Raúl Arévalo est-il le nouveau réal génial du cinéma espagnol ?

Des hommes patients ici il y en a deux. C’est d’abord, Curro qui sort de taule après huit ans, pour avoir été le simple chauffeur d’un casse qui a mal tourné. Un paquets de bijoux dérobés, un mort dans l’affaire, mais personne ne s’est fait gauler sauf lui. Il aurait pu balancer toute la clique et retrouver l’air libre bien plus tôt, mais c’est pas son genre. Curro est effectivement un homme patient. Et puis il y a José, quadra tristoune aux fringues grisâtres qui depuis huit ans lui aussi ronge son frein en mettant au point la vengeance qui redonnera un sens à sa vie. Patient oui, mais surtout en colère le José.

La rencontre de ces deux types à moitié endormis qui ont passé leurs dernières années à regarder les feuilles tomber donne ce drôle de vigilante movie forcément engourdi, mais qui essaie quand même de faire craquer quelques articulations au passage – parfois à coup de tournevis d’ailleurs. Pas grand à chose foutre cependant de la viscéralité ici, on préfère le spleen aux décharges de chevrotine. C’est une loi du talion déclamée avec du Lexomil plein la bouche qui en fait toute l’originalité arty et dont le storytelling alambiqué et les petites montées de suspense qui en découlent s’amusent, elles, à nous tenir en haleine comme dans un vrai B du dimanche soir.

La colère d’un homme patient, RAUL AREVALO 

⭐️⭐️⭐️

FRANÇOIS GRELET

Technikart #211, avril 2017