DEAUVILLE 2023 : MÉLANIE THIERRY, PRÉSIDENTE

Mélanie Thierry

Présidente du jury de la Révélation au festival de Deauville, Mélanie Thierry s’affirme depuis quelques années comme une comédienne miraculeuse, qui irradie la pellicule. Rencontre sur les planches deauvillaises.

« Je veux du poulet ».
Mélanie Thierry : C’était ma première réplique lors d’une pub, je devais avoir 13 ans. Il faut bien commencer ! Je ne sais pas si cela a guidé ma carrière… C’était une possibilité qui s’offrait à moi de manière hasardeuse et le désir de ma mère de m’offrir un destin autre. Mais je ne me suis jamais dit que cela pouvait être un avenir possible…

Combien de temps avec-vous été mannequin ?
Cela a été assez bref, je dirais quatre ans. Avec certains photographes comme Peter Lindbergh ou Paolo Roversi, c’était autre chose que de faire de la mode ou vendre de la fringue. D’ailleurs, je n’ai jamais vendu de la fringue, je n’avais ni les dimensions, ni les proportions. J’étais une enfant pas très grande dans un monde où je n’avais rien à y foutre. Je vendais peut-être de la jeunesse, une émotion. 

Vous débutez le cinéma vers quinze ans ?
Je n’ai aucune connaissance de ce milieu, je ne suis pas du sérail, je n’ai pas les codes, je ne suis pas une bourgeoise. Comme je suis curieuse et persévérante, j’ai fait de belles rencontres et il y avait des choses qui me parlaient. 

Et le théâtre ?
J’en ai fait très peu, mais j’ai une passion pour le théâtre. J’ai commencé à 20 ans dans Crime et châtiment, mis en scène par Robert Hossein, mais pour certains, Hossein, c’était trop populaire. Je n’avais jamais été au théâtre dans ma vie ! Je pensais que ça allait être le début de tout pour moi mais je ne savais pas que les gens du métier méprisaient les spectacles de Robert. Puis j’ai fait Le Vieux juif blonde, d’Amanda Sthers, un spectacle merveilleux avec Jacques Weber, et enfin Baby Doll, avec Xavier Gallais.

Il y a un avant et un après La Douleur ? 
Oui. Ce film, c’est la rencontre avec un rôle et un metteur en scène. La rencontre avec Emmanuel Finkiel a été comme une évidence, il y a eu une véritable symbiose entre nous. Il aimait me filmer, je comprenais où il m’emmenait. Nous avions déjà tourné Je ne suis pas un salaud et j’avais adoré sa façon de travailler. Mon admiration pour lui n’a fait que croître. Le film est magnifique. 

Ça a continué avec la série En thérapie et le film des frères Larrieu, Tralala
J’ai adoré ces expériences. Je grandis, j’abandonne enfin l’image de Lolita que l’on m’a accolée et qui était devenue un boulet, comme si je n’avais pas le droit d’être autre chose. Mais il y a des années où tu peux refuser un film, d’autres pas. Maintenant, je peux me déployer, j’aime comment les metteurs en scène m’envisagent. Pour En thérapie, que l’on tournait très vite, je n’avais pas du tout prévu quand l’émotion sortirait. Parfois, l’émotion me submergeait car il n’y avait plus de contrôle.  

Vous êtes présidente du jury au festival de Deauville.
Nous avons une sélection éclectique avec des propositions riches, différentes. On est embarqués dans l’Amérique, sa splendeur, ses névroses, ses excentricités, avec de jeunes metteurs en scène, dont beaucoup sont des femmes. Moi, je suis plutôt vieille école et mes goûts me portent vers Ernst Lubitsch, Billy Wilder, George Cukor… J’aime les comédies bulles de champagne. 

Et vos expériences américaines ? 
Elles n’ont pas été si nombreuses. J’ai bien conscience de ne pas avoir tourné dans les meilleurs films de Spike Lee ou Terry Gilliam, mais j’ai adoré faire partie d’une de leurs créations, d’avoir eu ce moment de vie avec eux. 

Mélanie Thierry sera prochainement sur les écrans dans Soudain, seuls de Thomas Bidegain, et Captives d’Arnaud des Pallières, présenté à Deauville.


Par Marc Godin
Photo : Camille Fermon / Festival du Cinéma Américain de Deauville