MERCATO DES MÉDIAS : QUI BOSSE CHEZ LES DROITARDS ?

carto droitard technikart

Vous aussi, votre CV est un peu flagada en ce moment ? Ne vous en faites pas, il existe encore un tas de médias (pas forcément très fréquentables) pour vous accueillir. Notre top sept. 

EUROPE 1

LA CHAMBRE FROIDE
La plus grande porte tournante des médias de la place parisienne a recruté en masse pour la rentrée 2022. Après les départs de plusieurs voix (Cohen, Canteloup, Chameroy…) à la suite de l’arrivée de Bolloré (le groupe Vivendi détient désormais plus de 50 % du capital de Lagardère – Paris-Match, JDD, Hachette…), puis celui de l’éditorialiste Jean-Pierre Elkabbach (qui souhaite se concentrer sur son génie balzacien) la radio bleue accueille des camarades du Figaro (Alexis Brézet, Vincent Trémolet de Villers) et surtout, Gaspard Proust. L’humoriste slovène-suisse, spécialisé depuis peu dans les chroniques avariées pour le JDD (il y a pris la case d’Anne Roumanoff) vient y remplacer Canteloup. Et – incroyable mais vrai –, on y perd au change. 

 

MADAME FIGARO

LA BONNE PLANQUE
Coup de tonnerre aux éditions Combat (le nom donné par le banquier d’affaires Matthieu Pigasse à sa boîte regroupant Les Inrocks, Nova et sa part du festival Rock en Seine) ! Après seulement neuf petits mois à la rédaction en chef du désormais mensuel, le débonnaire Joseph Ghosn (ex-Grazia, ex-Vanity Fair mais aussi un ancien des Inrocks début-de-siècle) s’en va. S’il a renforcé la ligne indie et luxe du titre, il a surtout profité de ces mois à squatter tous les défilés fashion-week possibles. Stratégie payante : la directrice du Madame Figaro vient de lui filer un CDI bien au chaud, qu’il a illico accepté. Bien joué, camarade. 

 

VALEURS ACTUELLES

BÂTISSE À VENDRE
Il y a des signes qui ne trompent pas. État des lieux : le pôle print est en sous-effectifs, ne recrute plus de journalistes (cerise sur le gâteau, Amaury Bucco, leur Monsieur justice, passe tout son temps sur CNews) et le mag’ mise tout sur sa chaîne VA+ en enrôlant une new generation pour faire concurrence à la jumelle maléfique AJ+. Et ce n’est pas fini : l’actionnaire milliardaire franco-libanais, Iskandar « Monsieur Cherbourg » Safa, a dernièrement recadré le rédac’ chef Geoffroy Lejeune en lui demandant de ne pas trop faire de vagues (en cause ? Une trop vive démonstration d’affection pour Zemmour – le candidat malheureux faisait vendre, mais ça, c’était avant sa défaite). Conclusion ? Grosse fatigue pour Lejeune. Courage Geogeo, tu finiras bien par trouver une nouvelle nounou de luxe.

 

SUD RADIO

L’EHPAD DE DROITE 
À gauche, ils ont le Canard enchaîné. À droite, Sud Radio. Quand on a encore des choses à marmonner, mais que la presse mainstream a décidé de vous bouder, reste l’option « Parlons vrai ». La fréquence la plus écoutée des fanzouzes de Bernard Lugan a récupéré le journaliste Jean-Jacques Bourdin (pour le septuagénaire, licencié de BFM et RMC en juin dernier, la radio de ses débuts n’était pas son premier choix – on fait ce qu’on peut JJ) et l’éditorialiste Éric Naulleau pour la rentrée. Des contrats signés de la main même de l’actionnaire Christian Latouche (gravitant à proximité des cercles RN). Résultat ? Un vrai micmac en interne : quand certains tentent d’orienter l’antenne vers du « centriste », d’autres versent dans le comploplo. Où est le bouton mute ?

