AL-QASAR, HYPNO-ROCK : « J’AI DÉCOUVERT LE LSD GRÂCE À SCIENCES PO »

Al-Qasar

Il y a deux ans, le collectif psyché  Al-Qasar démarrait à Paris. Nous avons rencontré son fondateur Thomas Attar, pour nous parler de Who Are We ?, un premier album entre orientalisme et politique.

Vous sortez un album 100 % psychédélique. Le retour de la culture psyché, c’est un effet de mode ou une réalité que tu perçois ?
Thomas Attar : J’ai vécu l’explosion des Black Angels (groupe américain de rock psyché, ndlr), quand j’ai déménagé aux États-Unis, en 2008. Il y a un retour de l’art psyché, aussi bien visuel que cinématographique, avec des jeunes qui découvrent les films de Jodorowsky. J’ai entendu une explication qui me plaît pas mal : dès qu’un climat politique très droitier commence à dominer, l’underground se manifeste.

Et comment définis-tu la musique psyché ?
« Drop out » : tu prends ton LSD et tu vas ailleurs. Mais historiquement, c’est également un mouvement ultra connecté aux manifs anti-Vietnam. Une musique vouée à te faire partir autre part, et à revenir avec un regard différent. Une espèce de catharsis.

On retrouve l’idée de trans dans le free-jazz, est-ce une influence pour toi ?
J’ai un rapport étroit et circonstanciel au jazz. Quand j’étais à New-York, j’ai eu la chance de rencontrer et de jouer avec Sonny Simmons, un des papas du free-jazz underground. Il a joué avec tout le monde, de Dolphy à Coltrane. On a enchaîné quelques concerts. C’était génial. J’étais un kid (23 ans). C’était un passionné de musique indienne. Il a kiffé que je vienne du psyché.

Tu as fait tes études à Science Po Paris, quid ?
(Rires) Le truc cool, c’est que tu es obligé de faire une année à l’étranger. Je suis allé à Berkeley, Californie, où habitait Anton Newcombe (leader des Brian Jonestown Massacre, ndlr). Et… j’ai découvert le LSD grâce à Sciences Po ! C’est là-bas que j’ai commencé à voir la possibilité que la musique puisse devenir une carrière. Un de mes premiers soirs, j’ai vu un mec déguisé en patate qui faisait du rap. Alors, tu te dis ok, d’autres horizons artistiques sont possibles.

Tu as également joué avec Spindrift (2012-2015). Fondé par d’anciens membres des Brian Jonestown Massacre (BJM), c’est un groupe qui a été décisif pour toi ?
C’était une grosse expérience d’apprentissage. Genre : « Allez mec, on va prendre le van et on va faire des dizaines de milliers de kilomètres, dans tous les États-Unis ». Très rock’n’roll… Et BJM a été ma porte d’entrée à la musique rock-psyché.

Who Are We est-il l’album de tes rêves ?
Vu les contraintes que c’est de faire de la musique indépendante, oui. Une fois ces contraintes prises en compte, il n’en est pas loin à l’instant T. Mais je suis influencé par ce que j’écoute. Il faut être très perméable à tous les gens avec qui tu collabores. C’est ce qui m’intéresse dans l’idée de collectif. Je pense qu’on est meilleur si on met dix cerveaux à contribution, plutôt qu’un seul. Al-Qasar est multiculturel. Je suis un mec blanc né à Paris. J’ai une part de cette pluralité en moi, mais pas assez pour prétendre proposer une offre artistique aussi large que lorsque je m’entoure.

Who Are We (Glitterbeat Records)


Par Alexis Lacourte