’une soixantaine de films véritablement fantastiques.

« Je ne suis pas quelqu’un de très zen dans la vie », assure Aurélia Mengin en éclatant de rire. L’énorme cyclone tropical Freddy vient de passer à 200 kilomètres aux larges des côtes de la Réunion. Pourtant, les problèmes d’Aurélia Mengin, âme damnée du festival Même pas peur, ne se sont pas terminés. Hier, l’électricité était coupée du côté de Saint-Philippe, dans le Sud sauvage de l’île. Après l’édition 2022 sous confinement avec couvre-feu à 21 heures, la 13e édition de Même pas peur, festival international du film fantastique de la Réunion commence donc sous les meilleurs auspices… « Même pas peur n’est pas un festival de suiveur, on s’engage, on prend des risques, on sélectionne des films qui sortent le spectateur hors de sa zone de confort, dans le cadre du fantastique au sens large : avec films de l’étrange, du cinéma d’horreur, poétique, LGBT, différent , surréaliste, anti-normes… On ose en permanence et on se surprend nous-mêmes. C’est devenu un lieu d’exposition, d’avant-garde à l’époque de Netflix et des plateformes. À la Réunion, c’est une chapelle artistique : un lieu d’expo et d’espoir pour de nouvelles tentatives narratives. Ce festival, c’est une oasis pour films difficiles mais qui ont besoin d’être soutenus et surtout vus. »

X, VIOL OCULAIRE ET TAXIDERMIE

Au programme de cette 13e édition, une soixantaine de courts et longs-métrages, dont une comédie musicale sur la taxidermie, un film venu du Rwanda ou un film gore taiwanais… « Nous avons des films de 24 nationalités différentes et un tiers des films sont réalisés par des femmes. On ne fait jamais de quotas, mais à la fin, on a ce résultat ! »

Parmi nos chouchous, citons tout d’abord Earwig, de la trop rare Lucile Hadzihalilovic. Après Innocence (2004) et Évolution (2015), voici l’histoire d’une fillette aux dents de glace, assignée à résidence dans une demeure isolée, à l’abri des grondements d’une Europe hantée par la guerre. Hypnotique, sensoriel, c’est un cauchemar sans fin sublime et gluant.

Avec X, Ti West réinvente le film d’horreur avec humour méta, sexe déviant et Grand-Guignol trash. Nous sommes au Texas, en 1979. Une équipe de débutants débarque dans une ferme isolée afin de bricoler un film pornographique. Leurs hôtes, un couple de vieux rednecks reclus, n’est pas au courant de leurs activités filmiques, et la mamie décrépite semble s’intéresser d’un peu trop près à leurs acrobaties frénétiques… Et c’est parti pour 90 minutes de sexe malade et de violence viscérale, un « fucked up horror movie », comme dit avec malice un des personnages du film.

Mais notre chouchou reste bien sûr The Sadness, présenté en clôture, une histoire de méchant virus qui contamine Taïwan. Bientôt, la maladie mute, transforme les malades en monstres sadiques s’adonnant à la torture et au viol, le rire aux lèvres. Dans une ville de Taipei transformée en enfer, deux jeunes amoureux tentent de se retrouver, tandis que des hordes d’infectés ravagent la ville et que le pauvre spectateur se recroqueville dans son fauteuil… Tête écrasée, yeux crevés, éjaculations d’hémoglobine, tortures sexuelles et même un viol oculaire, c’est peu dire que The Sadness cogne fort et repousse les limites du bon goût. Ça va vraiment secouer à La Réunion…  

MEME PAS PEUR
Du 22 au 25 février, à Saint Philippe, la Réunion

www.festivalmemepaspeur.com


Par Marc Godin