 

L’INCORRECT

LA KITCHENETTE RECONQUÊTE 
Branle-bas de combat chez les fanatiques du Z et gros coup dur pour le directeur historique de la rédaction, Jacques de Guillebon : accusé par l’actionnaire et co-fondateur du mag’, Laurent « mécène de l’Incorrect et de Zemmour » Meeschaert, d’avoir trop malmené le favori et critiqué son positionnement a décidé de le remplacer par son second, Arthur de Watrigant – plus amène envers la clique Reconquête. En attendant, Guillebon (qui avait connu le même genre d’accrochages pour ses percées anarcho-royalistes avec Le Figaro, Valeurs Actuelles, Limite…) est rétrogradé au poste de « conseiller, chargé du développement ». Résultat ? Le mensuel poursuit sa causeurification en kiosques. Hélas, le mag’ manque déjà d’editing punchy à la Guillebon (en témoigne leur dernière couve – affichée en dos de kiosques – sur le thème de l’éducation, qui file sévèrement le bourdon)…

 

FRANC-TIREUR

L’ANTICHAMBRE DE L’ÉLYSÉE
Après avoir joué le rôle de newsletter de Renaissance, Franc-Tireur se convertit en version soft de Charlie Hebdo. La feuille de choux préférée du patron de CMI Média, le roi du charbon tchèque Daniel Křetínský (il peut s’en servir pour brosser la macronie dans le sens du poil), a récemment enrôlé Pauline Delassus – ex-Paris Match, spécialisée dans les enquêtes sur les Kardashian – à la tête de sa rédaction. Pour rappel, Delassus est la fille de Laurent Joffrin, ex-dirlo de Libé. Sinon, on lance un avis de recherche pour Éric Decouty (ancien de Libé et Marianne), membre éminent des quatre irréductibles à l’origine du mag’ (les autres zozos étant Barbier, Enthoven et Fourest), qui a mystérieusement disparu du mag’. Trop peu enclin à vanter la fin de l’abondance ? 

 

RUSSIA TODAY

LE MANOIR HANTÉ 
C’est ce qui s’appelle être laissé pour mort : de l’extérieur, le site web et la chaîne de Russia Today France ont disparu (impossible d’accéder au site et au direct en Europe depuis le 2 mars dernier), et les vedettes Alain Juillet et Frédéric Taddeï ont claqué la porte en sentant le vent tourner. Le média de la journaliste russe Margarita Simonian (aussi rédac’ chef de l’agence gouvernementale d’informations Rossia Segodnia) va-t-il subir le même traitement que c France, placée en liquidation judiciaire le 4 mai dernier (pas de panique, Margarita, qui dirige aussi Sputnik, a proposé aux membres éminents de rejoindre RT France). En réalité, tout ne va pas si mal (vous pouvez vérifier avec une simple connexion VPN ou si vous résidez suisse) : le direct roule, le site web débite ses brèves toutes les demi-heures et, grand luxe, le média a même lancé une campagne de recrutement avec salaires et postes juteux. À croire que la censure ne fait pas le poids face aux virements moscovites.  


Par
Violaine Epitalon

 

Droit de réponse de Pauline Delassus, rédactrice en chef pour Franc-Tireur édité par la société CMI Publishing :
« Le site internet www.technikart.com a publié en date du 11 octobre 2022, à l’adresse url https://www.technikart.com/mercato-des-medias-qui-bosse-chez-les-droitards/ un article intitulé « Mercato des médias : Qui bosse chez les droitards ? », à la signature de Violaine Epitalon me visant personnellement. Le journal Franc-Tireur est comparé à « des tas de médias pas forcément très fréquentables », comme Russia Today, L’Incorrect ou Valeurs Actuelles. Une drôle d’association puisque Franc-Tireur, aux antipodes des médias cités, défend la raison, la philosophie des Lumières, combat le racisme et l’extrême-droite. Sa rédaction, dont je suis à la tête et sous la direction de Caroline Fourest, produit une information à la fois précise et nuancée. Je vous serais reconnaissante de bien vouloir porter ma réponse à la connaissance de vos lecteurs. »