Action Bronson est-il devenu trop chochotte ?

L’animateur histrionique de F*ck, That’s Delicious était à Paris pour le lancement de la chaîne Viceland. On en a profité pour le cuisiner sur ses goûts pour la gastronomie la plus chochotte. Interview spliff au bec.

Avant d’être connu comme rappeur et présentateur de F*ck, That’s Delicious, tu as bossé dix ans dans des restos new-yorkais. Ton goût pour la cuisine vient de là ?
Mon goût pour la bonne cuisine vient plutôt de ma mère et de ma grand-mère. Mais j’ai commencé ma vie professionnelle dans le resto de mon père, un petit truc dans le Queens avec deux Mexicains qui préparaient des bons petits plats. Là-bas, j’ai surtout appris comment me tenir en cuisine, un lieu où les esprits s’échauffent rapidement.

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Tu t’es d’ailleurs fait virer d’un autre resto à cause d’une bagarre.
C’étaient les cuisines des New York Mets. J’étais bien vu, en passe d’être promu, mais il y avait un autre cuistot qui me cherchait des embrouilles. Une histoire d’ego, comme y en a souvent en cuisine. Pas de bol, le jour où j’ai craqué et mis une raclée à ce mec, toute la direction avait prévu de nous rendre visite. Ils étaient tous descendus avec Omar Minaya, le general manager des Mets, et mon chef a dû me virer sur-le-champ, il n’avait pas d’autre choix.

Tu es ancien cuistot, tu te passionnes pour le vin bio et les plats de chefs étoilés… Tu ne serais pas un gourmet frustré ?
(Dubitatif.) Comment ça ?

Tu aurais des goûts plus fins que ne le laisse supposer ton image publique ? 
Je trouve ça insultant comme remarque.

Eeeeeuuuuuuuh.

QUI pense ça de moi ?

C’est l’image qu’on a de toi : celle d’un mec qui prépare de la bouffe calorique de manière un peu punk, alors que tu t’y connais vraiment en haute cuisine.
Mec, tu me traites de punk, et t’essaies de mettre ça sur le dos d’un truc abstrait : « l’image publique ».

Je disais « punk » de manière positive.

Bon OK, je vais t’accorder le bénéfice du doute. Mais quand je fais un truc, c’est pas pour attirer l’attention, c’est parce que je suis comme ça. Si tu me trouves « entertaining », tant mieux.

Je ne cherchais pas à t’insulter. Je vais reformuler ma question : en examinant ton CV, on peut être surpris d’apprendre que…
(Il coupe.) Que j’ai des aptitudes dans le « fine-dining ».

Voilà. Comment le formuler sans t’offenser ?
Trop tard ! (Rires.) Oui, ça peut surprendre, je le conçois, qu’avant d’être un musicien pro, j’ai été chef. J’aime tout : de la bouffe la plus trash aux mets les plus subtils. Pourquoi choisir entre les deux ? Mangez ce que vous aimez, mangez ce qui est bon, point ! Moi, mon truc, c’est de traîner dans les cuisines et d’y chiller avec le chef. C’est mon modus operandi. Avoir Massimo Bottura (chef triplement étoilé de L’Osteria Francescana à Modène en Italie, ndlr) qui te fait goûter ses spaghettis après les avoir préparés devant toi, ça ne s’achète pas. Dernièrement, j’étais chez Narisawa à Tokyo, à Attica en Australie… Je les ai tous faits ! J’ai bouffé la « Pellegrino List » (le classement annuel des meilleurs restaurants au monde sponsorisé par San Pellegrino, ndlr) de 1 à 50 ! C’est mon job. Mais j’apprécie aussi un sandwich au porc chez Mister Lee à Copenhague. J’aime les deux.

C’est où je voulais en venir !
Eh ben t’es arrivé. Écoute, tu peux juger une bouteille de vin par son étiquette, pas un mec ! Mais oui, en vieillissant, je ne m’interdis rien. Là, je me mets aux vins naturels : le Susucaru de Frank Cornelissen en Sicile, waouh ! (Il rote.) Mais bon, quand on se vante de ce genre de trucs, on passe pour un couillon. Comment faire ?

ENTRETIEN LAURENCE RÉMILA