Kyan Khojandi : « On a tous eu envie de se venger un jour ! »

En cette fin d’année, Kyan Khojandi (le mec de Bref) revient sur scène pour raconter ses pulsions, l’occasion de parler avec lui de bouffe, de violence et de masturbation.

Hello Kyan, bon, après 5 mois à l’Européen en 2016, 2 soirées au Trianon en mai et de nouvelles dates prévues jusqu’à mi décembre, ça te gonfle peut-être de parler de spectacle dans les ITW… Tu préfères qu’on parle de sabzi polo ou de ash ?
Bonne idée, carrément, parlons de recettes !

Ou bien on commence par les pulsions pour se mettre en appétit ?
Bon d’accord.

Qu’est ce qui déclenche l’envie de causer pulsions sur scène ?
J’ai un ami qui s’appelle Yacine Belhousse, un mec formidable et un des humoristes les plus doués de notre génération. Il a créé la soirée « Premières fois » où on vient tester chaque mois un texte qu’on n’a jamais dit avant. Je me suis plié au jeu pendant huit sessions et je me suis rendu compte que tous mes textes tournaient autour des pulsions et ça a bien marché.

Y a donc un potentiel comique à la pulsion ?
Fatalement. La pulsion est une facette de l’intimité très profonde et donc c’est drôle car c’est caché et tabou. On peut tous avoir une certaine violence en soi mais on a tellement été éduqué qu’on a une sorte de contradiction parfaite dans notre corps. Et du coup tu gardes un truc extrêmement violent en toi et c’est ça qui est drôle.

Tu penses à la pulsion sexuelle ?
Oui mais pas seulement. Quand on parle pulsion on pense généralement au sexe. Moi j’en parle trois minutes et après je passe à autre chose. Y a plein d’autres pulsions.

Par exemple ?
La pulsion de bouffe ! Comment la régler ? Comment vivre avec ? Notre cerveau est hyper axé sur la bouffe et c’est pour ça que ça fonctionne aussi bien sur Instagram.

Comme quoi, on y revient. Et des pulsions moins … conventionnelles ?
La pulsion de violence… On a tous eu envie de se venger un jour. On est tous réceptif à l’injustice, c’est quelque chose qui nous révolte. Ça monte tout de suite à tes émotions et au final tu ne fais rien. Sur scène j’exorcise ma pulsion de violence grâce à mon imagination et non pas grâce à l’action. Y a un monde énorme entre la pulsion et réaliser sa pulsion.

Donc ça a quelque chose de thérapeutique de parler de ses pulsions sur scène ?
Complètement. C’est pour ça qu’il faut parler, pour extérioriser les choses. La violence n’entraîne que la violence mais imaginer une violence marrante ça entraîne la paix. Au début quand j’écrivais ce spectacle c’était très pénible. Mais j’ai commencé à l’accepter et c’est devenu un des moments les plus marrants à jouer. Ça m’a appris à vivre avec cette noirceur.

Et tu t’adresses aussi bien aux hommes qu’aux femmes ? Quand tu parles de masturbation par exemple.
Quand j’étais en tournée de création du spectacle je sentais que c’était trop unilatéral, alors j’ai fait des changements. Je parle de ma situation d’homme mais après je précise que c’est pareil pour les femmes. Je dis aux hommes : « Parlez de la masturbation à vos copines, elles seront pas surprises parce qu’elles, elles font pareil. Pas vrai les filles on se branle ? ». Parler du désir qu’on peut avoir c’est hyper important parce que ça évite les non-dits. Et les non-dits sont catastrophiques pour une relation.

Avec toute la médiatisation d’affaires de harcèlement sexuel, est-ce que tu as fait des changements dans ton spectacle ?
Ben non pourquoi ? Je parle des pulsions qu’on a tous, ce ne sont pas des pulsions illégales et immorales.

Pour en revenir à toi : après tous les secrets que tu nous livres dans ce spectacle, t’en auras encore d’autres à nous révéler plus tard ?
En fait vous parlez de secrets mais c’est pas des secrets, c’est des “discrets”. Quand je te parle des pulsions t’es au courant alors qu’un secret t’es pas au courant.

Et la branlette d’adieu, c’est pas un secret ?
Ah ouais c’est un secret, j’avoue.

Tu peux nous révéler tes projet futurs ?
On va voir ! Travailler sur d’autres formats, écrire un autre spectacle…

Ça te fait vibrer la scène ?
Bien sûr, y a des moments de grâce fous ! C’est très intense la scène, ça remplace tous les likes que tu peux avoir sur Facebook.

Kyan Khojandi dans Pulsions au Casino de Paris du 28/11/17 au 02/12/17.

LEONTINE BOB