Matthias Dandois : « On est passé d’un sport hyper bourrin à quelque chose de cool »

À l’occasion du Sosh Urban Motion, Technikart est allé poser quelques questions au champion du monde de BMX, le Français Matthias Dandois.

Salut Matthias. Comment en arrive-t-on à être champion du monde de flat six fois à 28 ans ?
Matthias Dandois : Je suis originaire de la région parisienne, et j’ai commencé le BMX à 12 ans. J’en ai vu pour la première fois à la télé dans l’émission C’est mon choix ! Il y avait à l’époque un mec qui faisait des démos sur le plateau, et j’ai trouvé ça mortel. Du coup, j’en ai demandé un à mes parents et ils me l’ont offert. Après, j’ai pris des cours pendant deux ans pas loin de chez moi, c’est là que j’ai appris toutes les bases. Rapidement, j’ai commencé à faire des compétitions en amateur, jusqu’à ma rencontre avec Alex Jumelin (l’un des meilleurs dans la discipline, ndlr), qui m’a pris sous son aile. Il m’a emmené avec lui faire des compètes à travers l’Europe et aux États-Unis. Il m’a aussi trouvé mon premier contrat pro, avec un petit salaire, me permettant de me déplacer. Après, c’était parti. J’ai gagné mon premier championnat du monde à 17 ans, j’en ai 28 aujourd’hui : ça fait onze ans que je suis pro.

Puissance maîtrisée face à la Dame de Fer

Et tu gères tout, tout seul ?
Non, j’ai un agent, sans qui tout cela ne marcherait pas. Il m’aide pour les contrats, mais je m’occupe de toute la partie réseaux sociaux. C’est moi qui gère ma propre image, lui règle la partie un peu relou : parler argent avec les marques. J’ai toujours fonctionné ainsi.

Tu partages ton temps entre Paris et la Californie, c’est ça ?
Oui, mais je passe mon temps à voyager, pour des compétitions ou bien des shootings, des vidéos, des démos, je vis moitié ici, moitié à San Diego. Globalement, lorsqu’il commence à faire moche à Paris, en novembre-décembre, je bouge en Californie où j’ai une maison avec des potes. Du coup, ça me permet de faire du vélo en hiver. Mais j’ai eu la chance de visiter soixante-dix pays, et Paris reste de loin ma ville préférée. Toute ma famille est ici, mes spots préférés aussi : Bastille est le quartier où je m’entraîne le plus. C’est chez moi ici, la plus belle ville du monde !

Et hop on change la roue en scred

Comment la discipline a-t-elle changé depuis tes débuts ?
Le niveau a explosé. Il y a onze ans, les pros utilisaient encore leur frein ! Ça rendait le truc très saccadé. Aujourd’hui on les a tous enlevés des vélos, et c’est devenu un sport hyper joli à regarder. Il y a aussi beaucoup plus de compétitions maintenant, et beaucoup plus de marques qui s’y intéressent. Le luxe, par exemple, fait plein de choses en ce moment avec le skate, le surf et le BMX, c’est rigolo à voir. Et puis en 2020, on va être aux JO ! À Tokyo ! On est vraiment passé d’un sport considéré comme « hyper bourrin » à quelque chose de cool.

C’est donc grâce aux vidéos qui inondent le web que la perception de ton sport a changé aux yeux du grand public ?
Ça l’a rendu plus « abordable » surtout ! Regarde, si t’habites au milieu de nulle part et que tu veux te mettre au BMX, tu vas sur YouTube et t’as tout : tous les tutos « comment mettre ton pied », « placer ta main », etc. Du coup c’est mortel, parce que les kids de la nouvelle génération ont des bases hyper fortes, les mecs qui commencent aujourd’hui ont beaucoup plus de techniques que nous à l’époque. Et je veux que ça continue comme ça, que mon sport évolue et que ce soit chan-mé !

Rendez-vous le 20 octobre à la soirée officielle S.U.M, entrée gratuite. Toutes les infos sur www.soshurbanmotion.com

ENTRETIEN ANNA SLEE

TOUTES LES PHOTOS SONT DE SKISS

La classe jusqu’au bout de la roue en BMX

Paru dans Technikart #216, octobre 2017