DAVID COURTIN, VARIÉTÉ DADA : « J’AIMERAIS UN SHOW À LA JEANNE MAS ! »

David-Courtin

De ses débuts avec son groupe Les Matchboxx, à ce deuxième album solo, Tout est vrai (Monstre Sonore/PIAS, 2023), David Courtin passe de l’excentricité dada, à la chanson de variété. Venu avec la chanteuse et actrice Calypso Valois, qui l’accompagne sur le titre « Calimucho », David Courtin nous parle de sa découverte de la vérité. Interview en cascade.

Tes trois précédents projets – les deux EP réunis sous le titre C’est commercial (Musimouille/Believe, 2011) et l’album Volupté des accointances (Believe/Differ-Ant, 2016) – sonnaient europop et étaient maximalistes. Tout est vrai (Monstre Sonore/PIAS, 2023) semble être une rupture dans ta discographie, je me trompe ?
David Courtin : Je vais avoir 50 ans, c’est peut-être bientôt la fin, donc…
Calypso : Il dit n’importe quoi.
David : Je voulais partir sur un album plus « abordable », moins excentrique. Il s’est passé sept ans entre mes deux disques, ça a vraiment joué. Et puis mon ami Benoît, avec qui je faisais de la musique depuis le début, est parti vivre au Japon. On s’est retrouvé avec Thomas David (qui a composé l’album avec David Courtin, ndlr), le guitariste, et on a fait des instrus sans texte, ce qui a également changé la donne, puisqu’auparavant j’écrivais toujours mes textes avant.
Calypso : Ah ouais ? Wow, je n’ai jamais réussi à faire ça.

Comment Calypso et toi vous êtes-vous rencontrés ?
Calypso : Il y a une dizaine d’années, par des amis en commun. J’adore sa musique, donc lorsqu’il m’a appelé, il y a quelques mois, pour me parler de « Calimucho », j’étais très contente ! Et puis, je me suis sentie ultra narcissique, parce que le nom du morceau me faisait penser à moi – alors que rien à voir…
David : Je voulais qu’elle soit dessus, d’abord, parce qu’effectivement le titre m’a fait penser à Calypso, et puis parce que la référence à ce cocktail étrange entre du coca et du vin, le Calimucho, ne pouvait qu’être mis en valeur par elle !

Tout est vrai a été composé à quatre mains, avec Thomas David qui t’accompagne à la guitare. Quel était votre ligne de conduite pour créer l’album ?
David : J’écris tout le temps des chansons, et je ne me fixe jamais de but, d’idées fixes. Quand j’ai assez de titres, je les rassemble et j’en fais un disque. Par contre, je n’avais pas envie de dire les mêmes choses qu’il y a sept ans. Volupté des accointances est né en pleine discussion sur le mariage pour tous. Beaucoup de gens m’énervaient et dès que je regardais la télé, j’avais des montées de nerfs ; donc j’avais envie de dire des choses assez violentes. Là, effectivement, c’est plus tendre. Je ressens de l’énervement chez tout le monde en ce moment, donc j’ai envie de dire : redescendons un peu, pour qu’au moins, nous allions jusqu’à la retraite (rires) !

La cover de C’est commercial était rouge et noire, celle de Volupté pop et arc-en-ciel, Tout est vrai est totalement verte : c’est la représentation de la vérité ?
David : Il y a quelque chose de cet ordre-là, de vrai, de franc. Avec la photographe, Valérie Archeno, on a eu envie d’utiliser un fond vert, ce truc toujours voué à disparaître, pour s’en servir de décor.

Sur le titre « Malheureux Malheur », tu es accompagné de la voix rauque de Néry Catineau, ex membre de Les VRP. La rencontre ?
David : J’avais vu Les VRP en concert quand j’étais plus jeune, j’avais trouvé ça super. On est devenu amis bien plus tard. Sur ce morceau, j’avais envie qu’il y ait comme un Vincent Price sur « Thriller ».

La ballade « Si tu t’en vas » ne va-t-elle pas détonner avec tes concerts très électriques ?
David : C’est un titre humoristique, un clin d’œil à une longue et belle vie de couple… Non, en fait on a réarrangé tous les morceaux pour le live : aucun n’est exactement pareil. J’aimerais un show à la Jeanne Mas ou à la Julie Pietri, à la grande époque, un peu « chanteur sur le retour ». C’est aussi pour mieux revenir à des choses plus funky par la suite, peut-être. Quand j’écris des chansons, j’ai toujours un moment où je les imagine sur scène, et cette fois, je voulais que ce soit plus cool, léger, avec des pauses et des respirations, ce qu’il n’y avait pas sur mes projets précédents.
Calypso : Mais est-ce qu’il y aura de la nudité comme précédemment ?
David : Je ne sais pas encore…
Calypso : J’ai des souvenirs de nudité.
David : Oui, c’est vrai, mais on verra où le live nous mènera. Mais par exemple « Si tu t’en vas » ne ressemblera pas du tout à sa version album. Les ballades sont transformées en « hot tempo » !

Calypso, des infos sur ton album à sortir, normalement, en cette fin d’année ?
Calypso : Mh… Un maximum de « hot tempo » ! Il est enregistré, mais le Covid et des changements qui ne sont pas de mon fait ont tout ralenti, donc j’ai vraiment hâte qu’il sorte. Tu n’auras pas le titre mais je peux te dire de quoi il parle : d’amour et d’apocalypse !

Vos disques fétiches ?
David : Barbara n°2 (Le mal de vivre, ndlr) et sa sublime pochette en noir et blanc. Les disques d’Étienne Daho, aussi. Mais après, je me sens influencé par plein d’horizons très différents. Des disques d’I Monster, de Goldfrapp j’adore le premier (Felt Mountain, ndlr)… J’ai également découvert un groupe danois sur scène, Who Made Who – leur disque est inégal, mais en live c’est très très bien. Et puis, Calypso !

Calypso : Quand je travaille sur un album, j’ai beaucoup de mal à écouter de la chanson. Donc beaucoup de musique instrumentale, comme le B.O de Rosemary’s Baby (par Krzysztof Komeda, ndlr) et celle d’un dessin animé psyché ultra bizarre, qui s’appelle Belladone Of Sadness (par Masahiko Satō, ndlr). Et Chopin. Mais en live, le rock hyper vénère, genre IDLES : de Chopin à IDLES, donc !

Tout est vrai (Monstre Sonore/PIAS) disponible à partir de 12/05/2023.

 

Par Alexis Lacourte
Photo Valérie Archeno