CARTO : QUELLE PRISON A LE MEILLEUR COIN V.I.P ?

prison france VIP

C’est la faute à pas d’chance. Vous pensiez que personne ne verrait passer cette petite fraude fiscale de rien du tout. Et bim, vous prenez deux ans fermes. En suivant les conseils de Jérôme Pierrat*, voici où passer votre séjour pour ne pas (trop) subir.

 

PRISON DE LA SANTÉ

LA PLUS FAMOUS
C’est la prison la plus célèbre de France, celle qui a vu défiler tout le beau linge des politiques crapulards et des personnalités en sévère dérapage. Patou Balkany, Alexandre Benalla, Claude Guéant, Bernard Tapie, Jérôme Kerviel… ont fait partie des guests premium de l’établissement. Invités d’honneur, les stars de la Santé ne se mélangent pas au commun des taulards et ont leur quartier réservé (le numéro quatre), autrefois appelé coin VIP, aujourd’hui baptisé le QVP (quartier des personnalités vulnérables).

Jérôme Pierrat : « Le privilège, c’est cet écart de la population. Ils sont regroupés entre pairs, ils vont à la salle de sport ensemble… Et le rapport au gardien, qui bosse avec des célébrités ou des anciens flics, n’est pas le même évidemment. On préfère faire attention à Balkany qui tombe malade en prison, qu’à Zozo le Haricot qui perd ses dents. »
42 rue de la Santé, 75014 Paris

 

VILLEPINTE

LA PLUS TIEKSON
Vous avez été envoyé en tôle et n’avez pas eu le temps d’empaqueter votre Elmex ? No problemo, la prison de Villepinte ramasse tous les jours des dizaines de jolis colis lancés depuis l’extérieur des murs. Cigarettes, iPhone, substances pas très légales, canettes de Fanta… vos désirs sont des ordres. Les plus malins ont même mis sur pied un système de catapulte spéciale élagueurs, sorte de lance-pierre XXL appelé le « big shot » (idéal pour recevoir votre nouvelle paire de Air Force). « J’suis tranquille, Villepinte, c’est la maison », chantait Da Uzi, un habitué des lieux. Bon, une maison dont vous n’avez pas les clefs, mais quand même.

Jérôme Pierrat : « Vous y trouvez tous les types du 93 et les Latinos arrêtés à Roissy parce que ce sont des mules. Villepinte, Fresnes, Bois d’Arcy, Fleury… ce sont les tôles de banlieue parisienne… »
Avenue Vauban, 93420 Villepinte

 

LES BAUMETTES

LA PLUS MYTHIQUE
Presque détruite, mais bientôt reconstruite, c’est une véritable pépite archéologique à ciel ouvert – mis de côté les barbelés. Entre les murs de cette prison marseillaise iconique, les parrains de la French Connection, comme Zampa et Francis le Belge, ont côtoyé hommes d’affaires véreux et petites frappes locales. Peu importe votre statut, vous serez accueilli par la convivialité, le chant des cigales, ou, comme Soso Maness, par les charmes d’une matonne (le rappeur a eu une histoire d’amour avec une surveillante). Conçue pour y purger de courtes peines, on entre aux Baumettes et on en sort au gré des albums de Jul.

Jérôme Pierrat : « C’est une prison aussi mythique que la Santé. De l’affaire Dominici aux grandes figures du banditisme, tout le monde y est passé. Et puis, c’est en centre-ville… »

239 Chemin de Morgiou, 13009 Marseille

 

VENDIN-LE-VIEIL

LA PLUS SAFE
Si vous ne voulez pas vous coltiner un co-cellulaire lourdaud qui vous conte sa vie fantasmée de justicier et autres affabulations saugrenues, optez pour la maison d’arrêt de Vendin. L’établissement, réservé aux clients sérieux (Redoine Faïd, le « détenu le plus surveillé d’Europe », y séjourne a priori jusqu’en 2060…) est le top notch niveau tranquillité : isolement total, aucun contact physique avec l’extérieur, impossibilité d’y faire rentrer un téléphone portable (votre banquier attendra la fin de votre peine pour vous réclamer vos impayés)… Certes, c’est drastique. Mais n’avez pas mérité un peu de calme ?

Jérôme Pierrat: « Je suis allé voir Redoine plusieurs fois, c’est tout neuf et technologique, parce que c’est ultra sécurisé. Il y a donc un petit côté hôpital glauque… Et puis il y a un nombre incalculable de gardiens… »

5 Rue Léon Droux, 62880 Vendin-le-Vieil

 

FLEURY-MÉROGIS

LA PLUS PASSOIRE
Ok, deux ans ferme, c’est long. D’autant plus si vous venez d’être incarcéré dans la plus grande prison d’Europe (d’ailleurs critiquée pour sa surpopulation – elle accueille le double de ses capacités, c’est-à-dire plus de 4000 détenus) – dans laquelle Mesrine a été incarcéré. Ne paniquez pas, nous avons un plan. L’idée ? Se comporter à carreau pour être sélectionné pour une des sorties organisées à la forêt de Fontainebleau par l’établissement. Feintez d’admirer les pins sylvestres pour prendre la poudre d’escampette – deux l’ont fait en septembre dernier. Si vous êtes en rade niveau cardio et que vous préférez l’ethnologie, sachez que le 2 février, une sortie au quai Branly a permis à un voleur condamné à deux ans ferme de se faire la malle (on ne vous encourage à rien, mais c’est toujours bon à savoir…).

7 Av. des Peupliers, 91700 Fleury-Mérogis

 

PRISON POUR FEMMES

LA PLUS GENTLEWOMAN
Comme Florence Rey, révolutionnaire anarchiste aussi surnommée « Tueuse de flic », sortie en 2009 avec un BTS en poche, faites le choix d’un établissement pénitentiaire exclusivement féminin. Ras-la-frange des loubards à moustache souffrant du syndrome d’Hubris. Ici, on est membre du jury Goncourt des détenus, on pratique la méditation équine, on s’occupe de ses marmots dans la nurserie… bref, on n’a plus à se prendre la tête sur le partage des tâches.

18 bis rue de Châtillon, 35000 Rennes

 

GRENOBLE-VARCES

LA PLUS INTELLO
Passé de petits larcins en gros braquages, vous avez décroché dès le CM2, et n’avez pas eu le temps d’obtenir le DEIS (diplôme d’État d’ingénierie sociale) dont vous avez toujours rêvé. Tout n’est pas perdu, la prison de Grenoble-Varces s’occupe de votre curriculum vitae (CAP, DAEU, CFG, etc.). En 2023, la rectrice de la région grenobloise, Hélène Insel, est venue en personne y délivrer près d’une cinquantaine de diplômes en tout genre. Merci Madame la professeure.

Le petit Rochefort, 38760 Varces-Allières-et-Risset

 

*Jérôme Pierrat est historien et écrivain, spécialisé sur le sujet du grand banditisme. Nous vous conseillons son dernier livre, Une histoire du milieu, éd. La manufacture du livre).

 

Par Max Malnuit