L’ÉTHIQUE À DOMICILE !

Romain Barraud technikart

Romain Barraud, originaire d’Ardèche, a monté sa start-up de livraisons éthiques Welco, afin d’ « humaniser la digitalisation ». On s’est fait livrer…

En décembre 2016, en dernière année de Master, sa voisine passe une commande pour son filleul sur le net quinze jours avant Noël. Après 48 heures, on lui indique que sa commande a été livrée, mais elle ne l’a pas. Elle fait le tour des points de relais autour de chez elle, se bat avec le service client du transporteur en question, toujours rien. En relevant le courrier dans sa boîte à lettre, elle trouve un petit papier tout humide et froissé : le colis a été déposé chez le voisin du 2ème étage comme elle était absente. Elle se rend chez lui et découvre l’extraordinaire expérience de récupérer un colis simplement en face de chez elle. Ce voisin, c’était lui, Romain Barraud. « J’ai immédiatement réalisé qu’on est des millions de consommateurs chaque année à courir après nos colis suite à une absence de son domicile et on a forcément un voisin de disponible en journée. C’est là que j’ai eu l’idée de créer Welco. » Il décide alors de créer une communauté d’individus notés, localisés et rémunérés pour sauver nos colis en journée. 
 

LES WELKERS

Réinventer le point-relais traditionnel chez le voisin, créer du lien social, compléter ses revenus et avoir, en plus, une empreinte significative sur l’écologie. L’aventure entrepreneuriale : il casse son PEL et son assurance vie, rencontre un entrepreneur en Ardèche, professionnel dans la logistique, qui s’appelle Fabien Jouvet, président de Skipper Logistique, situé à côté de Valence (45 millions de CA). Romain lui explique l’idée. Avant la fin du pitch, Fabien le coupe : « C’est génial ! Qu’est-ce que vous attendez de moi ? ». Un morceau de bureau si c’est possible ? Romain Barraud étant un à l’étroit dans sa chambre d’étudiant, Fabien Jouvet l’accueille chez Skipper pendant 18 mois, le temps, pour le jeune entrepreneur, d’apprendre la logistique. Welco est créé en décembre 2018, avec un copain d’enfance qui s’appelle Matthieu Mazoyer, associé et cofondateur de la boîte, ingénieur en énergie qui fait du process engineering, très calé au niveau opérationnel et organisation de projet. Un binôme complémentaire. « Avec mon appétence commercial, j’avais besoin de quelqu’un pour m’aider à encadrer et structurer les projets chez Welco. »

RELAI-PARTICULIER

Des retraités, étudiants, employés, travailleurs à domicile… En bref, des personnes disponibles en journée pour récupérer les colis s’inscrivent sur la plateforme, indiquent leur capacité de stockage et quelques infos pratiques, avant d’être mis à disposition des clients de Welco. Ensuite, rien de plus simple : il suffit de télécharger une application mobile pour scanner les colis et, enfin, se mettre d’accord sur l’horaire de récupération. « Il faut qu’il y ait une culture à travers le lien social et de la livraison collaborative comme en Scandinavie, où ça fonctionne déjà très bien », assure Romain. Chez les e-commerçants, une solution de livraison directement en front sur leur site : au lieu de choisir le point-relai habituel, vous pouvez choisir le relai-particulier le plus près de chez vous.  « Notre plus gros segment de clients, avec 85 % de notre chiffre d’affaires, ce sont les transporteurs. 150 millions de second passage par an, c’est des coûts économiques et écologiques importants. De nôtre côté, on met à disposition des API, des modules informatiques, qui permettent à ces chauffeurs de se mettre en relation avec notre communauté pour déposer les colis quand le consommateur est absent. »

« On n’est pas en concurrence avec les relais traditionnels, mais bien complémentaires. » Avec UPS, c’est 60 000 colis cette année, un chiffre qui pourrait doubler, voire tripler l’année prochaine. Welco bosse aussi avec Relais Colis, Mondial Relay, négocie avec Chronopost et Colissimo et vient d’intégrer l’accélérateur du groupe, La Poste. Depuis les confinements, la demande explose. On demande la suite.

www.welco.io

Par Julio Rémila