LA GEN Z FAIT-ELLE (VRAIMENT) MOINS L’AMOUR ?

Le flip ! Une étude IFOP nous apprend qu’en France, près d’un(e) jeune sur deux n’a pas fait l’amour l’an dernier. 43 % des moins de 24 ans auraient donc fait vœu d’abstinence en 2021 ? On a voulu en savoir plus… 

« Il était tellement dans son truc qu’il ne m’entendait pas rire », me lance Laura, 24 ans, son bubble-tea hibiscus entre ses mains, en racontant son rapport de la veille. Son collègue, avec qui elle couche tous les deux mois sur un coup de tête simplement parce qu’« il est mignon », vient à 4 heures du matin, l’embrasse en express avant de foncer vers la douche. « Dès que j’ai senti son baiser expéditif, j’ai su que je n’aurais aucun espace à moi », raconte-t-elle. Puis il sort son grand jeu : caresses hâtives, pénétration mécanique, regard très concentré, enchaînant les positions comme s’il les répétait d’un tuto YouTube, jusqu’à jouir, enfin, puis, clou du spectacle, s’endormir, laissant Laura dans le grand silence de son petit deux-pièces. Alors que Georges Brassens clâmait que « la femme s’emmerde en baisant », Laura s’interroge : est-ce que les jeunes de son âge s’ennuient en faisant l’amour ? Et si c’est le cas, ceci expliquerait-il les dernières statistiques sorties ? En février dernier, l’IFOP indiquait que 43 % des jeunes Français âgés entre 15 et 24 ans n’auraient eu aucun rapport sexuel en 2021. (Pour rappel, en 2014, nous étions 75 % à avoir coïté au moins une fois.) De l’autre côté de l’Atlantique, même constat : 28 % des jeunes Américains n’auraient eu aucune relation intime en 2021 (ils n’étaient que 24 % en 2014). Faut-il comprendre que la Gen Z (tout jeune né après 1998) se soit lassée du sexe ? Voyons…

SEXY SOUCIS

« C’est décidé, je n’aurai aucune relation sexuelle pendant les six prochains mois ! », déclare Léo, 24 ans, dans la cuisine, prenant son auditoire à contre-pied après avoir raconté son rocambolesque coup d’un soir de la veille. Une mortification volontaire ? Non, simplement le « besoin de se recentrer sur des choses plus importantes », d’entretenir un rapport plus apaisé avec sa sexualité… Une sorte de « j’attends tranquillement le bon moment, la bonne personne ». Une chose est sûre, si la génération Z est plus timide niveau galipettes, elle n’a jamais autant parlé de sexualité. 

La qualité avant la quantité, donc ? Mettez au placard les Warren Beatty et autres baby-boomers aux milliers de conquêtes. Pendant que la série Sex Education tourne sa quatrième saison pour suivre Otis, un lycéen qui aide ses copains à mieux vivre leur sexualité, Diane Saint-Réquier sort son 165ème épisode afin de répondre, de manière très directe, aux questions que l’on se pose sur le sexe, le genre et le corps, dans sa série France.TV Sexy SouciS. Dans le même temps, Instagram et TikTok, regorgent de profils nous interrogeant sur notre sexualité (Jouissance Club, Timothée Curado…). Mais s’ils en parlent plus, pourquoi passent-ils moins souvent à l’acte ? Pour Ludivine Demol, sociologue doctorante à Paris VIII, « ces séries et profils donnent matière à discuter entre amis, notamment chez les femmes qui osent davantage parler de sexualité que les générations précédentes. » Traduction : on cherche à prendre le temps de s’écouter et d’écouter l’autre, le tout avec des partenaires de confiance. Allons-nous vers du safe sexe, moins pornographique ?

Finalement, peut-être que le plus important n’est pas de savoir si nous faisons plus l’amour, mais de savoir si nous le faisons mieux. Pour la sexothérapeute Margot Fried-Filliozat, « jouir, ce n’est pas d’abord une question de technique ou de multiplication des sextoys. C’est notre capacité à nous connecter à nous-même et à notre partenaire, ce que j’appelle l’intelligence intime. » Un outil qui permettrait finalement de se demander comment mieux faire l’amour… Et à Laura de peut-être changer de partenaire.


Par 
Guilhem Bernes