Un festival de musique rue de Sèvres ? Le directeur artistique et image du Bon Marché Rive Gauche raconte les coulisses de ce projet hors norme.
À l’occasion des 30 ans des Vieilles Charrues et des 170 ans du Bon Marché Rive Gauche, le grand magasin organise une série de concerts gratuits au travers d’un warm-up inédit – l’exposition « Un Air d’Été, invité d’honneur Les Vieilles Charrues » est à retrouver en magasin, jusqu’au 19 juin.
Ce printemps, vous accueillez le festival des Vieilles Charrues à travers une série de concerts gratuits et d’installations. C’est une façon de proposer un avant-goût de l’été ?
Frédéric Bodenes : Absolument ! Quel meilleur moyen de donner des envies d’été que d’évoquer les festivals ? Il était donc logique de solliciter l’un des plus grands et des plus chaleureux, celui des Vieilles Charrues, afin d’imaginer une histoire commune.
Comment cette collaboration a-t-elle pris forme ?
On y pense depuis longtemps. Quand je suis arrivé à Carhaix, il y a presque un an, pour rencontrer le directeur du festival Jérôme Tréhorel, il était en train de préparer les 30 ans de son événement, et nous… les 170 ans du Bon Marché Rive Gauche. Un bicentenaire à nous deux ! On a commencé un brainstorming et aujourd’hui, nous sommes fiers de proposer cette programmation de sept concerts, un chaque mardi soir, jusqu’à mi-juin.
Que proposez-vous en plus des concerts ?
Vous pourrez venir découvrir un documentaire de 25 minutes sur l’histoire des Vieilles Charrues, réalisé par Willy Papa de Quotidien, mais aussi quelques produits dérivés – des bobs, des mugs, etc. – pour rappeler l’esprit festival. On a également demandé à huit artistes de réaliser une installation placée en vitrine.
Quelle est l’idée derrière tout ça ?
Notre envie de transformer le Bon Marché Rive Gauche en lieu de vie et d’émotion.
Ce qui a changé depuis vos débuts au Bon Marché Rive Gauche, il y a 20 ans ?
La place de l’émotion par rapport à celle du commerce. Cela se traduit par l’importance de la mise en scène, qui devient de plus en plus forte. Il faut faire vivre une expérience qui enrichisse celles et ceux qui se rendent chez nous. En créant des événements de plus en plus forts, qui suscitent des émotions. C’est une façon d’être complémentaire avec le digital en proposant à nos clientes et à nos clients de venir vivre des moments uniques chez nous, plutôt que derrière leurs écrans.
Comment ces concerts s’inscrivent-ils dans l’histoire du lieu ?
Il y a plus d’un siècle, déjà, le fondateur du Bon Marché Rive Gauche, Aristide Boucicaut, organisait des salons de musique au sein du magasin. La musique fait donc partie de notre ADN. On a accueilli, par le passé, des événements avec Stromae, Bryan Ferry, Catherine Ringer ou, plus récemment, Philippe Katerine. Sans oublier d’autres concerts ces dernières années : Gilberto Gil, Selah Sue, ou même Régine ! Le live fait partie intégrante de notre façon de nous exprimer.
Et comment étaient ces premiers salons de musique ?
Ils étaient dédiés à la clientèle masculine : il s’agissait de distraire les maris pendant que les femmes faisaient leur shopping. Il y avait aussi une fanfare, composée par le personnel du Bon Marché Rive Gauche : ils se baladaient dans Paris lors des grands événements. La musique était déjà présente : on ne fait que perpétuer ce qui a été commencé par les Boucicaut, en le mettant au goût du jour.
Vous venez de réaliser une grande collaboration avec Philippe Katerine : son mouvement le « Mignonisme », un concert, la création d’accessoires…
Il a fallu du temps pour convaincre Philippe Katerine de se lancer dans un projet d’une telle envergure : avec le confinement, il a enfin pu se consacrer à la réalisation de toutes ces œuvres exposées. Nous sommes fiers d’avoir accueilli son concert et cette expo. Vous trouverez d’ailleurs chez nous un 45 tours inédit que Philippe a réalisé pour l’événement.
Et s’il fallait résumer cette programmation en deux mots ?
Décalée et vraie. Comme nous !
Entretien Laurence Rémila