FLEXI-SEXUEL SINON RIEN !

flexi sexuel

Vous en êtes resté à une vision romantique de l’amour monogame où, lorsqu’on dit « oui », c’est pour la vie ? Mettez-vous à la page. Il paraît que l’avenir est à la flexi-sexualité…

Pas besoin d’être un lecteur de Chateaubriand ou de Baudelaire pour croire que l’amour est une denrée rare qu’il faut convoiter… et conserver jalousement. Nous vivons tous plus ou moins dans l’idée que, dans une relation amoureuse, l’autre nous appartient, de façon à la fois réciproque et exclusive. Qui voudrait partager son mec ou sa nana avec un inconnu ? Faudrait être fou ! N’est-ce pas ?

Et pourtant… On constate que la chose est de moins en moins évidente chez les plus jeunes générations. Grâce aux applis de rencontres, le sexe est devenu un véritable marché sur lequel on (se) vend, on achète… et on échange. Sur les apps gays, j’entends même de plus en plus souvent un certain refrain : « Je cherche plutôt du fun », « Je suis ici pour m’amuser », ou encore : « Je suis en relation libre ». Et si la norme est un poil moins évidente chez les hétéros, elle n’est pas non plus exceptionnelle. Des quadras bien installés dans la vie se disent même « poly-amoureux », c’est vous dire !

À l’ère de la flexi-sexualité, l’enjeu est aussi d’affirmer un art de vivre plus léger, où l’attachement exclusif à une personne n’est pas toujours une nécessité. On pourrait y voir une forme de pragmatisme : si le risque de tromperie est grand dans le contexte technologique qui est le nôtre, mieux vaut en tirer les conséquences en pratiquant soi-même le papillonnage. Et si on tombe vraiment amoureux, la dilution du risque que permet la flexi-sexualité aura tendance à nous protéger d’une déconvenue éventuelle, un peu comme avec une assurance… du coeur. Demain, il se pourrait bien que l’amour exclusif reste au placard. Et pour de bon.


Par Tom Connan
Photo : Alexandre Lasnier