Alison Jackson : « Donald Trump ? Un génie de la com’ ! »

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Depuis le début de sa présidence, le leader de la première puissance mondiale se comporte en psychopate de première. L’anglaise Alison Jackson, auteur de la série photo « Donald Trump, Private », le décrypte pour nous.

Alison, vous êtes connue pour vos mises en scène de célébrités dans des situations grotesques. C’est pour faire ressortir leur côté « psychopathe » de manière plus directe ?

Alison Jackson : Je ne cherche pas à les mettre systématiquement dans des situations grotesques, plutôt à mettre en images ce que nous pensons déjà savoir d’eux. Mais si ces personnalités publiques agissent de manière dégoûtante, alors oui, je leur fais faire des trucs dégoûtants (rires). Avec Trump je suis servie ! Mais en tant qu’artiste, je me contente d’être une sorte de miroir qui reflète ce qui existe déjà dans le conscient collectif.

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Dispruteur

Vous avez démarré votre série « Donald Trump » alors qu’il n’était qu’un présidentiable parmi d’autres, et vous continuez maintenant qu’il est devenu président. Pourquoi met-il en avant ses côtés les plus agressifs et psycho selon vous ?

Il a vraiment un sacré flair « relations publiques » lui permettant de répondre parfaitement au mood du moment. En ce qui concerne sa communication, c’est une sorte de génie. Trump adore jouer avec les médias, ça se vérifie chaque jour. Je pense que chaque matin, il se réveille en se demandant quelle stratégie adopter pour disrupter les médias et faire autant de bruit – et faire passer un max de messages – que possible. Tout ça à des fins politiques – sachant qu’on est face non pas à un politique, mais à un homme d’affaires qui aime négocier à toute vitesse.

Vous vous attendiez à ce qu’il se révèle encore plus foldingo que dans vos mises en scène ?

Nous avons là un show de télé-réalité « Donald Trump » dont nous découvrons les épisodes en temps réel. Une télé-réalité extrêmement imprévisible. Trump va continuer de mettre les médias sens dessus dessous (médias qui sont les premiers ravis de la situation). Et lui continue de gueuler, de faire semblant d’être mécontent du traitement qui lui est réservé. Quel stratège !

L’affaire Graydon Carter

Vanity Fair US a publié certaines de vos photos de Trump le mois de la présidentielle. Quelle a été sa réaction ?

J’ai réalisé ces photos au mois de juillet 2016. À l’époque, personne ne pensait qu’il pouvait remporter la présidence, mais je sentais qu’il se passait un truc et j’ai fait un pari – de 10 000 livres sterling – dans ce sens. Argent que j’ai mis dans les frais techniques de mes séries. Quant à la réaction du camp Trump, je n’ai pas le droit d’en parler… (Donald Trump souhaiterait le renvoi de Graydon Carter, le rédacteur en chef de Vanity Fair US et un ennemi de longue date, ndlr.)

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Vous êtes à la recherche d’un sosie de Marine Le Pen depuis plusieurs semaines. Elle est si difficile à   imiter ?

Oui, parce qu’elle a un physique assez quelconque. Alors que les grands leaders ont tous un petit détail physique qui les rend reconnaissables du premier coup d’œil – ce qui facilite mon travail ! Le nez de Sarkozy, le cigare de Churchill, les lunettes d’Elton John, la coiffe de Jimi Hendrix, Trump est orange… Comparée à eux, Marine Le Pen est assez banale. Donc oui, je dois le trouver. Là, je bosse sur une série avec Poutine : j’en refais une avec Trump et Poutine dans une chambre d’hôtel avec des filles.

Diane Lestage