Faut-il sauver le rasta blanc ?

qu'est-ce qu'un rasta blanc

Qui l’eut crut ? Espèce en voie de disparition, le blanc-bec à dreadlocks reçoit le soutien de Technikart.

Nathalie, 34 ans, pouf à plein temps, s’en tamponne du mec qui porte des dreads sur la ligne 2 tous les matins. Enfin, elle fait genre. Elle en parle à ses BFFs, à son plan cul, à son coiffeur, et elle tweete en cachette des trucs borderline pour gérer sa crise de la quarantaine à coups de clichés qu’on a tous déjà sortis au moins une fois (« bah alors, t’as pas mis ton sarouel aujourd’hui ? »). En gros, le rasta blanc, c’est ce pote qu’on démonte sans trop penser à mal.

Boobs de ouf

Sauf que dernièrement, il est devenu le truc à la mode pour les twittos en mal d’appropriation culturelle. Nathalie était super choquée que les mannequins de Victoria’s Secret défilent avec une coiffe amérindienne, mais bon, « ils me font des boobs de ouf ». Elle aimait pas le foot avant la blackface de Griezmann, mais elle a pris le temps de cracher son venin sur le sujet en 240 signes. Quand le mois dernier, un humoriste canadien, Zach Poitras, se fait virer de la programmation d’une salle à cause de ses dreads, Nathalie, elle savait plus quoi dire. D’une, parce que le principal intéressé se vanne en premier : « Je me lave les parties intimes pour pas que les autres puent de la gueule ». Classe. Et surtout parce que cette polémique, il en veut pas.

 

Pierpoljak ?

Avec autant de calme que de THC dans un pétard, il appelle à essayer de comprendre pourquoi l’appropriation culturelle est partout depuis quelques années. Dans les années 80 et 90, les tresses de Bo Derek dans 10 et les horreurs de Pierpoljak ne faisaient pas autant polémique. Popularisées par Bob Marley dans les années 70, les dreads adoptées par nos amis tchouls sont devenues pour certains un symbole de « privilège blanc ». Alors qu’en vrai, s’habiller chez Desigual et ne plus se laver les cheveux pourrait aussi signifier un multi-culturalisme affirmé et progressiste.

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Rasta blanc, nouvelle figure d’étendard ? Le bougre deviendra-t-il un symbole de liberté capillaire ? Nous poussant à refuser de voir des couleurs de peaux enfermées dans leur passé culturel, vouer à ne jamais s’entre-mêler ? L’appropriation culturelle est devenu le nouveau buzz facile dans une époque de controverse à la petite semaine, et notre copine Nathalie continue de fantasmer en écoutant la voix d’Olivier Delacroix sur Europe 1 tous les jours à 15h. On lui dit ?

Cédric Hougron