CHER ELON MUSK… OÙ EST MON ROBOT DE COMPAGNIE ?

robot tesla

On nous bassine avec l’arrivée de ces domestiques en silicone depuis un bail. Depuis peu, Elon Musk s’en mêle. Et nous, on en a marre d’avoir à se coltiner les tâches les plus ingrates de nos jobs. A.I., où êtes-vous ?

On le sait, le film I, Robot, prévoyait un monde de robots humanoïdes pour 2035. Quant à l’ami Elon Musk (et son ambition démesurée), il annonce un prototype pour 2022, une commercialisation en 2023 et un robot dans chaque foyer d’ici 2050… Ils sont pourtant là. Au-delà des robots tondeuse et aspirateurs, certains sont déjà plus ou moins humanoïdes, comme Nao ou Buddy, et font de l’assistance à la personne. Spot, le robot chien de Boston Dynamics, surveille le site archéologique de Pompéi, alors que son homologue chinois de Unitree Robotics patrouillait dans les rues de Shanghai pendant la crise du Covid. La prochaine étape ? L’Optimus de Tesla, un robot bipède aux allures de mannequin, équipé de la même intelligence artificielle que les voitures Tesla. 1,72 mètre, 57 kilos, il peut soulever 68 kilos et en transporter 20, sa vitesse de déplacement est volontairement limitée à 8 km/h, pour qu’il ne blesse personne, et, paradoxalement pour qu’on puisse le fuir sans problème. 

Quant à Elon Musk, le savant fou le plus puissant de ce XXIème siècle, il rappelle à qui veut bien l’entendre qu’il n’y a qu’un pas de la voiture à l’assistant robotique : « Ça m’a pris un certain temps de réaliser que pour résoudre la conduite autonome, il faut résoudre plus généralement le problème de l’IA appliquée au monde réel. Et à partir du moment où vous résolvez ces problèmes d’IA pour une voiture – qui n’est rien d’autre qu’un robot sur quatre roues -, vous pouvez aussi généraliser cela à un robot bipède ». Le plus dur n’est pas de permettre au robot de faire des mouvements complexes et fluides, mais de lui fournir l’intelligence nécessaire pour interagir correctement avec le monde réel. Si aujourd’hui, on doit toujours promener le chien, c’est que nos robots ne sont pas encore assez smart pour le faire. 

Pris à la gorge par l’annonce d’une possible commercialisation d’Optimus en 2023, Tesla recrute des ingénieurs à tour de bras pour développer « une architecture globale du logiciel humanoïde ». Au-delà des dysfonctionnements techniques, sommes-nous prêts à accueillir ces machines dans nos vies ? Laurence Devillers, spécialiste en éthique robotique et auteure de l’essai Les Robots émotionnels, nous décrit les dangers de l’intelligence    artificielle sans encadrement : « Dans l’Artificial Intelligence Act, l’Europe soutient qu’il faut mettre en place des règles, à travers la création de lois. Construire ces machines avec le respect d’un certain nombre de normes, faire des machines sur lesquelles on a un certain contrôle ». Le risque est de créer un monde où on ne différencie plus la machine de l’humain, un monde où les robots permettent à ceux qui les fabriquent d’appliquer un contrôle supplémentaire et insidieux sur la population. « Si on ne fait pas ça, on sera à la merci de toutes sortes de manipulations, le bouton d’arrêt d’urgence devra exister », prévient Devillers. 

RÉALISME TROUBLANT

En fin d’année dernière, le youtubeur britannique Tom Scott se retrouvait face à Mesmer, son double robotique, développé par les ingénieurs britanniques de Engineered Arts, un buste recouvert de fausse peau en silicone peint, qui peut imiter grossièrement les expressions faciales de l’Homme. Les premiers mots qui sont venus à la bouche du Youtubeur : « C’est bizarre ». Il existe une version plus évoluée de cette machine : Ameca. Ce robot possède un corps entier et 17 moteurs seulement dans le visage, il peut parler et répondre à des questions, mais est incapable de se déplacer. Le réalisme de ses expressions est troublant, mais pas encore assez pour qu’on puisse y croire. Plus une machine se rapproche d’un aspect humain, plus ses défauts nous dérangent, le roboticien japonais Masahiro Mori a appelé cette réaction « La Vallée de l’Étrange ». On court après les machines humanoïdes, mais au fond, les robots qui nous ressemblent le plus sont surtout les premiers qu’on souhaite voir brûler.

Ils savent parler, nous imiter, certains comme Atlas, de Boston Dynamics savent faire du parkour, d’autres peuvent réfléchir un petit peu mais, pour l’instant, aucun d’entre eux ne réunit toutes ces capacités dans un seul corps mécanique. Tout repose désormais sur les promesses de monsieur Musk. Utopie ou dystopie, à Technikart on sera content tant qu’un robot pourra écrire nos articles et monter nos vidéos à notre place… Allo, Elon ?


Par 
Pierre-Alexandre Pestie
Photo Bureau de M. Musk