TUTO SEXO : COMMENT CHOISIR SON DEUXIÈME MEC ?

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Vous aussi, vous voulez être « ouvert(e) » ? Bravo. Ne vous reste maintenant qu’à dénicher le (second) match parfait. Notre journaliste, docteur ès relations, vous file ses tips.

Vous aussi, vous suez tant à l’idée de vous faire larguer avant la Saint-Val’ que vous planchez sur une « seconde option » romantique à faire éclore ? Gaffe quand même : si même Zendaya s’y blesse, c’est bien que ça brûle. Dans l’attendu Challengers de Luca Guadagnino (Call me by your name, Bones & All) prévu pour avril prochain, la chouchou des millénnials campera un prodige de tennis qui s’aventure vers les sulfureux rivages d’un triangle amoureux. Alors voilà. Au départ, ce savoureux trio tâtonne, s’amuse – s’émerveille, même. Et puis, patatras, les ennuis font irruption par la cheminée, format XXL. L’idole d’Euphoria (ci-contre) aurait-elle misé sur les mauvais chevaux ? Se serait-elle imprudemment glissée dans une situation inextricable ? Car oui, laisse présager le parcours cabossé de notre Icare contemporaine, à vouloir s’élancer hâtivement en direction du Nouveau Monde de la poly-relation, on risque d’empiler les bévues. Et d’y laisser ses plumes. Loin d’appartenir au seul royaume de la fiction, ce péril d’un genre neuf s’érige en horizon ombragé de jeunes générations, désireuses de remodeler les contours du « faire-couple ». Avec, à la bouche, un même refrain qui tresse les lauriers de l’amour dit « libre ». Par abus de langage ?

SPLENDEURS ET MISÈRES DU « SITUATIONSHIP »

Certes, il faut apprécier le chemin parcouru. Là où, hier encore, il allait de soi que toute tentation « tierce » devait être sacrifiée sur l’autel de l’épanouissement conjugal, un tabou a sauté : l’idée que l’on puisse à la fois aimer (intensément, avec bienveillance) une personne et coucher avec une autre fait son chemin. Au point de faire affleurer un boom d’idylles détonantes, qui troquent la valeur cardinale du respect de la monogamie, longtemps (im)posé comme l’étalon de mesure de la solidité d’un couple, pour des contre-modèles « ouverts ». Lesquels se concoctent désormais dans les laboratoires du situationship ; l’expression en lice pour être élue « mot de l’année » 2023 de la so serious Oxford University Press, qui désigne une liaison sans étiquette. Ni en couple sérieux, ni fuck friends volages. Un flou artistique laissant porte ouverte à une flopée d’expérimentations. Formidable – mais de là à parler d’amour « libre » ?

Contrairement à ce que laisse entendre le terme, on n’entre pas dans le situationship comme dans l’open bar débridé du dating – à moins de vouloir courir à la catastrophe. Pour se mettre en place dans la bonne entente, la rançon de cette formule émancipée des conventions old school se paye du respect de certaines convenances. Eh oui. A-t-on le droit de coucher avec deux meilleurs potes (hein, Zendaya) ? Peut-on revoir le one shot de la nuit passée ? Est-ce grave si l’on s’amourache d’un « side partner » ? Pour que la romance new gen ne s’échoue pas dans un Far West où des amants sans foi ni loi s’enchaîneraient les indélicatesses, il y a urgence à poser des repères, renégociables autant que nécessaire au gré des aspirations, et des craintes. Bref, à nouveau jeu, nouvelles règles – et gare à ne pas les imposer à ceux qui refuseraient d’être de la partie.

Car à bien y regarder, l’expression d’amour « libre » suggère insidieusement que les liaisons exclusives, elles, seraient « entravées ». Ou même rétrogrades. Un ami avoue être mal à l’aise, à l’idée que sa partenaire aille « voir ailleurs », et la confidence est accueillie avec goguenardise – on souffle, quel « ringard ». Alerte rouge : à mesure que la poly-relation se démocratise, un curieux renversement de vapeur s’opère. Ceux qui s’auto-positionnent en avant-gardistes, en dynamitant les codes du couple « à l’ancienne », accouchent parfois d’une nouvelle injonction : pour être vraiment déconstruit, il faudrait tourner le dos à la monogamie. Sous peine, laisse-t-on supposer, de répéter en animal de bétail docile des schémas relationnels archaïques. Voire fatalement toxiques. « Quoi, en 2024, vous n’avez pas l’ouverture d’esprit d’être non-exclusifs ? ». Sympa à l’égard de ceux qui vivent bien leurs relations « fermées », merci pour eux.

Que les fiers promoteurs du modern love se souviennent : chassez les normes par la porte, elles reviendront par vos fenêtres. Et puis, après tout, ces chantres devraient être bien trop affairés à résoudre l’équation sélective de leur liaison n°2,3,4 – 6, soyons gourmands – pour dilapider de l’énergie en élans d’intolérance. Sacré casse-tête, faut avouer. Reprenons les bases : ces partenaires bis, il les faut compatibles avec l’emploi du temps, évidemment. Plutôt d’obédience « dérégulation du marché » en matière de possessivité, aussi, histoire d’éviter les tracas de jalousie au carré. Et puis s’ils ont leur propre appart’, on dit « banco ». Parce qu’en cas de rupture supplément fracas avec le main partner auprès de qui vous viviez, il y a promesse d’un repli stratégique béton. En matière de romances comme en tout, choisissez rationnel, élisez smart.

 

Par Antonin Gratien