Da Silva, roi de l’escapade

Pour Da Silva, ce devrait enfin être l’heure de passer à la caisse, car dans son genre, L’aventure est une petite merveille.

Jusqu’ici, je n’avais jamais trop goûté la musique de Da Silva. Une oreille distraite sur deux ou trois de ses précédents albums m’avait convaincu, les productions de ce garçon d’origine portugaise né à Nevers n’étaient pas pour moi. La liste désopilante de ses collaborations(Jenifer, Julie Zenatti, Hélène Ségara, Soprano …) n’arrangeait rien. j’avais affaire à un cv en carton-pâte. Il faut dire que depuis ses débuts, l’homme produit. Beaucoup. Trop peut-être. 248 morceaux en 12 ans, 5 livres cd chez Actes Sud junior, une musique de film, plus de 500 concerts…Trop? Il faut bien vivre et comme disent souvent les besogneux dont je suis, le travail finira bien par payer. Problème, les tiroirs de la caisse sont vides ou presque et le butin maigre. Inexplicablement, ce disque sorti en mars dernier n’a en effet pas eu cette année l’écho mérité. Faute de place, de promotion, de chance, de réseau? Difficile de le savoir, mais le constat frise la simplicité : les morceaux de L’aventure volent très très au-dessus des albums français sortis cette année. Da Silva, personnage sulfureux dont la réputation dans le milieu musical a sans doute parfois fait ombrage à sa musique, ne sera pas invité à Taratata ou chez Laurent Ruquier pour défendre cette sortie. Une réputation de tête brûlée qui l’aura sans doute desservie. À tort.

L’aventure est d’abord un objet qui étonne dès le premier regard, grâce à une merveilleuse pochette signée Elzo Durt, homme de l’extrême généralement associée au label Born Bad. Une image mystérieuse et qui donne envie d’en savoir plus. Vu mes rapports antérieurs douloureux avec la musique de Da Silva, c’est grâce à cette pochette que j’ai fini par poser l’album sur ma platine. Avec précaution. Et là…Le choc. Des arrangements somptueux, une écriture fine et poétique, des mélodies qui claquent. Osons le dire, L’aventure a tout du futur classique. Le classique d’un homme si déçu par l’industrie culturelle qu’il la qualifie amèrement de « vieille pute et maquerelle » sur les réseaux sociaux. Da Silva Emmanuel méritait sans conteste une aussi belle couverture médiatique lors de la sortie de L’aventure, qui restera probablement comme son chef-d’oeuvre. Da Silva Emmanuel méritait sans conteste une aussi belle couverture médiatique que Daho Etienne ou Gainsbourg Charlotte lors de la sortie de L’aventure, qui restera probablement comme son chef-d’oeuvre. Rendez-vous à son concert parisien du 23 novembre au Trianon. J’y serai, même si je dois pour cela me fader quelques morceaux des albums précédents. L’aventure, quoi.

ALBERT POTIRON

DA SILVA – L’aventure
(PIAS)

En concert au Trianon jeudi 23 novembre à 19h30
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